Aime-moi, aime ma voix (2023) ou la découverte de la fluffy romance

33 épisodes de 45+ minutes

Avant toute chose, je dois vous avertir que ce billet va contenir des spoilers quoique, en réalité, je ne vois pas réellement comment spoiler de la fluffy romance… mais, au cas où, je préfère vous avertir.

L’été passé, je vous ai longuement parlé de la série Lost You Forever puisqu’elle a été le sujet de trois de mes billets. A cette occasion, j’ai découvert l’acteur et chanteur Tan Jianci et, de vagabondages webesques en vagabondages webesques, je suis tombée sur Aime-moi, aime ma voix, sans autre info donc que l’acteur incarnant le rôle principal a, comme le suggère le titre, une voix magnifique.

Du coup, je vous incruste une petite vidéo, histoire d’appuyer mes dires :

Lui1 (Tan Jianci) est… parfait : chirurgien cardiaque, il est également doubleur (jeux vidéo, publicités…) et chanteur. Il cuisine extrêmement bien et on le verra également genre tirer à l’arc, dessiner… Quoique célèbre en tant que voix, il cache son identité.

Elle1 (Zhou Ye) est étudiante, compositrice, chanteuse… Juste un peu moins « parfaite » puisqu’elle ne cuisine pas, par exemple. En gros, il lui manque les talents que Lui1 pourra combler : si elle ne cuisine pas, elle mange avec appétit.

Ils admirent l’autre et son travail artistique avant de se rencontrer et de tomber amoureux.

Il n’y a pas d’intrigue à proprement parler et aucune menace ou rebondissement : Elle1 et Lui1 vont s’aimer. Ils sont un peu timides, mais respectueux et gentils. Elle2, la meilleure amie d’Elle1, va tomber amoureuse de Lui2, le colocataire de Lui1, et ainsi de suite. Quelques couples se forment, sans aucun triangle amoureux ni toxicité d’aucune sorte. Les amitiés sont sincères et profondes. Et tous ces personnages, sympathiques, honnêtes et purs1, travaillent ensemble en bonne harmonie, partent en vacances ensemble…

Le tout est ponctué d’agréables chansons et musiques, de belles descriptions de recettes avec des images appétissantes2, de beaux voyages…

Et quand je vous dis qu’il n’y a aucune menace d’aucune sorte, ce n’est pas juste parce qu’il n’y a pas de triangles amoureux. Il n’y a pas non plus d’accidents, de personnes mal intentionnées, de traitres, de parents qui s’opposent au mariage… Même les fans de Lui1 sont heureux pour lui dès qu’il déclare ses sentiments.

Je vous avoue, ma première réaction a été la surprise : quelle était cette étrange fiction qui ne racontait rien et où, pourtant, de bonne grâce, j’ai regardé les 33 épisodes avec plaisir ?3

Ca n’était clairement pas du feel good. Il me semble en effet que ce genre introduit l’idée d’obstacles qui sont levés et c’est une des joies qu’on y attend : les méchants sont vaincus, les bons sentiments triomphent… mais il ne peut y avoir de triomphe sans lutte.

Cadette m’a alors évoqué les Cute girls doing cute things, un genre qui semblait correspondre puisque basé sur des tranches de vie, puis, finalement, j’ai lancé la conversation sur Facebook et il en est sorti la fluffy romance que je valide après recherche car c’est bien cela.

J’ai toujours aimé les tranches de vie et je trouve sympathique cette idée de tranches de vie de gens simplement heureux, surtout à notre époque perturbée.

Certains lecteurs m’avaient fait le reproche que mes textes n’avaient pas toujours de chute, reproche qui m’a toujours semblé absurde puisqu’une tranche de vie, par essence, n’a pas de chute : on suit le personnage principal sur un moment qui n’est pas forcément marquant, pas une aventure héroïque.

Mais, ici, l’idée est poussée plus loin : certains pensent qu’une « bonne » histoire est forcément torturée ou dramatique, voire que les artistes elleux-mêmes vivent dans la souffrance et couchent par écrit leurs propres drames. J’ai toujours détesté cette idée : s’il y a probablement plus de personnes hypersensibles dans les métiers artistiques (et je m’inclus dans le lot), c’est lorsque je vais bien, suis en bonne santé et de bonne humeur, que je peux travailler / écrire / créer efficacement.

Je pense même que nous avons besoin d’un équilibre : les œuvres dramatiques sont intéressantes, mais ne peuvent être notre seule nourriture.

Bref, si le genre vous tente ou que vous aimez déjà, regardez-le.
Si vous pensez qu’il n’y a pas d’histoires sans souffrance, passez votre chemin.

