Fight of the summer: #LostYouForever vs #SauvignonBlanc

L’été dernier, je vous ai parlé à plusieurs reprises de la série Lost You Forever et, du coup, je lui ai carrément attribué un tag sur ce blog.

La saison 2 (qui a été tournée en même temps que la 1, ce n’est en réalité qu’un bloc et non deux vraies saisons) est sortie cet été et j’attends patiemment que les courageux·ses traducteurices aient fini les sous-titres sous Viki.

En attendant, je n’avais aucune impatience sur la fin puisque j’avais lu le roman (ou, plus exactement, la traduction amatrice en anglais mise en ligne par Koala et qui, je pense, a fait le tour de la planète) et je me suis abonné à plusieurs pages de fans sur les réseaux sociaux, qui partagent des tas de vidéos et d’analyses plus ou moins réussies / fantaisistes.

Mais, depuis un an donc, un truc me tracassait énormément et je ne sais pas pourquoi j’ai attendu aussi longtemps pour faire ce billet.

Or doncques, dans les hashtags accompagnant la série, série dramatique avec des guerres, du sang, des amours tragiques… #SauvignonBlanc est apparu et… depuis, ne quitte plus la série.

Suite…

Lost You Forever (2023) – LE drama de l’été 2023 ou le drame à très hautes doses

Temps de lecture : 6 minutes

Attention, étant donné ce que j’ai l’intention d’écrire dans ce billet, je vais largement spoiler : vous voilà prévenu·es !

Je suis tombé sur ce drama complètement par hasard. Sur la page qui lui était dédiée, Viki annonçait 24 épisodes, la plupart était sous-titrée en français, j’ai cru naïvement qu’il s’agissait d’un ensemble fini (après tout, 24 épisodes, ça fait de quoi !).
(Edit au 21/8/23 : Il s’avère que c’est LE drama de cet été 2023. Je suis à la page malgré moi !)
J’ai donc commencé à binge-watcher tranquillou, c’était plutôt addictif… avant d’apprendre que :

Lost You Forever est l’adaptation récente du roman (2013) de l’autrice chinoise Tong Hua et la suite de A Life Time Love que je n’ai pas vu et qui raconte a priori l’histoire des parents de l’héroïne, Xiao Yao (XY).
Le drama est découpé en deux saisons pour une raison purement règlementaire : de ce que j’ai compris, afin d’éviter les délayages intempestifs, la Chine interdit de dépasser une certaine longueur par saison, mais tous les épisodes ont déjà été tournés et, dans tous les cas, l’histoire a bien une fin depuis 2013 donc.

Au moment où je rédige cette chronique, je n’ai vu que les 34 épisodes (sur les 39 de la saison 1) sous-titrés en français, mais j’ai été lire plusieurs spoilers et passages du roman (disponible en ligne en anglais).

Tout d’abord, je dois souligner le bonheur de découvrir le cadre (fantasy) de cette histoire.
On a des royaumes en guerre avec tout un tas de familles, liées les unes aux autres par des alliances ou des trahisons, et plusieurs sortes de divinités, de démons, d’animaux incarnés, de magies…
L’échelle de temps peut être un poil déroutante car les personnages principaux sont des divinités qui vivent plusieurs centaines d’années.

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A Korean Odyssey (2017)

20 épisodes de 70/80 minutes

J’ai mis à profit ces vacances pour revisionner cette série : 2e série coréenne que je voyais, j’avais eu un immense coup de cœur pour cette adaptation moderne du roman chinois de La Pérégrination vers l’ouest. Lui (incarné par le délicieux Lee Seung-gi) est le Dieu Singe (Son Ogong en coréen / Son Goku en japonais). Né dans un volcan, égoïste, fanfaron, cruel, il a été puni et enfermé par le Royaume des Esprits. Elle, une humaine élue, incarnation du moine qui doit sauver le monde, est avant tout une petite fille que tous les autres enfants fuient car elle voit les fantômes et tout son village la croit maudite. Par erreur (en lui demandant de lui rapporter un objet), Lui2 (le Taureau, roi des monstres) fait que l’humaine libère le Singe.

