Hier soir, avant de rejoindre Morphée, j’ai lu cet article : « Guide à l’usage des auteurs qui écrivent des livres sexistes (mais qui font pas exprès) » par Audrey Alwett. Le propos est simple et très pratique : par exemple, effectivement, on peut déjà commencer par mettre moitié de femmes dans nos figurant·es.
Et la conclusion reste pleine de bon sens : « Je sais aussi que ce n’est pas facile de déconstruire ce que la société nous a martelé depuis notre enfance, mais s’il vous plait, essayez à défaut de réussir. »
Je réalise au matin que je veux revenir sur ce point.
Oui, la société nous a construits sexistes, tou·tes autant que nous sommes, car nous sommes des animaux éduqués. Mais nous sommes aussi extraordinairement plastiques et nous pouvons nous reprogrammer.
Spontanément, peut-être allons-nous avoir tendance à garder des hommes forts et braves, des femmes douces et… (‘fin, là, pour le coup, je ne me sens pas du tout incluse dans ce « nous » générique, je l’avoue), mais on peut… s’imposer des quotas, tout simplement.
Ça vous semble ridicule ?
Dans la réalité, le gros argument « anti-quota » est qu’on doit choisir une personne en fonction de ses compétences et non de son genre. Ça se défend (mouais…), même si, personnellement, je pense que, à un niveau macro, imposer des quotas fait bouger les lignes.
Mais, en fiction, l’argument ne tient plus : les compétences de nos personnages ne sont déterminées que par nous-mêmes. Si le personnage doit être… un brillant scientifique ? il n’appartient qu’à nous qu’il soit brillante.
Votre dernière histoire racontait l’idylle entre un homme et une femme ?
Faites que la prochaine soit entre deux hommes ou deux femmes.
Ça ne serait pas la même histoire ?
En réalité, si, complètement si. Peu importe le genre de celleux qui se roulent une pelle, se déchirent, se disputent ou se déclarent « je t’aime » avec des yeux qui brillent. Les péripéties sont les mêmes.
Sauf univers particuliers du passé ou de fantasy.
Et les personnes racisées ?
Je reprends le propos de l’article cité plus haut : moins vous décrivez une femme de manière stéréotypée, plus vous échappez au sexisme.
J’ajouterai que, si elle est « agréable à regarder » plutôt que pourvue « de jambes interminables », vous laissez au lecteur le choix de ce qui est agréable et peut-être que, pour lui, la dame est joliment ronde.
Mais cela s’applique également aux couleurs de peau : à moins d’être « blond comme les blés » et la peau « plus pâle qu’un vampire », il est rare de préciser l’ethnie.
Imposez-vous des quotas. Si cela ne vous semble pas évident au démarrage, voyez-le comme une obligation de vous renouveler.
Pour ma part, je l’avoue, j’ai tendance à privilégier la présence de femmes dans mes textes, discrimination positive que j’assume puisque la fiction est majoritairement masculinisée.
Et je ferai une seule exception au comptage des persos : quand on raconte une histoire très proche de ce que l’on a vécu. Là, par plaisir et nostalgie, on peut garder les vrais protagonistes… si l’on ne fait pas ça en permanence 😛
(Ce billet a été écrit sans smilies, histoire de… et qu’est-ce qu’on a le réflexe d’en mettre !)
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