  1. Ca n’est pas un détail : Lui1 et Lui2 sont un peu plus âgés qu’Elle1 et Elle2, mais on te fait comprendre que ce ne sont pas des séducteurs, qu’ils ont eu très peu d’histoires (voire aucune) et que, du coup, ils sont inexpérimentés et ne profitent pas de jeunes femmes vulnérables. ↩︎
  2. Si vous êtes végétarien, non… ↩︎
  3. Comme jouer aux Sims avec des cheat codes… ↩︎

Le génie n’existe pas

A chaque moment, il y a une personne, parce qu’elle est là au bon moment, qu’elle a du talent et de la chance, qu’elle travaille dur, qui va être remarquée. Ce qu’elle fait est vraiment bien, mais elle n’est pas unique.
Ou il y a une autre personne, parce qu’elle est riche, puissante ou qu’elle a les bons contacts, qui va percer.
La réalité est qu’il y a beaucoup d’artistes, des écrivain·es, des plasticien·nes, des acteurices, des… et beaucoup sont très chouettes.
Et vous n’avez pas le temps, matériel, même en étant très oisif·ve de tout lire, écouter, voir…
Ce qui signifie, statistiquement, que tout artiste, aussi bon·ne soit-iel, est remplaçable.
Alors, quand vous décidez de lire / voir / écouter… une personne raciste, sexiste, transphobe, validiste… bref, haineuse sous une forme ou une autre, vous faites un choix politique.
Parce que l’œuvre dont vous affirmez que vous ne pouvez pas vous passer, elle existe ailleurs, sous une forme un peu différente, mais tout aussi agréable. Et, bonus, il est probable qu’une personne haineuse ne soit pas tout à fait safe dans toute son œuvre alors qu’une personne ouverte et bienveillante ne vous laissera aucun malaise au détour d’une phrase.
L’art est merveilleux, indispensable, nécessaire… mais pas unique.
Si vous pouvez tenter de consommer éthique dans les domaines de l’alimentation, du transport… vous pouvez le faire aussi quand vous vous cultivez, détendez, réjouissez…

Portrait de sac

Le Rose & le Noir fait partie des blogs que je suis depuis plusieurs années et, il y a plusieurs années donc, elle avait partagé quelques portraits de sacs, initiative qu’elle a reprise ce matin. Je m’étais donc prêté au jeu à l’époque, mais, comme j’ai fait disparaitre tout un tas de mes précédents billets au fil de la suppression/recréation de mes blogs, impossible de retrouver l’archive, forcément.

Néanmoins, l’exercice m’amuse toujours autant car, s’il raconte les quotidiens, il raconte aussi (surtout ?) comment chacun·e optimise ou se sécurise. De quoi as-tu absolument besoin à n’importe quel moment ? De quoi risques-tu de manquer (hormis, of course, la carte bleue et les clés) ?

Bref, à mon tour :
le sac à main est de la marque Anekke que j’aime beaucoup car j’ai le sentiment d’être face à des saynètes qui me racontent quelque chose ;
le portefeuille (cartes et monnaie) est un Fossil en cuir que j’ai depuis plusieurs années maintenant. Quand je l’ai acheté, la vendeuse m’a fait une histoire car il était « pour homme » et donc « pas pour moi » (true story) ;
la coque avec un ours en peluche Nasa, c’est mon iPhone 7+ (2017) qui me sert pour tout (photo, baladeur, carnet de notes…) ;
la trousse Renard est ma trousse « périodique » : tampons et serviettes (donc je ne l’ai pas toujours sur moi) ;
la trousse Camouflage, ce sont les médocs (Doliprane, Spasfon…), pansements, gouttes pour les yeux…
la pochette Greece pour les papiers qui ne logent pas dans le portefeuille (carte d’identité, carte de mutuelle…) ;
un sachet de courses réutilisable ;
mes écouteurs d’iPhone ;
des mouchoirs en papier
et un anti-moustiques : je l’ai avec moi plusieurs mois par an sauf vraiment les mois « froids » (quels mois « froids » ici ???).

En me relisant, je réalise qu’on ne voit pas le porte-clé Père Noël Lego accroché au sac ! (Ledit sac a un anneau pour les babioles et j’ai perdu le beau pompon rouge qu’il avait à l’origine…)

Pour la photo, j’ai mis le petit parapluie Anekke, mais, en réalité, je ne le prends quasi jamais : je fais partie de la team regarde la météo avant de sortir donc, s’ils annoncent de la pluie, je prends un parapluie transparent non-pliable (la pluie est rare, mais sévère) et, l’été, j’ai une ombrelle en permanence qui peut faire parapluie au besoin.

A tout ça, il manque une gourde… J’ai une Panda de chez Pylones et j’avoue que j’en ai achetées plusieurs (pour offrir) : en conventions, par exemple, j’aime bien l’idée de la gourde reconnaissable que les potes te ramènent si tu l’oublies quelque part.

Je suis plutôt contente de mon idée (par forcément originale) de la trousse périodique : quand tu es au travail, en soirées chez des ami·es… plutôt que de traverser les pièces/couloirs avec ton tampon serré dans ta main (qui ne sera pas de la bonne taille une fois que tu es sur les toilettes) ou de transporter tout ton sac à main, la trousse est idéale.
Par contre, comme elle est discrète, je peux avoir tendance à l’oublier dans les toilettes d’un resto (et c’est comme ça que j’ai perdu la précédente)…

De la pulsion monogame et de l’étrangeté des fans

Attention, ce billet contient des spoilers sur Lost You Forever.

Dans une romance, A et B s’aiment. C aime A, mais ce n’est pas réciproque. Evidemment, pour la tension narrative, B va le croire (que A aime C), mais ce sera un malentendu.
En bonus, si la romance est voulue particulièrement feel good, C doit trouver l’amour à son tour avant THE END.

