Gâteau aux bananes

  • 3 bananes (idéalement mures pour bien s’écraser)
  • 3 œufs
  • 175 g de sucre en poudre
  • 125 g de farine
  • 125 g de beurre fondu
  • 1 sachet de levure chimique
  • 1 cuillère à soupe de rhum

Mélanger le sucre et le beurre fondu. Ajouter les œufs puis les bananes écrasées, le rhum, la farine et la levure.
Faire cuire au four 10 minutes à 210° puis 45 minutes à 160°.

Le Peuple Loup (2020)

En sortant du cinéma, Cadette m’a fait remarquer que ce serait bien de faire un petit mot pour ce film dont on entend à peine parler. Et je me suis dit qu’elle avait raison 😉
— Et, du coup, si tu es allée le voir, c’est bien qu’on t’en a parlé ?
Parler ? Non. On a juste vu les affiches, en ville, mais, sorti ce mercredi, aucune séance dans les « grosses » salles, juste un passage furtif dans le petit-ciné-des-films-confidentiels.

Au 17e siècle, une ville irlandaise occupée par les Anglais, décidés à détruire toute la forêt environnante pour développer l’agriculture et, pour se faire, à tuer tous ses loups qui obéissent à une mystérieuse wolfwalker qui a des pouvoirs de guérisseuse.
Deux enfants se rencontrent : Robyn est l’anglaise qui rêve d’aventure, arrivée là car son père, veuf, a été recruté comme chasseur ; Mebh est la fille de la wolfwalker.

Je ne pense pas avoir besoin d’en dire plus, l’histoire est assez simple (souvent, les bonnes histoires sont simples) et l’ensemble est très poétique : le dessin, original, sert vraiment la narration, mélange d’aventures et de symboles.

Tout simplement à voir.

1h43
Sortie : 20 octobre 2021

Ce billet est également paru dans la Tribune des Vagabonds du Rêve.

Hospital Playlist – 2 saisons (2020-2021)

Saison 1 : 12 épisodes de 70/80+ minutes
Saison 2 : 12 épisodes de 90/110+ minutes

Bon, comme toutes les séries médicales, on voit des opérations et des gens meurent (pas tant que ça, nos héros sauvent la majorité).

Ce drama ne raconte pas grand chose au sens où il n’y a pas vraiment d’intrigues : aucun suspens amoureux ou policier qui doit se résoudre.
Cinq ami·es (1 nana, 4 mecs) sont médecins après s’être lié·es pendant leurs études.
Iels sont doué·es, gentil·les, dans le genre qui change le monde au quotidien par de petites choses.
Autour d’elle/eux gravitent d’autres médecins, leurs familles et, par exemple, les parents ne sont pas figés dans leur rôle, mais ont aussi leur propre vie, distincte.
— Du coup, ça parle de quoi ?
— D’amitié. Tout simplement. De gens qui s’aiment et se soutiennent. Il n’y a (quasi) aucun méchant, c’est juste des vies et c’est très doux/agréable.

« Bref, je vais attendre la saison 2 😉 » écrivais-je en conclusion de mon billet du 16/2/21 sur la saison 1, billet que j’édite donc avec cette légère mise à jour.
Je viens de finir la saison 2, diffusée sur Netflix depuis le 17/7/21, et il ne devrait pas y avoir de saison 3 (et c’est très bien comme ça, tout a probablement été dit).

Je n’ai en réalité rien de spécial à ajouter par rapport à mon propos d’il y a quelques mois car la 2e saison suit logiquement la première, dans le même esprit et juste avec un poil plus de romance. Si vous avez aimé le début, on continue aux côtés de nos charmant·es médecins 😉

You Are My Spring (2021)

16 épisodes de 60+ minutes
Réalisateur : Jung Ji-hyun

Alors… d’habitude, j’ai tendance à écrire mon avis (si j’ai envie d’en parler) tout de suite, en mode « tant que c’est frais dans ma tête ». Je n’écris pas des critiques, mais de simples chroniques, je ne me targue pas d’une analyse profonde, je suis juste là pour te dire « regarde, c’est de la bonne ! »
Et là… j’hésite… je laisse passer les jours…
Je sais que j’ai envie d’en parler parce que ça m’a plu pour plein de bonnes raisons, mais je ne suis pas sure d’arriver à dire ce qu’il y avait de si notable.

