Je n’ai pas de héros

Le héros est le personnage principal d’une oeuvre.

Hier, j’ai fini de regarder Radiant Office, un drama coréen. Par habitude, j’en ai dit quelque mot et puis… ça a commencé à tourner dans ma tête, en mode « tu ne fermeras pas les yeux de la nuit » (ce qui est techniquement faux, Morphée est clairement mon meilleur pote) : tous les personnages principaux sont-ils des héros ?
Il me semble qu’on pourrait voir le héros sous deux angles :
1/ un personnage qui, parti dans de mauvaises conditions, s’en sort super bien
2/ un personnage déjà badass au départ, fort, intègre, toussa…
1 ou 2, nous allons vibrer pour lui. Nous identifier ?

Radiant Office
C’est une série sympa (mais absolument pas comique malgré ce qu’indique Netflix), avec des choses mignonnes, quelques failles… mais ce qui m’intéresse dans ce billet :
Elle, Lui2 et Lui4 sont trois jeunes qui peinent à trouver du travail malgré les diplômes. Un soir où la coupe est pleine (et où Lui2 vient de se faire larguer), ils tentent de se suicider et se rencontrent à l’hôpital d’où ils s’enfuient ensemble car ils n’ont pas les moyens de payer la note.
Avant qu’ils ne s’enfuient, ils ont entendu Lui3 aka le Méchant dire que l’un d’eux est atteint d’une maladie incurable.
Elle est l’héroïne de l’histoire, sans doute possible. Elle est intègre, pleine de principes, courageuse…

Jusqu’à hier soir, avant de me coucher, j’ai toujours considéré que le héros était le gars dont l’héroïne était amoureuse.
Donc, dans ce drama, ce serait Lui1 dont Elle s’éprend.
L’une des qualités de cette série est qu’elle comporte plusieurs persos principaux : Elle et Lui1, bien sûr, mais également Lui2 et Lui3…
Lui2, qui n’est pas l’amoureux de l’héroïne, prend beaucoup de place, on suit sa propre histoire d’amour…
Est-ce le héros ?

Lui1 et Lui2 sont deux bonnes personnes, mais totalement opposées.
Lui1 est le gars intègre, mais qui manque d’empathie, qui réussit professionnellement.
Lui2 échoue dans le travail, mais est gentil, attentionné.
Les deux hommes sont présentés comme de bons partis, pour des raisons très différentes, mais sans qu’aucun ne soit plus valorisé que l’autre.
Et, si Lui3 est le Méchant, c’est un personnage principal cependant.
Qui est le héros ?

Le héros est-il le gars dont l’héroïne s’éprend ?
Si je songe à Cendrillon ou à la Belle et la Bête, le Prince charmant n’est absolument pas un héros. C’est… une récompense !

Je me suis mise à chercher dans ma tête (certes pleine de trous) si je trouvais des héros et… je n’ai trouvé que des héroïnes :
Buffy est une héroïne, dans beaucoup d’acceptations de l’idée, mais Angel, qui a pourtant sa propre série, n’est pas un héros. Il chute souvent et on ne l’aime que parce que Buffy l’aime.
Lorsque, adolescente, je regardais les Chevaliers du Zodiaque, j’adorais Shiryu parce qu’il avait le visage fin, les cheveux longs et qu’il était le dragon, mais Seiya m’agaçait au plus au point.
Enfant, l’un de mes plus chers souvenirs est que Mère Dragon nous faisait la lecture avant qu’on se couche. L’une d’entre elles fut le Seigneur des Anneaux. J’ai adoré. Mais Frodo ne suscitait en moi ni admiration ni identification.
Ulysse, le héros si cher au cœur de ma génitrice ? Le gars laisse sa femme en plan pendant des années et batifole avec des nymphes, des sirènes et des magiciennes !

J’ai été amoureuse de Sherlock Holmes, mais c’est un drogué maniaque. Arsène Lupin ? Hercule Poirot ?
Non, les seuls noms qui me viennent sont ceux des super-héros : Superman, Captain America… et, dans super-héros, il y a un mot en plus.