J’ai longuement parlé de Lost You Forever dans un premier billet et je suis revenue dessus dans un second.
Tout en ayant vraiment beaucoup aimé et la saison 1 du drama (la saison 2 n’est pas encore dispo) et le roman, je reste sur deux gros reproches.

Mon 1er reproche est la fin inutilement triste et qui qualifie LYF en drame et non en romance.
Même si l’héroïne, XY, finit avec l’un des deux hommes qu’elle aime (TSJ), le second (XL) meurt sans qu’elle sache jamais ce qu’il aura fait pour elle et… il en aura vraiment fait des tonnes : il la ressuscite lorsqu’elle est assassinée la première fois, il lui apprend le tir à l’arc et lui procure un arc supra-génial, il (lister ici plein de choses que j’ai oubliées tellement il y en a)… mais, en plus de tout cela, il sauve la vie de son fiancé !
L’amour nous sécurise parce qu’on éprouve ce que les gens qui nous aiment font pour nous et je trouve ça cruel / inutilement dramatique que XY ignore combien elle a été aimée.
De plus, même si l’amour de XY pour CX n’est pas de « nature romantique », il reste très fort et, franchement, quand, sur 3 hommes que l’héroïne aime, 2 finissent mal, il est difficile de parler d’une happy end.

Si mon 1er reproche est donc personnel, j’en ai un second plus… général.

L’un des intérêts de LYF est l’intrigue polyamoureuse et la mise en scène de plusieurs types d’amour.
Sentimentalement, il y a donc le triangle XY + TSJ / XL, mais il y a également l’amour (ou haine) entre adelphes, l’amour d’un père pour sa fille non-biologique (le Grand Empereur élève XY comme sa fille, d’abord par culpabilité envers son ex-femme, mais il l’aime réellement comme son enfant), etc.
A ce titre, la relation entre XY et son cousin germain CX est très réussie puisque leur amour est à la fois réciproque et non-réciproque : CX aime sa cousine d’un amour romantique (accompagné d’un désir sexuel) alors que XY l’aime comme un frère, mais cet amour fraternel n’est pas moins puissant que ce qu’elle peut ressentir pour TSJ ou XL : quand elle découvre que CX a assassiné TSJ, son fiancé, elle est incapable de se venger.
De plus, on ne saura jamais si XY aurait pu aimer CX autrement : elle ne le voit comme un frère que parce que lui-même ne se déclare que beaucoup trop tard.

— Et, du coup, c’est quoi ton deuxième reproche ?

Je l’ai cité dans mon billet où j’évoque la notion de bad boy.

Tong Hua, l’autrice de LYF, réussit vraiment l’aspect polyamoureux de XY : elle aime TSJ et XL romantiquement pour des raisons très différentes. Quand elle est avec chacun d’eux, elle ne pense pas à l’autre et, quand son grand-père et son père l’interrogent sur ses amours / le mariage, elle cite les deux.
Et les trois hommes qui l’aiment représentent vraiment 3 façons d’aimer :
– XL est le plus dramatique / sacrificiel : il fait tout pour la personne qu’il aime et, comme je l’écrivais plus haut, sauve même son fiancé de la mort pour s’assurer qu’elle soit heureuse ;
– TSJ (le fiancé) est l’amour généreux et patient qui la sécurise et lui apprend à ouvrir son cœur ;
– tandis que CX est l’amour toxique puisqu’il ira jusqu’à tenter d’assassiner1 son rival.

Sauf que… consciemment ou inconsciemment, l’autrice cède à une pulsion monogame :
– XY et XL n’auront que des baisers manqués : quand il veut, elle ne veut pas et, quand elle veut enfin, il ne veut plus…
– comme l’héroïne aime deux hommes, l’un des deux doit mourir.

C’est une idée que l’on retrouve hélas trop souvent quand un personnage en aime sincèrement deux autres. L’un des deux amours est tué.
C’est d’autant plus dommage que Tong Hua a réussi sa description de l’amour : le seul homme possessif est CX et il est éliminé des prétendants. TSJ et XL aiment suffisamment XY pour ne vouloir que son bonheur et, dans cette société décrite comme polygame, XL aurait pu rester un gars qui passe de temps en temps ou, au moins, qui ne meure pas / avoue ses sentiments.

Au final, c’est donc assez frustrant d’apprécier tout du long un polyamour bien traité pour qu’il finisse en queue de poisson.

Mais, donc, comme j’ai apprécié cette histoire, je me suis amusée un peu à trainer sur la Toile, à lire des commentaires de fans et…

On a le droit d’aimer ce qu’on veut.
On peut aimer les romances monogames et, du coup, ne pas aimer LYF et c’est tout à fait légitime.

Mais le gros intérêt narratif de cette histoire repose sur son polyamour (deux des males leads) et sur son amour contrarié (le 3e).
C’est parce que CX aime XY que la principale femme de CX (l’impératrice) veut la tuer.
C’est parce que CX aime XY qu’il veut assassiner son fiancé.
C’est parce que XL aime XY qu’il la sauve quand elle est assassinée une première fois, qu’il empêche qu’elle puisse se suicider, qu’il sauve TSJ.
Sans ces relations amoureuses, il n’y a juste pas d’histoire.
D’ailleurs, CX ne veut accéder au pouvoir que parce qu’il aime à sa façon tordue / toxique XY.