On commence avec deux personnages qui ont de gros traumas d’enfance : Elle1 (Seo Hyeon-jin – Another Oh Hae Young) est concierge dans un bel hôtel, Lui1 (Kim Dong-wook à la séduction discrète – Along with the Gods) est psychiatre. Elle emménage dans l’immeuble tout neuf où il vient d’ouvrir son cabinet.
Elle1 a eu des relations foireuses et est entreprise par Lui2 dont on ne sait pas bien s’il est gentil-illuminé ou malaisant ; Lui1 est divorcé d’Elle2… qui est juste improbable, sans barrière et très attachante.

Je ne vais pas forcément aller trop dans les détails car ça ne s’y prête pas.
On a
un petit côté Friends : dans l’immeuble où sont nos deux héros, Lui3, un ami de Lui1, ouvre son cabinet de vétérinaire ; Elle3 et Lui4, faux jumeaux et amis d’Elle1 et Lui1, ont ouvert un café ;
une histoire policière pas forcément agitée, mais assez inquiétante : des meurtres ont été commis, il y aura un suicide, Lui1 aide la police ;
des histoires d’amour et d’amitiés…
et, surtout, des tonnes de bienveillance.
Parce que le thème central est : soyez bienveillants, soyez attentifs, faites attention aux autres. Cherchez de l’aide si vous en avez besoin, aller voir un psy ne signifie pas que vous êtes un moins que rien. Et le psy peut être nul et vous pouvez en changer.

Ce drama, un peu contemplatif, un peu sombre… déborde d’une énergie protectrice, en fait, c’est le mot qui me vient. Et j’ai ri de bon coeur, pas juste « souri » sur certains moments.

Il y a beaucoup de personnages, qui sont soignés, qui sont attachants.

Vous avez vu ces vidéos qui vous mettent du baume au coeur en quelques minutes, en montrant comment le petit geste d’une première personne va changer la journée de plein d’autres ?
Ben, c’est pareil, mais en mieux et en 16 heures 😉

Ce produit ne convient pas aux misanthropes, aux aigris et aux rabat-joie…

Men are Men (2020)

Cette série est disponible sur Netflix et Viki sous le titre To All the Guys who Loved Me, titre qui, à mon sens, ne se justifie pas. Comme dans beaucoup de romances, deux hommes se disputent l’amour de l’Héroïne : on est très loin du « all the guys »…

!!! Attention, ce billet va contenir plein de SPOILERS de façon complètement aléatoire !!!

Or doncques, je viens de finir ce drama et… j’ai plein de choses à vous dire !
Tout d’abord, je lui en veux un peu car, au premier épisode, il me promettait beaucoup et, même s’il n’est pas mauvais, avec tant d’espoirs, hélas, il n’a pas été tout à fait à la hauteur.

Comme vous le savez (ou pas), j’aime le fantastique et les histoires d’amour et j’aime particulièrement le fantastique qui se glisse dans le quotidien et met en lumière notre monde.
Men are Men est donc complètement dans le créneau pour me séduire.

Enfants, Elle1 (incarnée par Hwang Jung-eum : She was pretty – Kill me, heal me – Mystic Pop-up bar) et Lui1 (Yoon Hyun-min, vu dans My Holo Love, ne me convainc pas du tout : il est… raide ?) manquent de se noyer et, lors de cet accident, le souvenir de leurs trois précédentes vies remonte à leurs mémoires.
Naturellement, les parents d’Elle1, pensant qu’elle délire, lui font suivre une thérapie à l’issue de laquelle elle efface ses souvenirs, en les prenant pour de mauvais rêves, tandis que Lui1 aura parfaitement conscience que c’est bien réel. (Pourquoi ??? La famille et l’enfance de Lui1 ne sont quasi pas évoquées ou expliquées…)
Ca, c’est la partie Fantastique.