Dans la plupart des dramas coréens, Elle est intelligente, travailleuse et courageuse. Lui est… beau ? Il est souvent arrogant, a parfois de gros handicaps affectifs et il ne nous intéresse que parce qu’Elle est prête à lui montrer que l’Amour c’est cool.
A part quelques pièces comme, par exemple, Something in the rain ou Romance is the bonus book.
Et Dean Winchester, de Supernatural, car tout le monde est amoureux de Dean Winchester. Et Indiana Jones et Han Solo.
Les rares héros que j’invoque sont très loin des héroïnes courageuses prêtes à changer le monde. Ce sont des aventuriers, ils sont fun… mais largement moins méritants que la simple héroïne de drama qui défend la veuve et l’orphelin ou que Cendrillon qui part bien perdante dans l’échelle sociale.

Voilà, je vous livre cette réflexion aussi brute qu’elle m’est venue.
Est-ce simplement parce que l’homme riche blanc hétérosexuel cisgenre n’a pas de mérite particulier a bien vivre ?
Je me suis endormie hier soir et je n’avais pas de héros, aucun homme fictionnel que j’admire ou auquel m’identifier…
‘fin, sauf peut-être… voir ce que j’écrivais il y a deux mois 😉

Radiant Office

Alors… j’ai cliqué sur cette série parce que Netflix m’annonçait une… série comique.
Comique.
Le terme est assez vaste, je le concède volontiers.

Trois jeunes gens (deux gars et une fille) tentent de se suicider parce qu’ils échouent à trouver un emploi et l’un des gars vient de se faire larguer.
Aux urgences, dont ils s’échappent parce qu’ils ne peuvent même pas payer leurs soins, ils entendent que l’un d’eux est atteint d’une maladie incurable.
— Ouais, OK, mais c’est la mise-en-bouche. Ca devient comique ensuite ?
— Le médecin qui les a vus aux urgences est le fils d’un riche entrepreneur dont il ne reçoit pas l’amour. Il quitte son emploi de médecin pour conquérir la boîte du papa et, en parallèle, parce qu’il a pitié ou qu’il s’en servira pour faire un coup de com, il fait embaucher nos trois paumés.
— Ouais, OK, mais ça devient drôle ensuite ?

Radiant Office est une série mignonne. Il y a des bons sentiments, il y a de la romance, le Méchant (le fils de son papa) est affreusement beau gosse (pas tant que ça quand on regarde les photos, mais il a un de ces sourires… et un Méchant qui sait sourire… hum… ça aurait pu…) et attendrissant… mais ça parle de la difficulté de trouver un job, de la tristesse d’être pauvre et sans avenir…
C’est tourné gentiment, c’est mignon plus qu’effrayant, mais.. comique ? Ca parle de trois jeunes qui galèrent à donf et l’un d’eux est gravement malade, où c’est comique ???
(Ah, oui, y’a pas que les trois jeunes qui galèrent, hein, t’as aussi une mère célibataire qui est ultra compétente, mais jamais promue parce que femme, un dont ce sont les vieux parents qui sont malades, la coloc qui accumule les emplois précaires et n’ose pas le dire…)

Sinon, c’est très sympa (si tu as un emploi stable et pas trop de galères — si tu galères et que tu cherches une série comique pour te changer les idées… doit y avoir quelqu’un chez Netflix qui déteste son prochain), la romance est hyper timide, mais la fin est un peu bâclée, ce qui est rare dans les dramas où l’épisode final prend d’habitude son temps.
Il y a aussi un petit défaut d’équilibre dans la relation entre l’héroïne et le méchant. Ils n’ont pas voulu jouer le trio amoureux sur les héros/le méchant et ça manque au final un poil de sex-appeal.
Oh, et j’aime bien qu’il y ait plus de persos principaux, mais, du coup, le temps est un peu mal réparti.

Je me relis et, voilà, c’est bien, mais ça aurait pu être mieux.
Et ça n’est pas comique. Comique, c’est pas ça. Du tout.

La morale de l’histoire/la conclusion/la parole du sage… mérite, je pense, une mention spéciale (sans ironie).
Le message de cette série ?
Si tu es une nana, consacre-toi au travail pour réussir et ne choisis pas un gars qui a de l’ambition, mais prend un mec gentil, un homme au foyer, qui te gâte, t’adore et cuisine bien 🙂

Another Oh Hae Young (2016)

Alors… avant toute chose… je vais SPOILER, largement SPOILER… Je suis obligée étant donné mon propos, donc, si vous ne voulez pas de spoilers, ben… passez votre chemin…

Je suis autrice de fantastique.
J’adore les boucles temporelles, les fantômes, le Destin… et, en découvrant les dramas coréens, ben… j’ai l’impression d’être redevenue une petite fille qui a tout à découvrir. J’écris peu depuis quelques temps, mes idées me semblent désormais fades…

Bref, Another Oh Hae Young est encore une bonne surprise.