Que des fans se passionnent pour savoir quel male lead doit l’emporter, disons… OK.
Même si j’ai déjà un peu de mal : je préfère forcément XL car c’est le pur héros romantique, mais j’ai pleuré pour les 3. Même CX, qui est un connard, quand il a le cœur brisé, j’ai le cœur brisé. (Bon, y’a quand même pas mal de fans qui partagent mon avis qu’elle devrait finir avec les 3 ! mdr)
Mais il y a des fans qui expliquent qu’ils savent bien que XY n’aime que (mettons) TSJ et n’aime pas vraiment XL et que les fans de XL sont bien bêtes et…
WHAT ???
Quelle histoire ont-ils vue / aimée ?

Si tu ôtes l’amour de XY pour TSJ ou XL, tu n’as juste plus d’histoire.

Alors je sais bien, hein, que de la même façon que l’autrice a cédé à une pulsion monogame au moment de conclure, les fans peuvent avoir le même biais.
Mais leur attrait pour cette histoire m’évoque un peu un amateur de tiramisu qui n’aimerait ni le mascarpone ni le café ni les biscuits et qui serait allergique aux œufs.

En clair, si vous n’aimez que les relations monogames, ne perdez pas votre temps avec LYF.
On peut avoir des tonnes de lecture différentes d’une même œuvre, mais l’héroïne aime vraiment et sincèrement deux hommes.

  1. Je ne sais pas si je dois écrire que CX a tenté d’assassiner TSJ ou l’a assassiné : XL sauve TSJ, mais il disparait quelques années pendant lesquelles XY et CX vont croire qu’il est réellement mort (et agir comme tel). ↩︎

Je te spoile si tu m’embêtes !

— Oh, désolé, je suis en train de te spoiler…
— Non, mais continue, ça m’est égal.

Quand j’étais enfant, je lisais beaucoup de polars (Agatha Christie en tête) et je jetais un oeil, toujours, à la dernière page peu après avoir commencé ma lecture (tiens, j’en parlais déjà dans ce billet).
Ca ne m’apprenait rien du tout, en réalité, car une dernière page sans contexte est rarement éclairante, mais cela ne me décourageait pas de recommencer avec le suivant.

Netflix vient de commencer la diffusion de Doctor Cha.
Elle, après des études de médecine, a laissé tomber sa carrière prometteuse pour celle de mère au foyer. Après un grave incident de santé et alors que ses enfants sont déjà grands, elle décide de reprendre son parcours de doctoresse. Le triangle amoureux autour d’Elle va convoquer Lui1, son mari infidèle, et Lui2, le beau médecin élevé aux USA.

Le début est sympathique et me donne envie de continuer.
Pour cette romance, il y a deux issues possibles : soit elle reste avec Lui1 car il va la redécouvrir et revenir vers elle, soit elle divorce et choisit Lui2.

Le « truc », c’est que les deux issues peuvent sembler des Happy End suivant notre système de valeurs. Pour celles et ceux aux yeux desquelles le mariage est sacré, c’est une bonne chose que Lui1 retourne vers Elle.

Etrangement ou « à cause de », en tant qu’aromantique, j’adore l’Amour et c’est ce que je recherche dans la romance. Peut-être comme d’autres sont avides de Magie et lisent de la Fantasy, je cherche ce qui m’est étranger.
Donc, à mes yeux, la « bonne fin », ça ne peut être que celle où Elle finit dans les bras de Lui2.
Sauver un couple ? Le couple/mariage n’a rien de sauvable à mes yeux, mais ce n’est pas le genre de billet où je vais me lancer dans une tirade sur l’hétéropatriarcat.
Disons juste que voir l’héroïne choisir le mari adultère me fait horreur. Et ce sentiment remonte à ma plus tendre enfance, avant même que j’ai la moindre notion de féminisme et la moindre idée de ce que pouvait être le patriarcat.

— Mais où veux-tu en venir à la fin (c’est le cas de le dire) ?

La diffusion en France de cette série se termine dans quelques semaines, mais, en Corée, même si elle est diffusée plus tôt, le dernier épisode ne sortira que le 4 juin. Je n’ai donc aucun moyen de me spoiler la fin.
Et je n’ai pas du tout envie de regarder plusieurs épisodes avant de réaliser que l’Happy End n’en sera pas du tout une pour moi.

— Mais, enfin, si la série est sympa, tu peux la regarder quand même !

Je n’ai pas envie ! Je déteste passer du temps sur une histoire dont la fin me déplaira.
Me spoiler est en fait la façon dont j’aime consommer la fiction.
Même si je comprends tout à fait que l’on puisse raconter des histoires qui nous parlent du réel, si je veux du réel, je regarde des documentaires, je lis des articles.
Je rencontre rarement des gens qui me ressemblent sur ce point : j’ai tracé une ligne de démarcation quasi infranchissable entre fictions et récits du réel.
Bon, OK, je peux faire des exceptions à cette règle, mais je n’aime pas les surprises.

