Côté imaginaire, l’actualité de cette semaine, c’est d’abord la fermeture d’ActuSF, mais, également, d’une certaine façon, le lancement d’un financement participatif pour « sauver » JdR Mag. Si j’écris « d’une certaine façon », c’est qu’il est impossible de mettre ces deux news sur un pied d’égalité : la première est importante, je vais parler de la seconde car cela m’inspire quelques réflexions, mais, en vrai, ça n’est pas significatif.
Lundi, ActuSF a annoncé sa liquidation judiciaire sur les réseaux sociaux, notamment sur Facebook. ActuSF, c’était (sensation étrange que d’écrire au passé) à la fois une maison d’édition et un site d’actualités. Jérôme Vincent, son directeur, a communiqué qu’il espérait un repreneur pour la maison d’édition, mais que le site allait continuer quelques mois en essayant de devenir pérenne.
J’ai toujours eu de la sympathie pour l’aventure d’ActuSF car je me sentais proche de ce qu’ils avaient fait : un fanzine puis un site web puis de la micro-édition puis… En gros, des gens de mon âge ayant le même genre d’appétence. Avec des valeurs communes d’inclusivité, de promotion de la nouvelle, de jeunes auteurices, la présence en conventions, etc. (Et en réussi puisqu’iels ont pu maintenir ces activités de façon professionnelle sur plusieurs années.)
Mais, aussi, ActuSF était le principal site d’actualités du genre/milieu et sa disparition (peut-être encore évitable) ne serait donc pas anodine.
J’avais mentionné le fait qu’ils avaient couvert l’éviction de Stéphanie Nicot des Imaginales l’été 2022 quand tant d’autres se taisaient bruyamment.
Je n’ai écouté qu’aujourd’hui l’interview que Jérôme Vincent a donné à C’est plus que de la SF.
Jérôme évoque pas mal de points intéressants (forcément), mais je voudrais appuyer sur l’un d’entre eux.
Il parle de la chaine du livre, du problème économique que posent les retours. Il mentionne la stagnation du marché : le nombre de livres vendus n’a pas augmenté, mais le nombre de titres si. Là où, dans les années 1980, on pouvait imaginer vendre, disons, 50.000 exemplaires d’un titre, on est aujourd’hui heureux si on atteint les 1.000.
Je sais que j’en ai parlé plusieurs fois, je ne sais plus si c’est ici (je ne retrouve pas) ou sur les réseaux.
Je le disais il y a plus de 20 ans, je le répète juste avec plus d’assurance aujourd’hui : la chaine du livre ne marche pas, ne marchait pas et ne peut qu’échouer.
On ne peut pas continuer à s’agiter dans ce modèle. Ca a peut-être encore du sens pour de grosses boites établies, mais ça n’en a pas pour un nouvel ou un petit acteur.
Dans ce même billet de l’été 2022 où je vous parlais des Imaginales, j’évoquais JdR Mag. Ils avaient publié un billet d’humeur catastrophique (mais pas que, ce n’était pas un « cas isolé ») et la suite a montré une gestion catastrophique de la com par le rédacteur en chef qui (sans surprise) a attiré la sympathie des mascus rôlistes.
Jeudi, dans un groupe FB très peu favorable aux courants réac et mascus, JdR Mag a partagé son appel au financement participatif pour… sauver leur magazine, n’hésitant pas à parler de « participer à l’histoire du JdR français ».
Bon, alors… heu…
Plusieurs commentaires sont donc venus leur rappeler que, après l’incident de l’été 2022, il valait mieux, en fait, que leur aventure s’arrête et que l' »histoire rôliste » ne s’en embarrasse plus.
J’ai pu constater que la com (ligne de défense ?) catastrophique du rédacteur en chef n’avait pas changé d’un pouce en plus d’un an, hélas, mais, après avoir écouté Jérôme Vincent, sur un sujet bien plus intéressant, j’ai envie de m’étendre un peu plus.
L’année dernière, donc, face au constat que l’un des rares magazines de JdR était tout bonnement réac, plusieurs personnes se sont dits qu’il était nécessaire d’avoir d’autres médias.
A ce jour, à ma connaissance, aucun projet n’a émergé hormis le très sympathique, mais très spécifique, Rolis Mag.
A ce moment-là, personnellement, ma pensée a été : oui, il faut des médias sur les sujets que l’on veut promouvoir, mais le format papier ne peut pas être la réponse.
Et donc, en écoutant Jérôme Vincent nous parler de la place du livre, de sa « toute petite place », je veux revenir sur ce point : s’il y a si peu de place pour le livre, qui est malgré tout pérenne (tu peux le relire, le prêter, le revendre…), comment peut-on croire qu’il y a une place pour du magazine-papier ?
Même si j’excluais mon antipathie pour JdR Mag qui est à l’opposé des valeurs que je défends, à quel moment pourrais-je saluer et cautionner l’idée de produire du papier pour de l’actualité, papier qui va circuler sur les routes ?
Voilà, comme je le disais en intro à ce billet, deux news sur deux fermetures (l’une actée, l’autre menaçante) à la fois non comparables, mais qui donnent des éclairages particuliers sur notre rapport au papier, aux livres, aux médias…
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Merci de parler de Rolis Mag ! :)
Et tu es trop modeste, tu aurais pu dire que tu y as participé avec la FFJdR, et que ton aide a été vraiment précieuse ;)