Côté regard sur la société, Elle1 est une femme qui ne veut pas se marier (c’est la seule chose qu’elle conserve des souvenirs remontés : le mariage n’est définitivement pas pour elle). Elle n’a pas 20 ans, mais est bien ancrée dans la trentaine et elle est entourée de trois amies :
Elle2 est mariée, sans emploi, et se retrouve dépendante de son époux alors qu’elle adore faire du shopping. Elle2 va se disputer, trouver un travail et puis décider que les tâches ménagères, yep, ça se partage ;
Elle3 a quitté son ex-mari parce que sa belle-famille la maltraitait. Elle veut bien ressortir avec lui, mais pas se remarier… et elle fréquente deux hommes, en toute transparence ;
Elle4 veut vraiment avoir des enfants… mais pas de mari. Son personnage n’est pas assez exploité, mais on laisse entendre qu’elle devrait accomplir son projet.

Dans leurs vies passées, Elle1 et Lui1 sont tombés trois fois amoureux l’un de l’autre, mariés deux fois, fiancés une… et, à chaque fois, leur histoire s’est mal terminée.
La première fois par manque de chance, mais, les deux fois suivantes, Lui1 a caché des choses à sa dulcinée « pour la protéger » et, au final, ça a fait plus de mal que de bien.

La question des vies passées est délicate : comment se reconnait-on ?
Là, les scénaristes ne se sont pas foulés : les personnages gardent la même tête…

Aujourd’hui, Elle1 est une éditrice de webtoons et Lui1, riche industriel, combine pour l’embaucher et la mettre à la tête de sa propre plateforme de diffusion.
Sauf que, dans leur vie précédente, ils sont morts jeunes, 40 ans plus tôt, car Elle5, la Très Méchante, follement amoureuse de Lui1, leur a fait du tort et a précipité leur fin.
Et, comme ils ont gardé le même visage, Elle5 les reconnait et son obsession est intacte. Elle se met en tête de marier Lui1 à sa propre fille et, de fil en aiguille, va monter dans les tours.

Sur le chapitre de la romance, Lui1 a pour rival Lui2, plus jeune, orphelin, qui a grandi aux côtés d’Elle1. Elle le voit comme un frère, lui est très épris.

Alors, en fait… absolument tout est réuni pour en faire une vraiment bonne histoire.
Le fantastique et le mystère : comment gère-t-on nos vies passées ? Pourquoi Lui1 a-t-il fait échouer trois fois leur union alors qu’il est très amoureux ?
Les motivations de la Méchante fonctionnent : la jalousie l’a rongée au fil des années et elle en a perdu ses (faibles) repères moraux.
Les quatre amies représentent quatre chemins de femmes, différents, intéressants.
L’humour est là sous les traits des parents d’Elle1 qui sont vraiment réussis : ils sont… improbables, drôles, décalés…

Mais quelque chose ne fonctionne pas. Le rythme n’est pas génial. Lui1 est… aussi intéressant qu’un pot de fleurs (sans les fleurs). Des tas d’éléments sont passés sous silence : Lui1 a deux frères qu’on ne verra par exemple jamais. Même la résolution du mystère (Elle5 est forcément coupable de quelque chose dans leur vie précédente) ne passionne pas.

— Et, du coup, si tu n’es pas emballée, pourquoi tu nous en parles ?