Tout commence parce qu’Elle1 et Elle 2 portent le même nom (Oh Hae Young) et ont été au même lycée.
Elle1 a envié Elle2 parce qu’elle était la plus jolie et faisait craquer les garçons.
Elle2 a envié Elle1 parce qu’elle a grandi dans une famille aimante.
Lui1 se fait larguer le jour de leur mariage par Elle2. Il ne sait pas pourquoi, elle se barre à l’étranger.
Parce qu’elles portent le même nom, lorsqu’Elle1 et Lui2 doivent se marier, Lui1 (et son ami-qui-pousse-à-faire-des-bêtises) sabote leur mariage, persuadé que c’est celui de son ex.
Lui1 a des visions. Il croit d’abord voir l’avenir, mais… les regrets qu’il a lorsqu’il meurt sont si puissants qu’ils sont projetés dans son présent : il ne voit pas l’avenir, mais les moments qu’il regrettera le plus à sa mort.
Il voit donc Elle1 avant de la rencontrer et, petit à petit, parce qu’il sait ce qu’il va regretter… il change sa vie. (Le gars doit juste changer TROIS putains de phrases dans sa vie pour ne pas tout faire foirer… ou, plutôt, se retenir trois fois de dire des méchancetés.)

Ce que je retiens :
– le fantastique très léger, mais qui change tout : savoir tes plus gros regrets à l’avance
– la boucle temporelle (que j’ai déjà utilisée dans ma nouvelle Un Rêve étrange et que j’aime toujours) : il n’y a jamais de première rencontre puisque Lui1 connait Elle1 avant.

Après, j’aime beaucoup la « capacité de rédemption » contenue dans les dramas coréens : à tout moment, quand tu as vraiment merdé, tu peux te rattraper, l’idée forte que tu ne finis pas forcément en Enfer, tu peux t’arrêter dans tes conneries.
L’idée aussi que les choses ont un sens (le destin).

Bon, après, clairement, si Lui1 a besoin de voir ses regrets pour ne pas merder dans sa vie, c’est quand même qu’il part avec un gros handicapé affectif, hein.

Ce billet est également paru sur la Tribune des Vagabonds du Rêve.

Où je parle notamment d’“Oh my ghostess”…

L’amitié homme-femme n’existe pas.
J’ai réentendu cette phrase hier, au détour d’une comédie romantique. Ça n’avait rien de surprenant, ça allait dans l’histoire, le héros est jaloux du meilleur ami de l’héroïne.
Ça allait dans cette histoire, mais c’est tellement bête…
L’amitié homme-femme n’existe pas ?
Alors… déjà, cela présuppose un cadre hétéronormé et ça doit se décliner ? Les bisexuels n’ont aucun ami ? Et, pour les asexuels, c’est la fête ?
En fait, cette bêtise est lourde de sens parce qu’elle pose bien en définition que l’amour est l’amitié-avec-du-sexe. Amour et amitié ne seraient donc pas des concepts qui représenteraient une intensité de relation, mais qui seraient définis par la présence ou l’absence de sexe.
Beaucoup de couples qui “fonctionnent” disent qu’ils sont “meilleurs amis”. S’ils emploient ce terme de “meilleur ami”, c’est bien qu’il signifie quelque chose de particulier à leurs yeux qu’ils ne peuvent pas rendre par “nous sommes amoureux”.
Et, sinon, on en reste là : ce serait de l’amour si on trouve une personne juste sympa et qu’on veut coucher avec elle, mais de l’amitié si on a un lien très fort avec quelqu’un, mais qu’on n’a jamais songé à le sauter ? Et on a inventé « amour platonique » pour se filer des maux de tête ?
Les mots nous servent à communiquer, à échanger. Pour qu’ils soient utiles, nous devons être d’accord sur leur définition. “Table” ou “chaise” font normalement consensus.
“Amour” et “amitié” n’ont juste aucun sens. Ils ne servent à rien. Ou, plutôt, ils ne servent qu’en fiction, quand on utilise des clichés.
– Et, du coup, on fait quoi ?
– Aucune idée…

