Une discussion lors d’un repas, sur un forum, au détour d’un réseau social… et voilà que j’ai envie de mettre par écrit, soigneusement posée, ma réponse. Sans doute parce que je suis bavarde, mais la définition reste vague.
Le statut d’écrivain pose problème.
Tout simplement parce que leurs droits sont mis à mal et, quand il faut se défendre, il devient souvent nécessaire de poser des définitions.
A priori et avant tout, l’écrivain est un artiste qui crée.
Sauf que…
Sous le prétexte que l’écrivain se fait plaisir, certaines personnes peu scrupuleuses trouvent normal de ne pas les rémunérer… ou, sous prétexte qu’il a créé de l’art, des gens bien intentionnés estiment que les droits d’auteur devraient tomber dans le domaine public… alors que personne n’exige que les riches milliardaires remettent leurs villas dans le domaine public, comme si le bien de l’artiste n’était pas un bien qui mérite d’être défendu.
L’écrivain crée et, même s’il se fait plaisir à cette occasion, son travail n’est pas moins méritoire que celui de l’avocat plaidant une affaire, d’une caissière au supermarché…
L’écrivain est un artisan et, petit à petit, il se constitue un patrimoine qui lui rapportera des droits d’exploitation au fil des années.
Le souci, donc, c’est que, croyant bien faire, certains auteurs éprouvent le besoin d’en exclure d’autres au prétexte qu’écrivain est un métier.
Et, en réalité, la vraie question est bien plutôt : qu’est-ce qu’un métier ?
Assez sobrement, on pourrait dire que c’est ce qui paie les factures, mais « rentier » ou « gagnant du loto » rentrent difficilement dans la case…
Une femme au foyer qui élève trois enfants est-elle plus compétente qu’une mère au boulot prenant qui rentre tard le soir ? Un mauvais boulanger peut-il me faire un meilleur pain que ma mère si elle est motivée ? Est-ce que l’électricité dans mon appartement a été refaite par quelqu’un de compétent ou quelqu’un du métier ? Est-ce qu’un rentier qui écrit huit heures par jour est un meilleur écrivain qu’un prof de maths ?
Le monde des humains n’aime pas les valeurs absolues : tout est possible.
Par hasard, je suis rentrée dans une grosse administration et c’est là ce qui me nourrit.
Comme pour tout le monde, il y a eu des années difficiles, des doutes, mais… avec le recul, l’un des aspects que j’apprécie est la diversité des métiers, la possibilité de les exercer tour à tour.
Qu’est-ce qui paie mes factures ? Ben, ça dépend des années, de mes choix au moment de voeux de mutation… Suis-je juriste quand je travaille avec du droit ? Oui et non, non et oui. Suis-je comptable quand je manipule des chiffres ?
Alors, non, je ne pense pas que chacun de nous peut tout faire. Parce que je pense que nous sommes tous merveilleusement différents et, pour ma part, je ne connaîtrai aucun métier du bâtiment car je suis terriblement maladroite dans toutes les activités manuelles.
Je pense juste que, si l’on se forme, si l’on est prêt à apprendre dans les domaines pour lesquels nous avons des dispositions, tous les métiers nous sont accessibles.
A mes yeux, donc, toute personne qui écrit n’est donc pas un écrivain, non… mais toute personne qui écrit avec le sérieux qu’elle met dans n’importe quel autre métier est un écrivain, sans doute possible.
Et elle est donc bien la seule à savoir si, oui ou non, elle s’investit dans la tâche 😉
Et donc la seule à pouvoir décider si c’est légitime de l’indiquer dans la case qui va bien sur son profil de réseau social…
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