Parce que, en fait, malgré ses défauts, cette série reste tout à fait regardable/un bon divertissement et j’aime beaucoup la « liste » qu’elle déroule :
le fantastique, les vies antérieures ;
un féminisme « évident » : outre les quatre amies qui sont chacune légitime dans leur choix de vie, tu as également une jeune autrice de webtoons érotiques. Quand la mère de l’autrice découvre le métier de sa fille et veut lui interdire car « honteux », Lui1 rappelle que des oeuvres, considérées comme licencieuses à leur parution, sont aujourd’hui des classiques ;
des petites touches qui fonctionnent bien, comme, par exemple, si Lui2 est très amoureux, il veut avant tout le bonheur de celle qu’il aime, pas la posséder.

Donc, oui, on peut faire du fantastique sans invoquer tous les effets spéciaux du monde.
Et on peut parler de sujets de société comme le féminisme en faisant une oeuvre de divertissement avec tous les codes du genre.

Ce billet est également paru dans la #TribuneVdR.

Festival, ô Festival, dis-moi combien tu pèses

Les festivals « mentent » sur leurs chiffres de fréquentation.
Mentent ? Disons qu’ils essaient de calculer le flux de visiteurs (tickets vendus, entrées/sorties sur plusieurs jours) de façon à ce que cela rende un chiffre au plus près de ce que les décideurs, les partenaires… attendent.
Non pas parce que les festivals sont de méchants escrocs qui adorent le mensonge, non… Au fil du temps, des chiffrages déformés se sont installés dans la tête de trop de gens pour que de « vrais » chiffres soient signifiants pour eux.
Hélas.

Parce que la réussite d’un festival est trop souvent mesurée à sa fréquentation.
Ce qui est, au mieux, tout à fait incomplet… pour des tas de raisons qui, je le pense, viennent assez intuitivement, mais citons : est-ce que les visiteurs ont apprécié et sont susceptibles d’en parler en bien/de revenir ? Est-ce que les stands ont bien vendu ?
Si tu es libraire, vaut-il mieux vendre 50 livres de poche sur 1.000 visiteur·ses ou 100 beaux-livres sur 300 visiteur·ses venues en connaisseurs ?

Une personne me faisait remarquer que c’est un de nos héritages patriarcaux-capitalistes : la réussite est mesurée à la quantité, à celui qui a le plus gros… salaire, maison, auto…

Je ne sais pas s’il est possible de revenir à une situation où de vrais chiffres seraient disponibles, mais, au fond, je ne suis même pas sure que ce soit nécessaire.
Parce que ce serait nécessaire si l’on décide que le nombre de visiteur·ses est le seul retour que l’on attend effectivement.
Parce que cela validerait l’idée que ce qui est réussi est gros.

Notons que je ne dis pas que la donnée n’a aucun intérêt, mais elle n’en a pas non plus tant que ça.
Sur un projet, ce qui est important, c’est le taux de retour : par rapport à ce que j’ai investi (temps, argent…), qu’ai-je en retour ?

Reprenons.
Il existe deux catégories (grosso modo) de festivals : les pros et les bénévoles.
Les pros, ça peut être un palais des congrès/festival, une mairie (qui dédie du temps de travail)… et les bénévoles, ben, ce sont les associations.

Quand une situation n’est pas comparable, ne te compare pas.

Les pros investissent de l’argent, des ressources humaines.
Ils doivent avoir un retour à équivalent.
Pour mémoire, un seul temps plein, c’est 1.800 heures/an.
Il te faut combien de bénévoles pour arriver à un seul temps plein ? 😉

Si le pro propose des stands payants, l’artisan/éditeur/commerçant… qui prend un stand devient son client.
Il attend une prestation.
Donc tu dois lui assurer un certain nombre de visites et des visites qui consomment.

Quand tu bâtis ton programme, quand tu réfléchis aux invité·es que tu veux faire venir, tu ne vas pas forcément avoir les mêmes angles d’attaque si tu veux faire venir beaucoup de gens (nécessité pro) ou si tu rêves de t’engager sur une question qui te tient à coeur.
Un exemple super bête/facile : la promotion de la nouvelle me tient à coeur. La nouvelle, actuellement, ne vend pas. Je ne vais pas remplir des stades en en causant.

