Lovely Runner (2024)

16 épisodes (60+ minutes)

Queen of Tears n’était pas fini que, déjà, sur les réseaux, on parlait de Lovely Runner en les comparant. Les deux histoires n’ont aucun lien entre elles, mais ces deux dramas sont les gros succès de ce premier semestre 2024 et il y a eu quelques blagues autour du fait que, si le premier a été diffusé par Netflix, la plateforme n’a pas eu le second, pour le plus grand plaisir de la plateforme « concurrente »1 Viki.

Si j’avais donc suivi la première au fur et à mesure de sa diffusion, pour la seconde, j’ai volontairement attendu qu’elle soit disponible en entier, sous-titrée en entier… et que la 10e et dernière2 édition de Nice Fictions soit passée. Et je l’ai binge-watchée cette semaine, probablement aussi je l’avoue pour m’échapper un peu de la réalité de ce début d’année : des séries de qualité sont clairement une bouffée d’air dans le climat actuel.

Elle (Kim Hye-yoon3) est hospitalisée : suite à un accident, elle a perdu l’usage de ses jambes et, désespérée, elle veut mourir quand Lui (Byeon Woo-seok), un chanteur célèbre, l’appelle au téléphone dans le cadre d’une émission de radio. Elle s’énerve, disant que la vie ne vaut pas la peine, mais il lui demande de continuer à vivre. Elle est touchée et va reprendre sa vie, en fauteuil roulant, tout en lui étant reconnaissante, fan de l’ombre qui le suit dans sa carrière.

Puis arrive une journée assez merdique : Elle se présente à un entretien d’embauche, mais elle est refoulée car l’entreprise n’a pas d’accès pour les fauteuils, elle rate le concert de Lui et son groupe qu’elle attendait avec impatience, son téléphone tombe et la vitre se casse et, quand elle retourne vers l’arrêt de bus, son fauteuil électrique tombe en rade sous la neige.

Là, Lui la voit, arrête sa voiture et propose de la raccompagner chez elle quand Elle2, la meilleure amie d’Elle, arrive enfin pour la prendre. Fin de la très brève rencontre.
Plus tard, dans la nuit, aux infos, on apprend que Lui s’est suicidé.

Comme Elle considère qu’il lui a sauvé la vie ce jour-là à l’hôpital, elle est désespérée de son geste et… ses larmes (?) enclanchent la montre que Lui avait adolescent et qu’Elle avait racheté en tant que fan : la montre permet de voyager dans le temps.

Il est impossible de parler tranquillement d’une histoire de voyage dans le temps sans la spoiler donc je vais rester assez évasif.
Elle va tout de suite découvrir qu’il était son voisin quand ils étaient au lycée et elle va faire des allers-retours entre la fin de leur lycée / leurs années d’études et le temps présent. Bien sûr, plus elle essaie d’arranger les choses, plus tout se complique et on ajoute par dessus un tueur en série (parce que bon).

La narration utilise clairement des clichés : la fan, l’idole… mais c’est très plaisant car cela permet de se concentrer sur les boucles temporelles dans un univers familier. La comédie reste assez présente (beaucoup plus que dans Queen of Tears, par exemple) avec des choses simples et familières comme les deux familles de nos héros ou le ridicule tendre d’Elle2.

Pour moi, c’est clairement réussi : j’ai guetté les boucles, je suis resté concentré sur les détails, tout en m’attendrissant des deux héros qui sont charmants. Il manque une ou deux explications, je trouve, mais ça ne gâche pas l’ensemble.
Mais, si vous détestez les jeunes qui restent prudes4, les rôles simples comme la Fan, l’Idole ou le Policier, passez votre chemin. Si, comme moi, vous adorez les voyages dans le temps et les protagonistes gentils et maladroits, vous allez vous régaler.

Mention spéciale aux dynamiques : Elle est le héros solitaire qui pense qu’il doit tout porter sur ses épaules et qui « foire » car il ne sait pas demander de l’aide ; Lui incarne la douceur et l’Amour pur.

Edit au 16/7/24 : Netflix vient d’annoncer qu’ils diffuseraient la série au 1/8/24.