J’ai récemment regardé le drama Oh my ghostess et je vais largement spoiler dans ce qui va suivre. Du coup, je préviens même si je ne vois pas trop la notion de spoiler dans une histoire romantique, on sait très bien que le méchant sera attrapé et les amoureux ensemble à la fin, mais bref…

Oh my ghostess
Lui est chef cuisinier, arrogant, solitaire.
Elle1, introvertie parce qu’elle voit les fantômes, travaille pour Lui et en est secrètement amoureuse.
Elle2 est morte brutalement et erre en fantôme, persuadée que le gros regret qui la retient sur Terre est qu’elle était vierge. Du coup, maintenant qu’elle est morte, elle n’a plus aucune timidité face aux hommes.
Elle1 et Elle2 ont des énergies (essences ?) très en phase, négatives. Lui possède une énergie positive dont elles ont besoin.
Comme Elle1 ne se sent pas d’aborder Lui, elle laisse Elle2 la posséder.
Je suis allée voir quelques critiques de la série et l’une d’elles m’a frappée parce que j’ai ressenti (instinctivement) la même chose : Elle2 possède Elle1 trop longtemps, les deux personnages n’alternent pas assez, si bien que ce qu’on ressent, c’est que Lui est amoureux d’Elle2 et pas d’Elle1 (ce qui est contraire au but de l’histoire — et l’argument-tristesse même d’Elle1 a un moment).
Sauf qu’il y a une autre lecture. Et que, au choix, elle est tirée par les cheveux (si on s’en tient à la définition de l’amour telle qu’on nous l’impose) ou elle marche parce que ça fait sens.
Lui est attiré par Elle1 parce qu’elle est petite et fragile (il pense à elle comme “un petit chiot’ — no comment) et par Elle2 parce qu’elle est sexuellement entreprenante. (Et les trois partagent une passion commune pour la cuisine.) C’est d’ailleurs résumé quand une journaliste lui demande sa femme idéale : “timide le jour et chaude la nuit”.
Plusieurs fois, on nous explique que les deux jeunes femmes se ressemblent beaucoup : Elle2 est devenue entreprenante après sa mort, parce qu’elle a compris qu’on ne vivait qu’une fois, toussa toussa. Elles ne sont pas différentes l’une de l’autre, elles ne sont juste pas au même moment de leur évolution (petit chiot, pokémon…) et Lui ne couchera pas avec Elle1 tant qu’elle n’aura pas évolué, en fait. Avant cela, il l’aime en lui tenant la main et en la surprotégeant.
– Du coup, où veux-tu en venir ?
– Si le marqueur de l’amour est le désir sexuel, alors, effectivement, Oh my ghostess a une énorme faille scénaristique parce que Lui est tombé amoureux d’Elle2 et rater l’aspect amoureux d’une comédie romantique, ben, c’est le plus gros fail.
Si le désir sexuel n’est que le piment de l’amour, alors Lui est amoureux d’Elle1 qui réveille ses instincts protecteurs (c’est pas mon truc, mais chacun a ses raisons d’aimer) et il ne fait que désirer Elle2. Et il désirera Elle1 quand sa libido à elle se réveillera.
Quand j’étais petite (enfante ? ado ?) et que je lisais, je détestais la description du désir sexuel qu’on faisait chez l’homme. On me disait d’un côté que l’homme devait désirer la femme qu’il aimait, mais que c’était un animal qui sautait sur tout ce qui bouge, qui désirait toutes les femmes belles, etc.
J’avais la tête farcie de clichés qui n’avaient aucune logique et auxquels j’essayais de trouver un sens. La notion d’amour me rendait malade car elle était farcie de sexe.
(Ça me mettait même mal à l’aise avec la notion de « femme belle », comme si les femmes étaient classées en fonction de l’intérêt sexuel que les hommes leur portaient — ce qui est bien ce que la société voudrait, en fait.)
(Spoiler : Toutes les femmes sont belles. Pour elles-mêmes, pour leurs copines, leurs sœurs, leurs mères… et les hommes n’ont juste rien à voir dans l’histoire.)
Jeune adulte, j’ai longtemps considéré qu’un homme devait être beau/désirable, que l’attachement se mesurait au désir sexuel…
Ces derniers temps, j’ai regardé beaucoup de séries coréennes et les deux marqueurs (fictionnels, je ne sais pas la réalité sur place) de l’amour très très fort sont “se tenir la main” et “se prendre dans les bras pour se consoler”.
– Et du coup ?
– Je suis incapable de dire si Oh my ghostess me plaît ou me déplaît. J’aime bien les histoires de fantômes, il y a le meurtre d’Elle2 à résoudre, Jo Jeong-seok (qui joue le héros) a un charme très particulier… mais je n’ai aucune idée de si l’histoire d’amour a été mal pensée et bugue ou si, au contraire, c’est une bonne réflexion sur la nature de l’amour… d’autant qu’Elle1 a une histoire d’amitié avec l’un de ses collègues (incarné par Kwak Si-yang qui est un sacré beau gosse) et dont ils n’ont pas fait un triangle amoureux, ce qui laisse penser que tout a été voulu délibérément.