25 ans plus tard, Elle est devenue agente immobilière, spécialisée dans les bâtiments hantés. Et elle n’a toujours aucun ami, ni petit ami. Elle recroise le Singe qui veut la manger car son sang donne d’énormes pouvoirs et, pour éviter cela, le royaume des esprits lui procure un bracelet magique : Lui est désormais amoureux d’Elle et est obligé de la protéger.
Ca, c’est le point de départ.

L’histoire est très riche de rebondissements et de personnages : le Taureau est accompagné de son fidèle Chien qui prend l’apparence de sa secrétaire, le Cochon est un chanteur célèbre (interprété par Lee Hongki, chanteur du groupe FT Island dans la « vraie vie », groupe dont Elle est fan, forcément 😉 — et dont le Singe dira qu’ils « sont moins beaux qu’il croyait » 😛 ) qui récupère l’énergie créée par l’amour de ses admiratrices, une fille assassinée devient une Zombie attendrissante en étant réveillée par le sang d’Elle, le Général Hiver « prête » son corps à sa sœur, la Fée Eté, pour qu’elle ne meure pas (et, du coup, l’acteur joue les deux rôles)…

Ca fonctionne vraiment bien tout en explorant de nombreuses et belles relations : l’amour romantique forcé par un bracelet magique (le personnage du Singe est vraiment réussi : c’est un dieu égoïste, mais malin qui ne se laisse jamais berner), l’amour fraternel (entre l’Eté et l’Hiver, entre le Cochon et la Zombie), entre un maître et son Chien, entre les vieux camarades, etc.

En points négatifs, les effets spéciaux ne sont pas géniaux et le personnage du Taureau est un peu surjoué à mon goût.
J’ai lu ici ou là que des gens n’aimaient pas l’interprétation d’Elle car elle est très passive : perso, je trouve que ça fait sens. C’est une humaine solitaire, rejetée par les siens, qui devient la proie d’un dieu cruel. Elle n’a jamais eu de vraie relation et elle se retrouve suivie par un Singe qui lui répète « je t’aime » tout en menaçant de la manger. Disons que, en personnage principal, Elle est sans doute un peu fade par rapport à la galerie d’êtres surnaturels réussis dans leur grande majorité, mais ça ne m’a pas tant gênée.

Si vous aimez le fantastique, je ne peux donc que vous conseillez cette histoire tout à fait bien ficelée.
(Et, depuis, Mère Dragon m’a offert Son Ogong 2 qui trône sur mon bureau !)

Ce billet est également paru dans la Tribune des Vagabonds du Rêve.

Along with the Gods: The Two Worlds (2017) et Along With the Gods: The Last 49 Days (2018)

140 minutes chacun

Trois gardien·nes des enfers (le chef qui se souvient de sa vie de mortel et ses deux compagnons qui ont tout oublier) pourront se réincarner si, en mille ans, iels veillent à mener 49 parangons à se réincarner chacun·e en 49 jours, c’est-à-dire passer les différents jugements sans condamnation.
Le 1er film débute quand nos trois gardien·nes viennent chercher un pompier méritant qui ne veut pas quitter ce monde car il n’a pas fini de veiller sur sa mère malade et son jeune frère.
Les deux films forment un tout et je ne m’étendrai pas sur l’histoire car le 1er reste assez simple/tourné vers l’action alors que le 2e explore beaucoup plus les différents parcours/est plus riche en histoires, mais également un peu fouillis, et, du coup, en dire trop est un peu équivalent à spoiler tout le 1er volet… mais l’histoire se passe sur les deux mondes (celui des vivants – le nôtre – et celui des enfers) et utilise les codes du voyage d’heroic fantasy pour la traversée des enfers, de jugement en jugement.
J’ai bien aimé ce mélange entre l’action et le drame (la réflexion sur les fautes, le pardon, nos choix). Il y a une toute petite pincée d’humour, on pleure pas mal.
Une bonne surprise que j’avais vu dans le désordre la première fois et que je viens de revoir avec plaisir.

Les deux films sont disponibles sur Netflix.