  1. Je mets « concurrente » entre guillemets, car les deux plateformes se complètent plutôt. On notera d’ailleurs que, si vous voulez des sous-titres à lire vite, Netflix sera plus indiqué alors que, si vous en voulez des plus précis / littéraux, ce sera Viki qui vous conviendra. (Je dis ça parce que Mère Dragon passe de l’une à l’autre à cause de ça…) ↩︎
  2. Il faudra probablement que je revienne dessus et que je vous parle du futur de l’association, mais ce n’est pas l’endroit… ↩︎
  3. qui joue dans Extraordinary You qui m’avait également beaucoup plu pour son aspect « mondes parallèles » ↩︎
  4. Oui oui, j’ai lu ça dans une critique et je ne m’en remets pas : en quoi est-ce affreux que des héros soient « prudes » ??? Depuis quand c’est devenu un problème ? ↩︎

Mr. Queen (2020)

20 épisodes de 66/81 minutes
2 mini-épisodes bonus (30 minutes et 3 chapitres chaque) sous le titre
Mr. Queen: The Bamboo Forest

Suite à un accident, Lui1 (Kim Jung-hyun), homme de notre époque, se réveille dans le corps d’Elle1 (Shin Hye-sun), reine il y a 200 ans. Chef cuisinier à la Maison-Bleue, dragueur invétéré et hétéro, il essaie d’abord de trouver un moyen de « s’échapper » (ce qui, bien sûr, lui est impossible : comment contrôler pareille chose ?) avant d’accepter sa condition (i.e. survivre dans un palais bourré d’ennemi·es, aux côtés d’un roi qui ne l’aime pas).

Lorsque j’ai énoncé le pitch devant Cadette, elle a remarqué : « On dirait le début d’un anime ! » et je trouve que cela correspond assez bien. Cela débute de façon assez drôle/décalé : Lui1, obsédé par les femmes et par son propre pénis, fuit le roi et rêve de charmantes concubines ; pour conquérir le coeur d’Elle2, la méchante douairière régente, il utilise ses talents de cuisinier ; Lui2, le roi, fait semblant de lire du porno en journée au lieu de travailler pour dissimuler ses plans… et les musiques viennent ponctuer les actions.

Et puis, forcément, petit à petit, l’histoire devient plus sérieuse : les méchants complotent et Lui1-Elle1 doit échapper à la mort, les relations prennent de la profondeur…

Gros coup de coeur pour ce drama qui mélange allègrement de sombres complots, de l’humour décalé, mais pas méchant, des réflexions sur l’identité (qui est réellement Lui1, le personnage principal, qui est influencé par les désirs et les souvenirs d’Elle1 ?), sur les relations (bien sûr, Lui2 va s’éprendre de Lui1-Elle1), un voyage dans le temps…

/pause
Je me demande s’il s’agit réellement d’un voyage dans le temps.
Il me semble que la notion de voyage implique d’un individu, à l’aide d’une machine ou d’un sort (ou d’un procédé quelconque), se déplace dans le temps.
Là, on est plus sur une cause fantastique/surnaturelle qui déplace une âme…

Bref, avant de continuer ce billet, je ne peux que vous inviter à le regarder et,
maintenant
***************** SPOILERS *****************

L’un des gros atouts/charmes de cette histoire est l’originalité du personnage principal : Lui1 sait quel accident il a eu, mais ignore tout d’Elle1 et de ce qui lui est arrivé. Au début, on est tenté de croire qu’ils auraient inversé leur corps (ce qui n’est pas le cas).
Lui1 démarre donc avec un corps qui ne lui convient pas (pas de pénis, avoir des règles…) et doit enquêter sur Elle1, sur qui elle est et qu’est-ce qui lui est arrivé ?
Il comprend qu’elle s’est suicidée et a quitté son corps. Tout n’est pas expliqué, c’est à nous, spectateurs, qu’il revient de rassembler le puzzle : ma théorie est qu’Elle1 revient dans son corps grâce à la présence de Lui1 qui la rassure et la protège (lève ses doutes et ses angoisses ?).
Comme j’avais lu quelques commentaires sur la série avant de la regarder, j’ai essayé de guetter quand/comment Elle1 était présente, mais je n’en suis pas sûre du tout. A un moment, la voix off de Lui1 disparait pour laisser la place à Elle1, mais c’est toujours Lui1, sa façon de penser, ses valeurs…