Il n’y a pas de petit profit

Cadette commence à me demander « et comment on accorde… ? » pour corriger le mail qu’un de ses camarades doit renvoyer à un prof. Du coup, je me lève carrément et relis le tout.
Quand j’ai fini, je l’entends :
– Voilà, tu viens de bénéficier d’une correction professionnelle. Je t’envoie la facture.

Extraordinary You (2019)

Fin novembre, j’ai avalé d’une traite W: Two World Apart que j’ai adoré.
J’avais repéré Extraordinary You dans le même genre de thématique (les personnages sont ceux d’un univers fictif/d’une bande dessinée), mais je viens seulement de l’attaquer… et de la finir.
Elle (Kim Hye-yoon), lycéenne riche, belle, intelligente, adorée de son père, mais atteinte d’une grave maladie, découvre… qu’elle n’est qu’un personnage secondaire dans une (mauvaise) bande dessinée, bourrée de clichés, de répliques réutilisées à l’infini… et, puisqu’elle doit probablement bientôt mourir d’une maladie cardiaque, elle décide que le temps qui lui reste ne peut pas être gâché à poursuivre un amour à sens unique qu’elle n’éprouve même pas.
Lui (Rowoon) n’est même pas un personnage secondaire, c’est à peine un figurant sans nom et, parce qu’il est peu important, il échappe à l’attention de l’auteur et peut changer les évènements.
Seul le thème général est proche de W. Ici, il n’y a pas d’action (pas de meurtres, pas de courses-poursuites), on est dans la romance. Mais une drôle de romance puisque l’auteur force les personnages dans des relations qu’ils n’ont pas choisies. Pas non plus de passage entre monde fictif et monde réel : les héros affrontent un auteur qui leur veut du mal et qu’on ne voit pas, dont on sait seulement qu’il est assez médiocre, réutilisant clichés, répliques et personnages pour un tout sans intérêt. Donc pas vraiment de Grand Méchant ou alors le Grand Méchant ultime puisque c’est le dieu de ce monde…
L’ambiance est vraiment réussie : les décors sont « juste ce qu’il faut » de factice, avec un petit côté « scène de théâtre ».
Même si ma lecture en est loin (et donc très floue dans ma mémoire), j’ai beaucoup penser à Jasper Fforde/Thursday Next. Les personnages alternent vie sur scène où ils sont contraints dans leurs gestes et paroles, mais pas dans leurs pensées, et vie dans l’ombre/en coulisses où seuls les « conscients » se souviennent de ce qu’ils vivent.
Bref… à consommer de toute urgence si ce n’est pas déjà fait 🙂

Ce billet est également paru dans la Tribune des Vagabonds du Rêve.

Le confinement, c’est un peu comme les chagrins d’amour…

Tu te retrouves avec relativement plus de temps libre (même si tu as d’autres tâches, confiné·e, t’as les transports en moins, les barbecues chez les potes qui sautent… et, largué·e, tu récupères tout le temps que tu gaspillais avec un·e chéri·e) et des injonctions à le remplir « utilement » alors que, toi, tu sais qu’il n’y a qu’une chose à faire : attendre que le temps passe en bouffant de la glace au chocolat.