Mardi soir, dans le cadre de #NiceFictions23, nous avions programmé Bienvenue à Gattaca au cinéma Variétés (Nice). Je ne l’avais jamais vu auparavant et je pense qu’il est assez peu récent pour qu’il y ait prescription sur les spoilers. Bref, à la fin, l’un des deux personnages principaux (Jerome — Vincent s’envole dans l’espace) se suicide. Ce n’est pas super « gai », mais on le sait bien en amont. Il avait déjà fait une première tentative (son accident) et, du coup, cette fin est attendue / prévue… acceptable ?

— Mais, dans la vie de tous les jours, tu aimes les surprises quand même ?

Je ne crois pas.
Si je fouille rapidement ma mémoire, je n’y trouve pas trace de « bonnes surprises » (comme quoi ? Une fête surprise ou un truc du genre ?) et être surpris me semble a priori plutôt négatif…

Bref, je suis très contrarié : je ne sais pas avec qui la Dr Cha va finir…

C’est compliqué…

Notre rapport aux réseaux sociaux est compliqué. Sous plusieurs aspects dont certains que j’évoquais en 2015.

Ils nous permettent tout à la fois de rester en contact, d’accéder plus vite/facilement à certaines infos… mais, en même temps, ils ne sont pas anodins car ils ne sont pas « bruts ». Ils sont conçus pour rentabiliser notre temps d’écran.

A ceux qui ne verraient pas l’aspect informatif de ces outils, je leur demanderais simplement comment, en dehors de l’info « grand public » diffusée par les médias « traditionnels », ils peuvent s’informer sur les petits festivals, la tournée d’une écrivaine ou les pensées de leur illustrateur favori ?

Je me sens peut-être prisonnière à tort de leurs fonctionnalités, mais, sincèrement, sans eux, je ne vois pas comment/par quel biais un évènement comme Nice Fictions toucherait les gens.
Donc, ne serait-ce que pour lui (elle ? Nice Fictions est-il ou est-elle ?), je prends le temps de me sentir à l’aise avec chaque plateforme (mais je dois avouer ici que je n’ai toujours pas mis les pieds sur TikTok).

Malgré tous les défauts qu’on lui trouve, Facebook reste à mes yeux le plus pratique/fonctionnel : tu peux aussi bien y partager une image qu’une vidéo, un très long texte (tu n’y es pas limitée en taille contrairement aux autres)…
On peut y bloquer une personne agressive, on peut s’abonner à des pages…

Instagram, a priori incontournable car les « jeunes » y sont contrairement aux « vieux » restés sur FB, reste à mes yeux un mystère, mais j’en causais déjà cet été.

Linkedin…
Ouah… Un mélange improbable entre des gens à la recherche d’un emploi, sérieux, concentrés… et tout un tas de coachs et de managers venus expliquer la vie, combien ils sont formidables et ont tout compris.
Je l’ai longtemps fui, même si j’y avais un compte, mais, dernièrement, j’ai dû admettre que mon employeur y avait + de 100.000 abonnés contre, par exemple, moitié moins sur FB ou seulement 14.000 sur Twitter. Et que, du coup, il y avait un public…

Quant à Twitter, si je le trouvais particulièrement anxiogène si on y débarquait « sans préparation », son sort a été pas mal bouleversé ces jours-ci après son rachat par Elon Musk.
En lisant ce matin un article du Courrier international, notre équipe a pris une décision évidente : étant donné les valeurs militantes de Nice Fictions, nous ne pouvons continuer notre communication sur un réseau dont les objectifs se sont nettement assombris et qui a viré brutalement la moitié de ses effectifs, ce qui est simplement immonde.
Cependant, si vous êtes dans la team cynique/désabusée, cela signifie également qu’il n’y a plus personne pour manœuvrer. Qui resterait à bord du Titanic au moment où il touche l’iceberg ?

Anecdote amusante ou ironique (?) à ce propos, et qui montre bien le souci intrinsèque à la plateforme, c’est que, peu de temps après que nous ayons mis un message sur notre profil pour annoncer notre départ, un random guy poppe pour demander « 219 abonnés pourquoi l’annoncer ? »
Il doit y avoir une logique (non) pour lui à venir commenter sur un profil qu’il ne suit pas pour se plaindre, mais… que nous ayons 2 abonnés ou 10.000, on doit changer notre com’ ? 219 abonnés n’ont pas le droit de savoir qu’ils ne nous verront plus ici car ils ne sont que 219 ?
Et… puisque son tweet est sous la forme interrogative, s’imagine-t-il réellement qu’on va lui répondre ?
Bref…

Ce n’est pas le point qui m’intéresse dans ce billet.
A côté du médiatique rachat de Twitter, il y a eu deux autres moments qui m’ont interpellée.

Un peu de contexte en préambule :
La question des réseaux sociaux, des outils, des plateformes… est une question qui tourne en tâche de fond dans ma tête.
Par exemple, c’est notamment pour cela que mon blog a quitté Blogger, qui fonctionnait tout à fait honnêtement, et que j’ai acheté mon propre hébergement / ma propre url.
Ca ne m’est pas pratique car je n’ai pas le sens esthétique pour le rendre agréable à l’œil comme je le voudrais, je dois attendre de l’aide d’un Lui encore trop occupé par nos autres sites… mais je tenais à être « chez moi ».

