J’ai su que j’étais écrivaine en classe de Sixième, j’avais alors dix ans. Est-ce tôt ? Je ne crois pas. Quand je discute autour de moi, nous sommes nombreux à l’avoir « toujours su ». Mais, à dix ans, il y avait des barrières difficiles à franchir, comme de « tuer un personnage » pour écrire un roman policier1. En Troisième, je me suis enfin vraiment plongée dans l’écriture, enchainant les poèmes, quelques nouvelles et une pièce de théâtre, coécrite avec ma sœur et jamais jouée…
Je n’ai jamais été très « scolaire »2. Pourtant, en Seconde, j’ai eu plaisir à faire un devoir : notre prof de français nous avait demandé de réaliser un recueil de poèmes illustré sur un thème que nous devions choisir. Tandis que mes camarades décidaient de parler d’amour en découpant des photos dans les magazines féminins de leur maman3, j’attaquais l’humour. Point d’internet à l’époque, je fouillais de longues heures au CDI. Et, pour illustrer le tout, je demandais à ma mère de réaliser des illustrations.
Le verdict est tombé : 20/20. Votre travail est parfait, entendis-je en retour. Illustrations originales, travail dactylographié4… C’était ma première anthologie et c’était juste ce que je devais faire : choisir, promouvoir des textes, des auteurs, des illustrations… dans un ensemble où chaque pièce est renforcée par sa mise en valeur dans le tout.
Deux ans plus tard, je réalisais mes premiers fanzines : Des Lyres et des Poètes, avec nouvelles et poèmes de mes camarades de classe, et la Tribune des Vagabonds du Rêve5.
Et c’est ainsi que 24 années sont passées.
J’ai essayé des supports différents (photocopies avec la Tribune, gros tirages papier avec Oxalis, versions numériques…), différents modèles… et j’avoue que, à ce jour, je ne sais même pas si je préfère surtout explorer ou si je préfère trouver 😉
Dans le cadre des Vagabonds du Rêve, je suis en train de finaliser Numéro 4, une anthologie papier et numérique qui marquera le retour de la collection démarrée en 2000 et qui vécut trois numéros.
Et j’espère que les années qui viennent me verront continuer d’explorer, d’essayer, de tenter… de m’émerveiller sur un nouveau procédé, de jouer avec, de voir comment vous le recevrez 😉
Et, là, vous êtes un peu perplexe, vous demandant où je veux enfin en venir6, mais j’ai à peine entamé mon introduction o_O
En 2000, Ayerdhal a créé le collectif le Droit du Serf7 et, en 2012, le SELF8 est sorti de son sommeil.
Pendant des années, je me suis surtout intéressée à l’aspect technique de l’édition9 et, dans le cadre de ce collectif et de ce syndicat, les nombreuses rencontres, les échanges… m’ont permis de regarder l’aspect social avec d’autres yeux.
Concrètement10, par exemple, cela m’a donné envie de mettre en place, pour les Vagabonds, un modèle où, alors que je sais fort bien que nos anthologies ne peuvent être rentables, une rémunération est prévue pour les auteurs.
Bref, mes activités d’écrivaine et d’éditrice (certes bénévole) nourrissent une réflexion et une veille sur l’édition, sur l’écriture… et donc, forcément, sur les nouveaux supports, sur l’auto-édition…
Ne comptez pas sur moi pour prendre parti dans l’affrontement auto-édition vs édition traditionnelle.
Non, tous les éditeurs ne sont pas des escrocs. Non, tous les auto-édités ne produisent pas que de la bouse. Il y a de bons et de mauvais éditeurs comme il y a de bons et de mauvais auto-édités.
Certains auteurs ont besoin d’un accompagnement que seul un éditeur traditionnel peut leur fournir à l’heure actuelle. Certains auteurs n’en ont pas besoin.
Je ne crois pas à l’absolu, aux règles générales, au « c’est forcément comme ça » 😉
Lundi, Brussolo a fait une annonce sur son site (qui n’est plus en ligne à l’heure où j’écris ce billet), mais dont Actualitté s’est fait l’écho et dont tout le monde, forcément, a parlé. L’idée a été développée le mercredi, dans un nouvel article.
Quant à l’autoédition, en presque quarante années en tant qu’auteur, directeur de collection, éditeur, tous les auteurs que j’ai rencontrés m’ont déclaré, un jour : « Ah ! Si seulement je pouvais m’autopublier ! » À une époque, l’aventure était compliquée, coûteuse et très hasardeuse. Beaucoup y ont laissé des plumes. Seuls les très gros best-sellers pouvaient s’offrir ce luxe. Aujourd’hui, grâce à Internet et au livre numérique elle devient plus aisée. Pourquoi bouder cette occasion ?
Ce qui est intéressant, bien évidemment, c’est que des auteurs connus, qui n’ont plus rien à prouver, rappellent que l’auto-édition, non, ça n’a rien de « mal ».
Et puis, aujourd’hui, au détour d’une conversation, une personne s’interroge : elle est à la recherche d’une maison d’édition pour auto-édités.
Posée ainsi, la question peut amuser : le principe même de l’auto-édité est qu’il ne passe justement pas par un éditeur. Mais je comprends l’idée : si l’on s’auto-édite, on a quand même besoin de correcteurs, d’un maquettiste, d’une plateforme de vente11.
- Genre que je n’ai jamais cessé d’aimer, même si j’associe maintenant le polar aux longues journées d’été… ↩︎
- Même si j’ai mis un pied en fac, un peu par curiosité, surtout sans doute parce que je m’y sentais obligée, je n’ai pas fait d’études supérieures et n’ai donc que le bac. ↩︎
- Je viens de griller mon quota de clichés pour les dix prochaines années o_O ↩︎
- Sur le TO9 acheté l’année précédente et qui fut un piètre compagnon de jeu, mais où je recopiais tous mes écrits. ↩︎
- J’en parle déjà dans un billet daté d’août 2011. ↩︎
- Les billets trop longs, faut avouer, c’est super chiant ! (Et on dirait que j’y prends plaisir !) ↩︎
- Le Droit du Serf dispose d’un blog et est présent sur Facebook. ↩︎
- Le Syndicat des Ecrivains de Langue Française, dont je suis l’actuelle trésorière, dispose également d’un blog et d’un forum où je vous invite à nous rejoindre 🙂 ↩︎
- Maquette, impression, grammage du papier… ↩︎
- Parce que le concret, c’est le bien ! ↩︎
- On dirait que quelqu’une s’est fait un kiff sur les NdBdP… Etrange… ↩︎