Ce billet est également paru dans la Tribune des Vagabonds du Rêve.

The Tea Dragon Society

Autrice : Katie O’Neill
Le lien du webcomic

Pas de quête épique, pas de poursuites infernales. L’histoire est « juste » celle d’une jeune forgeronne qui découvre l’existence des dragons-thé et apprend à s’en occuper.
C’est doux. Tendre. Apaisé comme l’heure du thé.
Ca montre le plaisir d’apprendre, de se faire de nouveaux amis.
Le décor est assez intemporel, mais pas ultra-moderne.
Les personnages sont genderfluid de façon très réussie.
Et c’est bourré d’idées pour les créateurs d’univers, les rôlistes 😉

La VF est publiée chez Bliss.

Histoire d’ogre et de pont

10.000 signes – Temps de lecture : 9 minutes


Il était une fois. Oui, cette fois précise là. Évidemment, personne ne sait jamais laquelle, mais c’est ainsi que commencent les histoires et, partant, celle ci. Il était donc une fois un ogre qui vivait sous un pont. Ce n’était pas parfaitement régulier puisque ce sont les trolls qui vivent sous les ponts mais, d’une part, cet ogre l’ignorait et, d’autre part, il est fort probable qu’il ait eu l’un d’entre eux pour ancêtre. Pour tout dire, il était très laid. Vraiment très laid. Avec des sourcils proéminents, d’immenses dents plantées de guingois et de longs poils touffus plein les oreilles. Sans doute louchait il aussi, mais l’histoire n’en dit rien.
Donc, cet ogre vivait sous un pont. Un pont passablement bien situé, sur une large route heureusement très fréquentée, car les jeunes gens des proches villages, y ayant perdu quelques uns des leurs, avaient renoncé à y passer, mais bon… il y en avait toujours un pour jouer au plus malin. Notamment parce que la jeune Aloyse se moquait copieusement de leur poltronnerie. N’y passait elle pas quasi quotidiennement pour aller vendre des œufs, des fromages, des paniers ?
De fait, c’était non seulement le plus court chemin entre le village et sa ferme mais, aussi, le moins approprié aux soupirants trop entreprenants.
Ah, direz-vous, mais n’y avait il pas un ogre sous ce pont, et qui dévorait les imprudents de passage ? Eh bien, oui. Seulement, la nourriture, ce n’est pas tout dans la vie. Et Aloyse, si elle était fort bavarde, comme nombre de jeunes filles, était également sinon fort savante, du moins fort réfléchie. On en a du temps lorsque l’on garde des chèvres, ou que l’on tresse des paniers et toutes ces choses si ennuyeuses qui occupent les mains mais non l’esprit. Ce qui fait sans doute toute la supériorité de la gent féminine au bout de siècles passés à laver la vaisselle.
C’est dire qu’elle consacrait beaucoup de ses pensées… à penser justement, tout à fait comme les ogres qui s’ennuient. Et comme toutes ces pensées eussent été vaines si elle n’en avait usé, elle les faisait largement partager à son petit frère qui trottinait à ses côtés, l’aidant tantôt à porter quelques bricoles, ramassant tantôt un joli caillou, réclamant tantôt un nouveau conte ou répétant les horribles fables qui couraient sur ce pont. Sa grande sœur ne faisait qu’en rire. D’abord les ogres n’existent pas. Et puis ils ne mangent que les enfants méchants – et, toi, tu es un petit garçon vraiment gentil n’est-ce pas ? – ou bien les adolescents boutonneux qui bourdonnent comme des mouches. Ça a bon goût, dis, un adolescent boutonneux ? Bien sûr que non, mais les jeunes gens bien, eux, ne traînent pas sur les chemins… Ils étudient à l’école, comptent en contemplant les étoiles, et lisent en écrivant de la poésie dans les marges… quand ils ont le temps.
Bref, toutes ces conversations avaient toujours un petit tour cultivé et charmant que l’ogre prisait fort. Il se faisait donc un devoir de semer auprès du pont de ces petits cailloux brillants qui comblaient de joie le garçonnet.

Suite…