Conclure 2 : le retour

Parce que Mère Dragon m’en a dit le plus grand bien, hier, j’ai commencé à regarder la série coréenne W: Two Worlds Apart.
N’en étant qu’aux premiers épisodes, je ne risque pas de vous spoiler. L’Héroïne, médecin, est la fille d’un Auteur, rendu célèbre avec une BD « W » qui raconte l’histoire d’un jeune Héros dont la famille a été brutalement assassinée et qui devient riche et célèbre pour retrouver le coupable. Mais, en réalité, Auteur n’a aucun idée du coupable et, ne s’en sortant pas de son intrigue, décide de tuer brutalement son Héros… qui va être sauvé par Héroïne, happée dans l’histoire via la tablette graphique de son père.
Si l’Héroïne a été happée par l’histoire elle-même, j’avoue que j’ai été happée très vite par l’intrigue. Parce que j’adore le côté méta : Héros a conscience que ce qui lui arrive manque de contexte (Auteur le fait poignarder, empoisonné par une infirmière qui n’a aucun mobile, lance un énorme camion sur lui) et qu’il ne peut pas retrouver les coupables car il n’y a jamais de mobile. Auteur est pris à la gorge car, au fond, il le sait, son histoire n’a aucun sens.
Et, quand Auteur et Héros se confrontent (oui, oui, assez tôt dans la série puisque je n’en suis qu’au début), Auteur avoue que la famille du Héros n’est morte que pour le côté dramatique, sans aucune vraie raison.

Mais pourquoi je vous parle de tout ça, moi, ce matin ?
Dans un précédent billet, je m’interrogeais déjà sur les fins et je pense toujours que la fin d’une histoire d’amour ne peut pas être la même, par exemple, que la fin d’un polar.
Mais, en fait, surtout, je pense qu’il devrait exister un Enfer pour les auteurs qui commencent une histoire sans en connaître la conclusion (à côté de l’Enfer de ceux qui font « répondre à tous » et de l’Enfer de ceux qui mettent des tableaux inclus dans leurs méls et non en PJ exploitable). Et ils sont nombreux.
Parce qu’ils ont un contexte et des personnages, ils pensent que ça suffit, que la fin viendra bien toute seule, qu’ils verront quand ils y seront. Et, toi, au final, lecteur/spectatrice, tu te retrouves, après des heures de lecture/visionnage, à hurler toute seule dans ton salon : « WTF ??? »
Parce que, non, ça ne donne jamais rien de bon si tu ne connais pas la fin. Je ne dis pas que tu n’as pas le droit de te laisser un peu de temps pour la trouver, mais je dis que tu ne peux pas présenter ton travail tant que ce n’est pas fait.

J’écris peu. Parfois, honnêtement, j’en souffre parce que je suis conditionnée comme les autres à mesurer mon taf à la taille. Et on sait bien que c’est la taille qui compte.
Mais, en réalité, je sais que, quelques soient les personnages qui viennent me visiter le soir avant que je ne m’endorme, quelques soient les contextes, les bouts de dialogue… qui s’imposent à moi… je ne vais pas au bout tant que je n’ai pas une fin qui me satisfasse.
Je peux avoir des goûts de m…, mes fins peuvent être nazes et tout ce qu’on veut, mais, pour moi, je veux connaître la fin.

En y repensant, quand j’étais petite, je lisais toujours les dernières pages des romans policiers, à la grande incompréhension de Mère Dragon. Et je n’ai pas fondamentalement changé. Il y a quelques jours, j’ai vu la moitié de Cheese in the Trap que j’ai abandonné là sans remords car, en jetant des coups d’œil sur la fin, j’ai réalisé que c’était l’histoire d’une relation toxique et que le héros s’en repentait bien trop tardivement.

Vous pouvez retourner à vos achats de Noël.

Posted in Ecriture, Séries.

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