Et l’invité·e ?
Dans un contexte pro, tu la/le paies, tu deviens son client. Iel vient pour gagner sa vie et iel sait que tu attends quelque chose d »elle/lui.
Dans le bénévolat, iel vient sur son temps de loisir car le programme lui plait et iel est là pour s’amuser/se faire plaisir/parler en table ronde de ses sujets préférés. Iel est l’un·e des orgas/bénévoles.

(Bien sûr, il y a des tas de nuances et d’étapes sur le spectre pro/bénévole puisque tu as des festivals bénévoles qui vont faire payer certaines prestations et/ou en rémunérer d’autres, des festivals pros qui vont faire appel au bénévolat — mais, là, j’avoue, sans contexte, j’ai du mal…)

Attention, je vais poser une règle : il n’y a ici aucune critique d’aucun des deux modèles.
Même si je suis anti-capitaliste sur le fond, aujourd’hui, on a toustes besoin de se nourrir.
Ce qui est cool, c’est la diversité, que tout puisse exister/être tenté.
Si les artistes n’ont pas d’espaces pro pour se nourrir, iels vont mourir de faim et ne créeront plus rien pour personne.

— Et, du coup, tu veux en venir où ?

Ne te compare pas, suis ton chemin.

Si tu travailles sur un festival bénévole, cela n’a absolument aucun sens de tenter de faire comme les pros : non seulement tu n’y arriveras pas car, d’emblée, tu ne dégageras déjà jamais autant de temps de travail, mais, en plus, au lieu de proposer de la diversité, tu vas juste proposer un truc moins réussi.
Si, au lieu d’utiliser tes heures bénévole à faire un programme original, tu t’épuises à démarcher, mettons, des gens pour des stands, tu finiras épuisé et déçu… et les autres aussi.

Sur les premières années de l’organisation de Nice Fictions, j’ai senti les doutes de quelques orgas (et iels avaient raison de douter puisqu’on a peu de modèles à disposition).
Pourquoi ne faisions-nous pas « comme les autres » ?
Pourquoi ne nous donnions-nous pas les moyens (i.e. mettre le paquet sur les attendus « traditionnels ») qu’il fallait ?

Bien sûr, ça n’était tout simplement pas le plan, mais il faut quelques années pour montrer que la voie qu’on a suivie est cool aussi.

On ne devrait pas se réjouir d’une pandémie (d’ailleurs, le mot « réjouir » ne convient pas), mais, parfois, certains accidents ouvrent des portes.
La pandémie nous a obligées à faire deux éditions virtuelles.
Bon, en réalité, nous n’étions pas réellement obligés, on aurait pu juste attendre l’édition 2022… mais, bon, c’est pas trop notre truc, à nous, l’attente 😉

Alors on a dû proposer autre chose :
avec une édition en ligne, le programme est brutalement mis en lumière parce qu’on ne voit finalement presque que lui en cherchant quelle table ronde ou conférence on va suivre.
Le stand n’est plus un objet où tu dois vendre pour rentabiliser ton déplacement, mais un endroit (en ligne/sur Discord) où tu vas échanger, te présenter au public, répondre aux questions.
Etc.

L’analogie qui me vient, c’est un peu la production de masse vs de luxe.
Il faut les deux. Parce que le luxe ne peut pas fournir tout le monde. Mais il nous fait rêver et, de temps en temps, avec un peu de chance, on peut en avoir un peu soi aussi.

— Et, du coup, tu conclus ou bien ?

