Le monde du jeu de rôle français est un tout petit milieu donc, quand deux personnes s’engueulent, ça devient vite l’histoire du moment.
En juillet 2022, j’avais parlé d’un buzz (très relatif) autour de JdR Mag1.
A ce moment-là, je ne m’étais pas étendue sur la défense du magazine car ça ne me semblait pas un élément pertinent. ‘fin, je veux dire « la nature de la défense ».
Je n’avais retenu que l’idée principale : l’absence de ligne éditoriale (ce qui est un comble pour une revue).
Cette semaine, un Youtubeur a pris le parti de chroniquer un jeu de rôle en financement participatif réalisé avec des IA génératives2.
Des critiques sont arrivées : décider de parler d’un tel jeu, même sans en dire du bien, est un choix éditorial / politique qui lui donne de la visibilité.
Le Youtubeur a fermé3 sa chaine avec une vidéo où il dit que…
En vrai, je ne peux pas résumer son contenu, bourré de red flags AMHA, parce que je ne pourrais être qu’acide / cinglante.
Il y a deux lignes dans sa défense.
La 1ère est de dire qu’on sait forcément qu’il est opposé à l’IA générative donc il est du « bon » côté, c’est injuste que les anti-IA lui en veuillent.
Bon, déjà, il est persuadé que son propos anti-IA est transparent / clair : ce n’est pas une lecture qui fait l’unanimité.
La 2e ligne :
On ne devrait pas émettre de critiques parce qu’il est du côté progressiste / de gauche.
Parce qu’il a un bon fond, parce qu’il est gentil…
Et c’est ce qui est sorti dans la majorité des commentaires que j’ai pu lire ensuite : qu’il était sympa, que sa chaine allait manquer aux gens, que…
Ça m’a fait tilt : c’était exactement la défense du rédacteur en chef de JdR Mag.
Parce qu’il était sympa, on ne devait pas voir de mauvaises intentions derrière la publication d’humeurs problématiques.
Hein ? What ???
On peut se poser sur ça ?
En en discutant autour de moi, il semblerait qu’il y ait un rapport genré à la critique.
Quand une femme donne son avis, elle se prend en général des retours qui, au delà de la critique légitime, s’en prennent à… tout : son timbre de voix, si elle a dit un gros mot, si elle est mal habillée, si…
Mais un homme ne devrait pas recevoir de critiques de « son camp ». On voit fleurir le terme de « famille » (lieu des oppressions patriarcales, du silence, des violences, de la reproduction des normes…) ou « bande de potes ».
En juillet 2022, je ne me suis pas arrêtée sur ce point.
Je notais juste un manque de sérieux d’un titre qui se voulait un vrai magazine.
Et, depuis, j’ai vécu du harcèlement dans le milieu associatif car j’émettais des critiques.
Je disais qu’un travail ne convenait pas, mais la compétence, le rendu… semblaient de mauvais arguments : j’étais méchante car je ne respectais pas les règles « entre potes ».
Des jeunes femmes m’ont dit : « Les hommes sont de gros bébés, habitués à être choyés. »
Quand on anime une revue ou une chaine Youtube, on n’est pas « entre potes » même si on se filme dans son salon.
Quand on choisit de s’exprimer publiquement, que ce soit pour éditer ou chroniquer ce qui est édité, on devient un prescripteur, un professionnel du milieu.
— Mais je ne suis pas payé !
— A partir d’une certaine audience, tu ne peux pas te déresponsabiliser.
On est en 2025, le monde est complètement parti en sucette.
Et si on décidait qu’il était temps de sortir de tous ces comportements délétères ?
Une bande de potes, c’est quand on est dans son salon et qu’il n’y a aucun public. Et encore, ça ne justifie pas tout.
Si les hommes se sentaient responsables du monde qui les entoure, de leurs paroles,
si on nommait enfin le travail associatif, en revues, sur une chaine… pour ce qu’il est : un travail qui demande de la réflexion, du recul, qui demande de réaliser que, quand on vit en société, nos publications sont politiques, elles portent une parole qui construit le futur,
si on se mettait en ordre pour accepter la critique qui est facilement distinguable de l’insulte / attaque ?
Plutôt que de voir des adultes se réfugier derrière des « il m’a mal parlé, je boude » ?
Bien sûr qu’on a le droit de bouder, de se vexer… mais on ne fait pas une vidéo publique ou un communiqué de presse quand c’est le cas.
Parce que, si on a des doutes sur ce qui est en œuvre, il suffit de voir que les réacs, les mascus et tous les autres techbros se régalent : les méchants wokes anti-IA auraient fait fermer la chaine d’un gentil gars.
Sinon, je conclus en vous partageant un billet d’Aldo Pappacoda, auteur de JdR et… ami4.
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