Je suivais (j’écris au passé puisqu’ils sont partis) deux auteurs sur FB : Henri Loevenbruck (polars) et Matthieu Bé (jeu de rôle).

Cette semaine, HL a annoncé sa découverte de Mastodon, réseau social open-source, et il a invité un maximum de gens à le suivre, annonçant son départ des autres RS pour appuyer son déménagement.

Cette même semaine, MB a posté : « J’éprouve aujourd’hui un besoin brûlant et urgent de reprendre le contrôle sur les contenus que je partage sur le web.
Et cela va de paire avec une déconnexion des RS que j’utilise, comme FB et Twitter, pour revenir à des moyens plus simples. »

Je comprends leurs deux démarches.
Je me suis créé un compte sur Mastodon, of course.
(Edit au 6/11/22 : Et #NiceFictions y a désormais son compte : @nicefictions@toot.portes-imaginaire.org)
Quand à ce que dit Matthieu, je le ressens aussi.
Comment le décrire ?

Quand je publie un statut un peu long sur FB, j’ai tout de suite des interactions. Je suis lue, je suis commentée.
J’avais notamment fait le test avec ma nouvelle : Tout a bien commencé parce que j’ai cru qu’elle était lesbienne.
Mentalement, si tu penses « je vais lire une nouvelle », tu dois te mettre en condition, tu t’accordes une pause, tu dois t’installer… donc tu vas peut-être repousser ce moment, être happée par d’autres obligations.
Ce texte se prête bien à une diffusion sur un fil de RS : tu scrolles, tu commences à lire car cela ressemble à un statut « comme les autres » et, avant que tu ne réalises, hop, tu l’as lue en entier !
En tant qu’écrivaines, auteurs… on aime être lues, tout simplement.

Mais, lorsqu’un contenu est disponible sur le blog, dans sa rubrique, il est posé « pour longtemps ».
On peut facilement revenir dessus, partager son url, le modifier, y ajouter une illustration… alors que les réseaux, par leur usage même, noient les contenus anciens.
Du coup, il m’arrive, quand je nettoie mon fil d’actualité, de copier/coller ici un contenu avant de l’effacer là-bas.

Dans cette démarche de me réapproprier mon environnement, je me suis donc défait de mon Linktree car je peux très bien partager quels liens clés en page d’accueil de ce site.
L’outil WordPress se prête bien à ce que ce qui n’était qu’un blog devienne un site avec une sous-partie blog.

Puis tout n’est qu’un immense test après tout…

Et si, ce soir, vous changiez un ou deux persos ?

L’art n’est pas sacré. Il est vivant. Biologique.
Il y a quatre ans, j’écrivais un billet sur ce blog : Avez-vous peur des quotas ?
Je le relis aujourd’hui et mon opinion n’a pas changé. Le plus simple, au moins pour se lancer, ce sont les quotas.
Depuis ce billet/l’été 2016, je n’ai quasi plus écrit et, au moment même où je rédige ce mot, je n’en mène pas large, en attente d’une injection de fer… Ces quatre années écoulées ont été difficiles, pour plein de raisons, et je n’ai donc plus écrit. J’ai aussi peu lu, peu joué…
Je pourrais me lamenter en mode « ma Muse a fui, je ne suis plus une écrivaine », mais je n’ai pas de penchant pour l’auto-flagellation. La vérité, c’est que l’inspiration, c’est comme le désir sexuel : il y a des périodes fastes et des périodes creuses. Quand vous ne bandez plus pour un amoureux parce que vous êtes accablée de souci, vous ne vous dites pas « je ne l’aime plus ». Vous attendez que ça passe/de meilleurs moments.
Alors, même si je n’ai quasi plus écrit, j’ai continué à penser/cogiter… à ce que je voulais raconter, comment…
Si mettre plus de femmes ou plus de personnes LGBT+ dans mes textes me semble un exercice facile (pour moi, mais, si si, je t’assure, tu peux le faire aussi !), je continuais à m’interroger sur la diversité ethnique. Et je suis encore partagée.
Je décris peu physiquement mes personnages et cela me convient : c’est à la fois « ce qui me vient », mais c’est ce qui permet également à chaque lecteurice de s’identifier sans se poser de questions. En même temps, si le personnage est soi, il n’est pas un Autre…
Bref, à ce stade de ma réflexion (i.e. expérience personnelle ni statistique ni représentative), j’ai décidé de faire varier les prénoms, de regarder à travers le monde ceux qui me plaisent et d’y piocher allègrement.
– Ouais, mais, tu vois, quand j’écris mon texte, l’héroïne s’appelle Claire et je la visualise parce que, quand j’étais petit, j’étais très épris d’une Claire et, si je change son prénom, ce ne sera pas elle et je ne pourrais pas mener à bien mon Oeuvre.
– Alors, mon chéri, tu sais, c’est tout simple : tu écris ton texte, en rêvant à la Claire de ton enfance, et, quand tu as fini, que tu as utilisé toute ta nostalgie dans tes dialogues, ben… Claire et toi, vous devenez Giulio et Medhi. Ils se sont rencontrés sur les bancs de l’école, perdus de vue et…
– Ah, ben, non, c’est carrément pas la même histoire !!!
– En quoi ?
J’ai écrit la Princesse et le Roturier pour les 30 ans d’un gars dont j’étais amoureuse. Il était né en novembre et la nouvelle se déroulait un jour où la nuit tombe rapidement. Pour le projet de recueil Nice Parallèles où je souhaitais placer dans mon texte un chapeau qui s’envole, je me suis relue et j’ai systématiquement changé l’hiver en été. Ça peut être des soirées qui s’étirent, une héroïne en short plutôt qu’emmitouflée dans une douce écharpe… L’art n’est pas sacré. C’est le résultat du travail d’un humain qui, suivant les moments de sa vie, peut changer d’idées, d’envies, de discours.
Prétendre que l’art est sacré ou immuable, comme si une production humaine pouvait être plus précieuse que des vies, des sentiments… c’est alimenter l’idée qu’on a le droit d’être de vieux cons ou que les traditions sont forcément bonnes.
Nous changeons, nous devons changer, nous adapter. Déjà pour survivre. Mais également pour être heureux quand nos certitudes s’effondrent et que nos petits prés carrés doivent être partagés.
Alors, dans une période où la muse boit des mojitos sur une plage à l’autre bout du monde pendant qu’on est confiné à se lamenter sur sa faible production, on peut par exemple se dire : tiens, je vais reprendre ce texte et changer un ou deux persos, la saison, le lieu…
Ça vous semble dingue ?
Quand un·e illusteurice décline un même personnage en changeant ses habits, son chapeau… vous pensez qu’iel est dingue ou que c’est un processus naturel ? Ça ne vous choque pas d’acheter la version avec le chapeau de sorcier tandis que votre copine prend la version avec une casquette 😉
Bref… et si, ce soir, vous changiez juste quelques personnages, sans toucher à l’intrigue ni rien ?

