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Elle referma le livre et le posa entre le clavier et elle, ralluma l’ordinateur et chercha sur la Toile. Pourquoi disait-on qu’un roman pouvait vous tomber des mains ? Il ne tombait jamais des mains, on se contentait de le reposer, juste, tuée d’ennui. Tuée ? Terrassée serait sans doute plus correct.
Qu’avait-il donc sorti la veille ? Qu’étant donné le nombre de fois où elle était morte d’ennui, de dépit ou autre, elle ferait bien de prendre des actions chez un marchand de cercueils ? Quel idiot ! Il lui reprochait son humour lamentable, mais il n’était guère plus doué !
Bref, elle chercha. Elle chercha entre les lignes, parmi les critiques positives et négatives, ce qu’elle devait attendre du roman entamé qui lui arrachait des bâillements et, au final, elle conclut prosaïquement qu’elle ne s’était jamais forcée, à rien, et que ce n’était pas aujourd’hui qu’elle allait commencer.
Elle contempla le poche d’un œil torve, limite menaçant, l’attrapa et alla le jeter dans la poubelle de la cuisine. L’horloge du four indiquait 22:16. Pas vraiment le temps de commencer quelque chose, autant aller se coucher. Elle se brossa les dents, enduisit ses mains de crème avant de les frotter consciencieusement, persuadée de retarder un peu leur déchéance inévitable, et se glissa sous la couette après avoir éteint les lumières dans l’appartement.
Ce pauvre livre n’avait pas su lui plaire. En même temps, pourquoi son auteur avait-il cru devoir raconter des choses si ordinaires, si banales… Se mettre sur l’autre côté… Au moins, le collègue d’écriture avait-il essayé… Elle pouvait bien la ramener, elle qui n’avait plus écrit depuis… oh…
Tout était de sa faute ! A lui ! Lui qui avait osé sortir, alors qu’elle lui annonçait qu’un de ses textes venait d’être retenu pour publication et juste après avoir fait semblant de l’encourager par un traître « tu ne dois plus douter de ton talent, maintenant ! » :
— Tous ces textes, ils sont un peu vieux. Quand est-ce que tu t’y remets ?