Sbriciolata

  • 400 g de farine
  • 150 g de sucre
  • 150 g beurre froid coupé en petits cubes
  • 2 œufs
  • 1 sachet de levure
  • 1 pincée de sel
  • confiture/pâte à tartiner

Mélanger la farine, le sucre, le beurre, les œufs, la levure et le sel pour obtenir un mélange type crumble.
Mettre la moitié de la pâte dans un moule, étaler de la confiture puis recouvrir de la deuxième moitié de la pâte.
Mettre au four 25 minutes à 180°.

Le Lecteur

14.000 signes

(panneau de gauche)

Depuis quand est-il là ? Et comment est-il entré, s’il est jamais entré ? Peut-être un jour par aventure a-t-il poussé la porte d’une superbe tour, ou d’un vaste mas ensoleillé ou d’une vague cabane au fond d’un jardin… Il est là, simplement, dans un vaste fauteuil, au centre d’une vaste salle aux murs couverts de livres. Par les hautes fenêtres étroites entre un jour clair et d’improbables ouvertures donnent sur d’autres salles emplies de livres, ou des escaliers courant vers d’autres salles et d’autres livres encore. Alors, peut-être n’est-il jamais entré ou n’a-t-il jamais voulu sortir ?
Dans ce fauteuil profond, auprès de cette table patinée, près de cette haute lampe qu’il allumera à l’approche du soir, est-il seulement conscient d’être heureux ? Heureux comme nul ne saurait jamais l’être. Parfois, une ombre de chagrin l’effleure pourtant : pourra-t-il jamais lire tous ces livres ? Il serait affreux de ne le pouvoir et il y en a tant ! À l’infini peut-être. Mais cette crainte demeure fugitive car il sait, de façon très confuse, que sa vie ne saurait s’éteindre qu’il ne les ait lus.

Parfois, il interrompt sa lecture, laisse errer son regard vers une riante campagne qu’on entrevoit au loin et ses pensées dériver vers des souvenirs. Des souvenirs qu’il a peut-être vécus s’il ne les a lus. Mais, toujours, il revient à ses livres. Certains alignent soigneusement leurs reliures nervurées dorées au fer, d’autres se poussent ou s’écrasent, parfois gonflés de feuillets de notes intercalaires qui dépassent un peu, d’autres même sont posés à plat, empilés avec une petite touche désordonnée qui leur donne ce charme si particulier.

Il s’est parfois tancé de cette exclusive passion et s’est décidé à sortir… le fameux esprit sain dans un corps sain. En a-t-il lu des livres pour l’affirmer ! Ces fois-là, il s’est levé, presque désorienté, avant de se diriger vers la porte. Celle de droite ? Celle de gauche ? Oui, celle-ci. Il a longé un couloir jusqu’à la toute dernière porte. La porte de sortie. Brune, d’un brun chaud et profond. Luisante, comme cirée et polie par des générations et des générations de ménagères appliquées. La porte de sortie vers le monde lumineux qu’assurent ses souvenirs. Il a tendu la main vers la poignée, soudain poussé par un murmure tout à la fois encourageant et un rien moqueur. Comme si tous ces livres le mettaient là au défi de sortir. Il fait si beau dehors, susurrait l’un. Te souviens-tu ? C’est comme ce passage, tu sais, où l’on évoque le velours de la brise qui vous effleure ou la caresse d’un tendre soleil de printemps… Va, disait l’autre, tu entendras ces oiseaux au chant mélodieux que tant de voyageurs ont contés. Et si t’attendait une tendre amie pour partager tes rêves, insistait un autre, ou t’emporter dans une passion brûlante et des aventures étranges, taquinait un autre encore.

Suite…

The Tea Dragon Society

Autrice : Katie O’Neill
Le lien du webcomic

Pas de quête épique, pas de poursuites infernales. L’histoire est « juste » celle d’une jeune forgeronne qui découvre l’existence des dragons-thé et apprend à s’en occuper.
C’est doux. Tendre. Apaisé comme l’heure du thé.
Ca montre le plaisir d’apprendre, de se faire de nouveaux amis.
Le décor est assez intemporel, mais pas ultra-moderne.
Les personnages sont genderfluid de façon très réussie.
Et c’est bourré d’idées pour les créateurs d’univers, les rôlistes 😉

La VF est publiée chez Bliss.