L’écriture inclusive est difficile pour les dys…

– Alors, en fait, mon chéri, c’est pas l’écriture inclusive qui est difficile quand tu es dyslexique. C’est l’écriture. Tout court.
– Oui, mais on doit faire en sorte que les dys puissent écrire facilement !
– Tu peux demander à Siri d’envoyer tes textos.
– Oui, mais non, les dyslexiques doivent écrire !
– Le gars en fauteuil roulant qui ne peut pas marcher, il doit marcher ou alors on doit développer de bons fauteuils roulants, des rampes d’accès, etc. ?
– C’est pas pareil ! (Non non, bien sûr, si tu ne peux pas marcher, tu ne peux pas, mais si tu ne peux pas écrire, tu dois quand même…) En cas de panne, ton Siri, il ne marche pas !
– C’est sûr que, en cas de panne d’électricité généralisée, de pandémie ou d’invasion zombie, c’est ultra-important de ne pas faire de fautes d’orthographe.

Ce n’est qu’à 40+ que j’ai découvert mes propres handicaps, mais c’est beaucoup plus tôt, en tant que mère, que j’ai expérimenté le handicap.
Ce que j’en ai retenu, c’est que les humain.es prenaient soin les un.es des autres, créaient des outils pour se faciliter mutuellement la vie, toussa toussa…
Et en cas d’attaque zombie ?

Je vis en prenant du Levothyrox, de l’acide folique, du fer…
En cas d’attaque zombie, sans médocs, je m’éteindrais doucement. Ça ne veut pas dire que je doive arrêter les médocs now, quand ils sont dispos, ça veut dire que je sais que, si les temps devenaient durs, je serais dans les premiers départs.
Mais je n’ai aucune raison d’avancer ce départ.

Il n’y a pas de combats ou de causes qui doivent être abandonnées car moins importantes ou moins fondamentales.
Nous avons les ressources humaines pour lutter contre tous les maux, toutes les discriminations, aider tou.tes les malades, tou.tes les handicapé.es…
A nous tou.tes, nous pouvons tout faire.

– Ouais, mais quand même, ce serait mieux de pouvoir écrire…
– Alors, en fait… SPOILER : on meurt tou·tes à la fin, quelque soit la façon dont on vive. On peut forcer quelqu’un.e qui ne peut pas faire quelque chose à le faire quand même… ou on peut juste produire des outils de plus en plus géniaux pour que chacun·e d’entre nous puissent passer son temps à faire ce qu’iel aime, lire ou manger des glaces, se faire bronzer ou jouer au foot… et si on veut se forcer à faire un truc qu’on ne peut pas car on aime le défi, alors, oui, il faut le faire… pour soi, pas pour les autres.

En fait, on peut tou·tes vivre en paix en se faisant du bien, sans se forcer, si on choisit de le faire…

Je suis féministe, mais…

Quelques petits rappels du soir :
le féminisme consiste à vouloir l’égalité entre tou·tes quelque soit le genre (homme, femme, agenré, etc.) ;
les TERFs ne sont pas féministes puisqu’elles ne souhaitent pas défendre chacun·e quelque soit son genre et pensent même qu’elles savent mieux son genre que la/le concerné·e iel-même ;
le féminisme est en guerre contre le patriarcat et ses promoteurs/complices, pas contre les hommes qui sont aussi des victimes du patriarcat ;
il existe des victimes complices parce que les humain·es sont complexes.
Merci. Bisous.

Je n’ai pas de héros

Le héros est le personnage principal d’une oeuvre.

