En ce moment, dans le monde du jeu de rôle, on voit fleurir des projets illustrés via des appli-IA.
Je n’ai rien contre l’IA (au sens donné dans ce contexte), a priori, c’est un outil et un outil n’est ni bon ni mauvais par essence. Le souci actuel de ces applis, c’est qu’elles volent le travail d’artistes1. Donc qu’on l’utilise pour un usage perso, genre illustrer sa partie de JdR entre potes, pourquoi pas ? Ou par curiosité…
Mais qu’on l’utilise sciemment pour commercialiser un produit, clairement, on franchit une ligne éthique.
— Oui, mais, moi, j’ai écrit un super JdR et je n’ai pas les moyens de payer un·e illustrateurice et, sans ça, mon projet n’est pas valide…
En fait… il n’y a rien qui va dans cette démarche.
On écrit un jeu de rôle, sachant que c’est un jeu qui va se transmettre à l’oral, via des mots.
En dehors des mots (et des tables de résolutions si besoin), il n’y a rien d’indispensable.
— Oui, mais, sans illustrations qui claquent, personne ne va venir vers mon stand en convention !
Quand on mène un projet, il faut savoir où l’on va.
Si l’objectif est d’écrire un jeu et, une fois qu’il est écrit, de le mettre à disposition du public, il n’y a absolument pas besoin de le faire illustrer. Parce qu’on ne vend pas des illustrations, on vend un matériel écrit (un monde, des idées de scénarios…).
Soit on estime que c’est suffisant, soit on pense qu’on a besoin d’illustrations pour s’immerger, pour compléter le propos… et on se met en quête : d’illustrateurices qui aiment notre jeu et veulent participer à l’aventure, d’un·e éditeurice qui y croit et investit…
Parce que, en vrai, quand on choisit de passer par une appli-IA pour doter son jeu de dessins tout en couleur qui pètent, on ne recherche pas une équipe, des artistes… pour bosser avec nous. On ne recherche pas un·e autre artiste qui va renforcer ou compléter notre propos.
On pense que le jeu ne vaut pas grand chose, on n’y croit pas vraiment et on cherche des visuels pour vendre des visuels aux joueur·ses. Parce que lae joueur·se lambda, iel va être impressionnée, iel va penser que c’est un « beau » produit.
Sauf que ce qu’iel achète, ça n’a rien à voir avec notre jeu.
Récemment, j’ai vu passer une aide de jeu ou monde (je n’ai pas fait attention) où, a priori, il y avait quelques textes et une blinde de visuels générés par IA. Et les joueur·ses étaient contentes parce que ça claquait et la personne productrice se présentait comme autrice-illustratrice de… deux/trois lignes ?
Et vous savez quoi ?
Je ne vais pas lancer de tomates sur ces auteurices qui veulent se croire aussi grosses que le boeuf (parce que, bon, déjà, au prix des tomates, je ne les lance sur personne !). Ce qu’ils font est vide ou ils le perçoivent comme vide.
S’ils n’ont pas assez confiance en leurs textes pour les présenter tels que, s’ils n’y croient pas, pourquoi y croirais-je à leur place ?
Ce qui me gêne, c’est l’attitude du consommateur.
Parce qu’on doit acheter de la nourriture et d’autres trucs indispensables et qu’on ne peut pas toujours consommer éthique, faute de moyens ou d’informations.
Mais, quand on choisit d’alimenter l’égo et le porte-monnaie de fake créateurices, on agit consciemment et pas pour un monde meilleur.
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