Et donc Lui1, malgré son appétence pour les femmes et sa fière hétérosexualité, laisse la place aux désirs d’Elle1 et accepte de bonne grâce que… ça lui plait.
Là, on touche le « chaque spectateur va voir ce qu’il veut voir ».
J’ai lu, ici et là, des « mais Lui2, puisqu’il s’éprend de Lui1-Elle1, est gay ? » et, franchement… on s’en fout, non ? A un moment, Lui1-Elle1 se qualifie de mi-homme mi-femme et, effectivement, je lae perçois comme un personnage non-binaire. Et Lui2 est amoureux, simplement, d’une personne.

On notera également la relation entre Elle1 et Lui3, son cousin épris d’elle.
Si Lui2 aime la combinaison de Lui1-Elle1, Lui3 n’aime qu’Elle1 et déteste Lui1 qui lui rend bien.

L’idée, il me semble, est que Lui1 et Elle1 ont suffisamment fusionné pour s’influencer et se changer mutuellement et seront forcément différent·es après ce « voyage initiatique ».

Au final, un drama drôle et prenant, sans temps mort, et qui offre tout un tas de discussions sur l’identité et le genre avec vos meilleur·es potes 😉

Ce billet a également été publié sur la #TribuneVdR.

Familiar Wife (2018)

Dans les qualités que je trouve (en général) aux dramas coréens, il y a l’utilisation/exploitation du fantastique et le traitement de soucis ordinaires.
Familiar Wife réunit ces deux qualités.

Lui est un connard ordinaire. Il était amoureux d’Elle1, l’a épousée, mais, maintenant qu’ils ont deux enfants en bas âge et chacun un boulot, il lui laisse sans ciller toute la charge mentale.
Pendant qu’elle s’épuise alors que l’état de santé de sa mère se dégrade, Lui regrette qu’elle ne lui fasse pas à manger ou qu’elle prenne mal qu’il passe du temps sur la console de jeux.
Fatiguée, elle crie.
Et quand il croise Elle2, un béguin rencontrée à la fac, fraiche car aucun mari ne l’épuise, il souhaite échanger de femme.

Ici, la magie (matérialisée par un péage sur une route peu fréquentée) permet de revivre un moment-clé du passé. Le voilà le jour de leur rencontre, il l’ignore et conclut avec Elle2.
Changement d’épouse.

Comme de bien entendu, le destin va se charger de lui : non seulement Elle2 ne lui correspondait pas spécialement, mais Elle1 recroise sa route et, sans lui, hé bien… elle est toujours la fille merveilleuse qu’il a aimée.

Difficile, dans ce genre d’histoires, de parler plus longuement de l’intrigue sans spoiler.
Je dirais juste que j’ai trouvé la narration bien équilibrée parce qu’elle passe par plusieurs phases : au début, Lui est détestable, puis il apprend… Globalement, c’est assez poignant parce que le sujet abordé est l’échec, les effets de la négligence, la question des choix… mais il reste quelques moments drôles et l’on n’est pas entrainé vers le fond.

J’ai lu quelque part que la série abordait le thème de « l’usure dans la couple ». Non.
Ce n’est pas deux personnes qui s’éloignent car le temps a passé et leurs sentiments se sont usés.
Ca parle clairement de la charge mentale. Ca dit très crûment : ta femme ne peut pas sourire et te faire à manger si elle en bave au quotidien.
Le dernier épisode est un poil mou et moralisateur (il appuie un peu trop sur le message bien reçu), mais sans défaut majeur.

Donc on a du voyage dans le temps/réécriture du présent et un message basique, mais essentiel : prends soin des autres si tu veux qu’ils prennent soin de toi.
J’ai aimé l’histoire et les choix narratifs. Je ne peux pas classer ça en romance.
Dans la romance, il y a il me semble une sorte de magie amoureuse où l’on s’éprend soi-même des personnages, où l’on aimerait bien être l’un des deux : là, on est forcément compatissant, Lui a merdé, il en prend conscience avec humilité, mais… il ne fera pas battre votre coeur 😉

Bref, un bon sujet bien traité.

Ce billet est également paru dans la Tribune des Vagabonds du Rêve.