Concrètement, je ne peux vous parler que de Nice Fictions puisque c’est le festival sur lequel je travaille.
On ne démarche personne pour vendre des stands. Si quelqu’un souhaite venir, il est le bienvenu, mais il ne sera pas un client, mais une part du festival.
Notre objectif n’est pas qu’un maximum de personnes viennent.
Viens si tu es dans le coin, ça nous fera plaisir.
Viens si tu as envie : Nice est une ville superbe, il fera beau. Si tu as envie de rencontrer des collègues, d’échanger, viens.
Si tu n’as pas envie ou pas les moyens (financiers, physiques…), un maximum d’interventions te sera accessible en ligne.
Viens parce que tu veux venir, que tu veux passer un chouette week-end, en compagnie d’autres artistes si tu es un artiste, au milieu des artistes et des passionnés si tu es un fan.
Viens avec plaisir, avec impatience, en te réjouissant.

Et ce dont on a envie, en fait, ce n’est pas que les festivals arrêtent de mentir sur leurs chiffres car on s’en fout, mais que chaque festival bénévole devienne un produit de luxe, avec son unicité, et que, du coup, on ait toustes, collectivement, de plus en plus envie d’y aller pour s’émerveiller et expérimenter.
Et on ira aussi dans les festivals pros pour d’autres expériences et sensations.
Bref, on aura du choix 🙂

Et, évidemment, si ton kif à toi est de faire « comme un festival pro » parce que c’est ce que tu aimes, fais-le aussi. Le bénévolat, on le fait en premier pour soi !

Quand tu commences à vieillir, tes souvenirs se modifient

J’ai commencé à écrire enfante, dès l’école primaire.
Je n’ai aucune trace de mes essais de l’époque, mon seul souvenir est que, à l’âge de 10 ans, en Sixième, je peinais sur un roman policier, ne me résolvant pas à tuer un seul des personnages. (J’en parlais déjà en 2014.)
J’ai imaginé écrire une saga de fantasy quand Mère Dragon nous a lu, à ma soeur et à moi, le Seigneur des Anneaux, puis, à 14 ans, j’ai essayé la forme courte et la poésie et je suis restée sur le non-roman (34 ans plus tard, je suis tentée d’écrire « définitivement » puisque mon plus long texte est une novella de moins de 165.000 signes, mais, bon, l’avenir n’est pas écrit…).
Je m’imagine volontiers que, si j’avais été enfante/ado à notre époque, j’aurais eu un blog, j’aurais beaucoup trop posté sur les réseaux sociaux, mais, à la fin des années 1980, j’ai juste imaginé que j’allais mettre mes textes dans des feuillets en plastique/un classeur que je déposerais en ville pour qu’il circule et vive sa vie.
Je ne l’ai pas fait.
Je n’ai pas non plus engouffré mes économies dans de l’édition à compte d’auteur.
J’ai attendu et, à 17 ans, j’ai lancé mes deux premiers fanzines.
Depuis, si je cherche un mot pour résumer tout ce que j’ai fait, celui qui me vient est expérimenter.
Avant le développement d’internet à partir de 1996, j’ai fait des fanzines avec des photocopies et des agrafes, de la colle et du temps d’imprimante volé ici ou là.
Ensuite, avec internet, j’ai imaginé des sites, des webrevues, j’ai aussi tenté l’impression classique (en me ruinant sur de gros tirages), de l’impression à la demande quand ça s’est développé, des revues en PDF…
Je n’ai jamais été satisfaite, je ne me suis jamais posée.
Cet été, avec une petite équipe, nous (re)lançons une webrevue : la Tribune des Vagabonds du Rêve.
Je n’écris pas « lancer », mais « relancer » car cette webrevue n’est pas « nouvelle », elle est la suite des explorations et essais précédents et, par exemple, nos archives m’indiquent que la première chronique en ligne d’Hélène, ma plus fidèle collaboratrice (c’est le cas de le dire puisque ma mère m’a suivie dès la première page de mon premier fanzine, et même avant ça pour ma toute première « anthologie scolaire »), date de 2003.