Hier, j’ai fini de regarder Radiant Office, un drama coréen. Par habitude, j’en ai dit quelque mot et puis… ça a commencé à tourner dans ma tête, en mode « tu ne fermeras pas les yeux de la nuit » (ce qui est techniquement faux, Morphée est clairement mon meilleur pote) : tous les personnages principaux sont-ils des héros ?
Il me semble qu’on pourrait voir le héros sous deux angles :
1/ un personnage qui, parti dans de mauvaises conditions, s’en sort super bien
2/ un personnage déjà badass au départ, fort, intègre, toussa…
1 ou 2, nous allons vibrer pour lui. Nous identifier ?

Radiant Office
C’est une série sympa (mais absolument pas comique malgré ce qu’indique Netflix), avec des choses mignonnes, quelques failles… mais ce qui m’intéresse dans ce billet :
Elle, Lui2 et Lui4 sont trois jeunes qui peinent à trouver du travail malgré les diplômes. Un soir où la coupe est pleine (et où Lui2 vient de se faire larguer), ils tentent de se suicider et se rencontrent à l’hôpital d’où ils s’enfuient ensemble car ils n’ont pas les moyens de payer la note.
Avant qu’ils ne s’enfuient, ils ont entendu Lui3 aka le Méchant dire que l’un d’eux est atteint d’une maladie incurable.
Elle est l’héroïne de l’histoire, sans doute possible. Elle est intègre, pleine de principes, courageuse…

Jusqu’à hier soir, avant de me coucher, j’ai toujours considéré que le héros était le gars dont l’héroïne était amoureuse.
Donc, dans ce drama, ce serait Lui1 dont Elle s’éprend.
L’une des qualités de cette série est qu’elle comporte plusieurs persos principaux : Elle et Lui1, bien sûr, mais également Lui2 et Lui3…
Lui2, qui n’est pas l’amoureux de l’héroïne, prend beaucoup de place, on suit sa propre histoire d’amour…
Est-ce le héros ?

Lui1 et Lui2 sont deux bonnes personnes, mais totalement opposées.
Lui1 est le gars intègre, mais qui manque d’empathie, qui réussit professionnellement.
Lui2 échoue dans le travail, mais est gentil, attentionné.
Les deux hommes sont présentés comme de bons partis, pour des raisons très différentes, mais sans qu’aucun ne soit plus valorisé que l’autre.
Et, si Lui3 est le Méchant, c’est un personnage principal cependant.
Qui est le héros ?

Le héros est-il le gars dont l’héroïne s’éprend ?
Si je songe à Cendrillon ou à la Belle et la Bête, le Prince charmant n’est absolument pas un héros. C’est… une récompense !

Je me suis mise à chercher dans ma tête (certes pleine de trous) si je trouvais des héros et… je n’ai trouvé que des héroïnes :
Buffy est une héroïne, dans beaucoup d’acceptations de l’idée, mais Angel, qui a pourtant sa propre série, n’est pas un héros. Il chute souvent et on ne l’aime que parce que Buffy l’aime.
Lorsque, adolescente, je regardais les Chevaliers du Zodiaque, j’adorais Shiryu parce qu’il avait le visage fin, les cheveux longs et qu’il était le dragon, mais Seiya m’agaçait au plus au point.
Enfant, l’un de mes plus chers souvenirs est que Mère Dragon nous faisait la lecture avant qu’on se couche. L’une d’entre elles fut le Seigneur des Anneaux. J’ai adoré. Mais Frodo ne suscitait en moi ni admiration ni identification.
Ulysse, le héros si cher au cœur de ma génitrice ? Le gars laisse sa femme en plan pendant des années et batifole avec des nymphes, des sirènes et des magiciennes !

J’ai été amoureuse de Sherlock Holmes, mais c’est un drogué maniaque. Arsène Lupin ? Hercule Poirot ?
Non, les seuls noms qui me viennent sont ceux des super-héros : Superman, Captain America… et, dans super-héros, il y a un mot en plus.

Dans la plupart des dramas coréens, Elle est intelligente, travailleuse et courageuse. Lui est… beau ? Il est souvent arrogant, a parfois de gros handicaps affectifs et il ne nous intéresse que parce qu’Elle est prête à lui montrer que l’Amour c’est cool.
A part quelques pièces comme, par exemple, Something in the rain ou Romance is the bonus book.
Et Dean Winchester, de Supernatural, car tout le monde est amoureux de Dean Winchester. Et Indiana Jones et Han Solo.
Les rares héros que j’invoque sont très loin des héroïnes courageuses prêtes à changer le monde. Ce sont des aventuriers, ils sont fun… mais largement moins méritants que la simple héroïne de drama qui défend la veuve et l’orphelin ou que Cendrillon qui part bien perdante dans l’échelle sociale.

Voilà, je vous livre cette réflexion aussi brute qu’elle m’est venue.
Est-ce simplement parce que l’homme riche blanc hétérosexuel cisgenre n’a pas de mérite particulier a bien vivre ?
Je me suis endormie hier soir et je n’avais pas de héros, aucun homme fictionnel que j’admire ou auquel m’identifier…
‘fin, sauf peut-être… voir ce que j’écrivais il y a deux mois 😉