Si j’ai ainsi toujours tâtonné en matière d’édition, je ne suis pas différente sur les outils numériques (dois-je vous dire le nombre de fois où j’ai changé de boîte mail, de blogs en important — et perdant au passage — des données d’une plateforme à l’autre, en supprimant un support pour le recréer différemment et tout me retaper à la main ?) ni, of course, sur les réseaux sociaux.

Hier, il s’est passé deux choses qui n’ont a priori aucun rapport entre elles.

1/ Une amie souhaitait aller à Monaco voir l’expo Giacometti.
Je n’ai aucun intérêt particulier pour cet artiste, mais je trouvais sympa d’avoir un motif de sortie pendant les congés.

2/ Après avoir essayé de comprendre le fonctionnement de Twitter en utilisant quelques semaines un compte anonyme, je me suis récemment créé un « vrai » compte et la polémique-troll du moment était une trop jeune femme qui s’est mise en tête que les auteurices/artistes devaient lisser leurs réseaux sociaux, tout absorbé·es par la nécessité de se vendre comme de bons produits capitalistes.
Le débat n’est pas intéressant parce que c’est une affirmation pour faire genre, pas un truc étayé/réfléchi, mais ça m’a fait sortir un point.

L’intérêt en général d’une expo sur un artiste décédé, c’est que ça prend un côté rétrospective.
On cherche les correspondances, les journaux intimes, on fouille dans la vie privée qui, la personne étant partie et ne pouvant pas s’en plaindre, devient un matériau de compréhension : comment crée-t-on ?
Comme tous les artistes, j’imagine, Giacometti a répété, répété, répété. Une femme debout + une femme debout + une femme…
Comme nos artistes qui, sur leur Twitter ou leur Insta, vont chuter, se dévoiler, se plaindre, se retirer…

Pendant longtemps, après une expérience, ratée ou réussie, je jetais, je détruisais, je poubellais.
J’ai peu de traces de pas mal de choses.
Genre les livres papier, c’est OK car ils dorment dans ma bibliothèque, mais, globalement, j’ai peu de traces de ce que j’ai fait.
J’ai changé tellement de fois de comptes sur les différentes plateformes que je suis incapable de dire ce que j’ai pu y faire.

Et je réalise que ces expériences, en fait… elles n’ont pas à être cachées ou détruites.
A minima, elles sont ennuyeuses, mais elles seront peut-être drôles pour la Cenli-du-futur qui les retrouvera comme, cet été, j’ai retrouvé les maquettes des anciennes Tribune (1990-1993) qui vont figurer d’ici quelques jours dans un musée sur le site des Vagabonds.
De mes textes ratés, de mes idées loufoques, de mes multiples « une femme debout »… il ne me reste quasi rien.
Ni dans des cartons, un grenier ou une cave, ni dans les tréfonds de mes disques durs.
Seulement dans la mémoire d’autres personnes (même pas la mienne !) et il n’y a rien de moins sûr que les souvenirs…

Alors, ces jours-ci, j’ai récupéré quelques vieux billets de blog tout pourris que j’ai remis ici, j’ai créé une page Facebook (édit : fermée au 19/3/22) et un compte Insta… et je vais expérimenter sans me cacher, riant d’aventures un peu honteuses, sans aucun souci de l’image que je risque de renvoyer en tant qu’écrivaine ou que directrice sérieuse d’un festival sérieux ou…
Quand on est une jeune femme, on se soucie du regard des autres.
Et puis, un jour, on ne se colore plus les cheveux, on les garde très courts pour ne plus s’en soucier et on se sent soudain infiniment légère.

Black Widow (2021)

Si Black Widow, devenue une Avenger, pense avoir mis fin à l’organisation secrète qui l’a asservie, elle se fourvoie et son passé va revenir la chercher pour une nouvelle mission entre les évènements de Captain America: Civil War (2016) et de Avengers: Infinity War (2018).
Dans un film de super-héros, il y a un grand complot très compliqué avec un Méchant vraiment méchant, un serviteur du Méchant trop fort, des alliés inattendus, des combats et des scènes vertigineuses.

Black Widow obéit aux codes du genre en remplissant toutes les cases de façon fort satisfaisante, mais avec une héroïne, aidée de femmes, combattant des femmes. Les quelques personnages masculins sont en retrait sans être effacés.

Le film appartient à l’univers Marvel, mais peut se voir indépendamment, si vous n’avez pas tout visionné ou oublié une partie 😉

Alors il y a de l’action, forcément, beaucoup d’actions, mais il y a également de l’humour bon enfant, particulièrement autour de la « fausse famille » de l’héroïne, réunie pour l’occasion, une juste dose de bons sentiments.
Un divertissement plaisant, idéal sur grand écran, à déguster sans complexe.

Réalisatrice : Cate Shortland
Sortie : 7 juillet 2021

Ce billet est également paru dans la Tribune des Vagabonds du Rêve.

A Love So Beautiful (Korean) (2020)

24 épisodes de 20+ minutes

Remake du drama chinois éponyme de 2017 (que je n’ai pas vu).
Cinq adolescents.
Elle1 et Lui1 sont voisins et dans la même classe au lycée. Tout de go, elle lui avoue son amour et, s’il n’y répond pas favorablement, elle décide de continuer à l’aimer. Juste.
Bien sûr, rapidement, il est évident (pour nous) que Lui1 éprouve des sentiments réciproques, mais Elle1 ne semblera jamais le voir.
Lui1 semble susciter l’admiration de toutes les filles, Elle1 est gauche et moins aimée.
Elle2 et Lui2 sont leurs opposés : Elle2 est pleine d’assurance, Lui2 est maladroit et fantasque.
Lui3 est parfait : beau, gentil, destiné à réussir, il n’est là que pour révéler à Lui1 ses sentiments via la jalousie.

Je suis assez « simple » en général : j’aime ou je n’aime pas.
Là, ben… c’est « pas mal, mais… »
On suit nos cinq personnages de leurs années lycée à leurs 30 ans. Chaque épisode, très court, est un moment marquant de leur vie. Marquant au sens de la vie ordinaire : un élément du quotidien qui va les marquer/suivre.
De ce point de vue, ça marche vraiment bien : on passe d’un moment de vie à l’autre et ça fait sens.

Mais… j’ai d’abord un peu de mal avec le passage du temps : nos tourtereaux sont quand même *particulièrement* lents. Je ne parle pas de se sauter dessus dès le premier rendez-vous, mais, là, il leur faut quand même 15 ans pour savoir un peu qu’ils s’aiment très fort.
Ce n’est cependant pas ce qui m’ennuie le plus car, bon, mettons…
Non, ce qui m’ennuie, c’est la non-exploitation des caractéristiques du personnage principal. Car, clairement, Elle1 est l’héroïne au détriment de Lui1 qui est assez passif.
Lui1 est beau et intelligent, fort en sciences et réussira la carrière qu’il veut.
Elle1 est une artiste. Une vraie. Dès le lycée, elle fait des dessins réussis. Elle est maladroite à la façon du vilain petit canard dont on attend qu’elle devienne un cygne. Elle se sent mal car elle est mauvaise élève, mais ce devrait être le propos central : la mauvaise élève se révèle l’artiste douée. La timide est en réalité fantaisiste et amusante.
Et ce fil rouge, qui est central puisque c’est à la fois tout ce qui définit l’héroïne et les raisons qui font que le sage Lui1 est amoureux d’elle, au final, est totalement sous-exploité. Limite, on doit le deviner.

Du coup ?
Je ne sais pas.
Ca se regarde vraiment facilement, j’aime beaucoup cette narration de 24 « petits moments » (le titre de chaque épisode correspondant au moment), mais il y avait tellement mieux à faire avec le même matériau…