My Demon (2023)

J’avais un doute en abordant cette série. Elle était présentée comme la rencontre entre Elle1, riche héritière arrogante, et Lui1, démon trop beau pour être vrai, genre un peu romance tirée par les cheveux.

Elle2, femme âgée à la tête d’un conglomérat, est entourée de ses deux enfants, Lui2 et Elle3, de son neveu, Lui3, et a recueilli Elle1 dont les parents ont été tués dans un accident de la route quand elle avait 10 ans.
Si Lui3 est tranquillement adorable et probablement épris d’Elle1, Lui2 et Elle3 sont a priori aussi antipathiques l’un que l’autre.
Alors que la vie d’Elle1 est menacée, Lui1 vient à son secours, mais son tatouage, marqueur de ses pouvoirs, est transféré mystérieusement à Elle1.
Puis Elle2 meurt… assassinée ? et ayant désigné Elle1 comme son héritière à condition qu’elle se marie dans l’année.

Avec les ingrédients de ce qui aurait pu être une romance, on se retrouve en réalité avec deux intrigues entrecroisées : un polar avec un Méchant Très Très Méchant et une histoire fantastique basée sur la destinée et les vies antérieures.
Je n’en dirai pas plus pour ne pas spoiler, mais, en parallèle aux deux intrigues, on retrouve tout un cortège d’amusants personnages secondaires qui allègent le tout, assez lourd quand même : ça n’est pas forcément filmé de façon cru, mais je mettrais bien quelques TW car la violence envers femmes et enfants est très présente.

Quant à moi qui aime le mélange fantastique et polar et les méchants punis, je n’ai rien à redire.
Ah, tiens, si, un dernier mot : Lui1 est interprété par Song Kang et j’avoue que j’avais un doute, genre il a plus une gueule d’ange (voire d’angelot) que de sombre démon. Mais, en réalité, c’est tout à fait raccord avec l’intrigue et la mythologie posée ici.

Tout ça, c’est encore la faute du prince charmant…

4.710 signes

L’histoire ne se termine jamais bien. Si, parfois, le prince épouse la princesse, il finit par la quitter pour l’une des Méchantes Sœurs. La princesse, après des soucis de santé, voire des soucis financiers, finit alcoolique et sa dernière aventure sentimentale (sentimentale, vraiment ?), quelques semaines avant sa mort, sera probablement un poivrot pathétique qui lui met la main aux fesses.
Il ne faut donc ni être princesse, ni même être Méchante Sœur, parce que personne n’a envie de vieillir auprès du prince, macho et fainéant, qui n’a aucune conversation.
Il ne faut pas non plus être la gentille fée parce que, après quelques centaines d’années à voir les autres se peloter grâce à nos bons soins, on finit aigrie et frustrée.
Il est donc probable que les seuls rôles valables soient ceux de la distribution masculine.
Pas le prince, on vient de vous dire qu’il n’avait aucune conversation.
Non. Le palefrenier, tranquille, sans souci, qui aide les dames à monter à cheval et qui, à chaque fois, se rince paisiblement l’œil sur leurs dessous : petites culottes aux couleurs bariolées, culottes de dentelles, absences de petite culotte… Car, oui, il n’y a pas de vie plus enviable de celle de notre palefrenier. Regardez-le bouchonner paisiblement ses chevaux, astiquer bricoles et selles, siffloter avant d’aller renverser la servante dans une botte de foin.

— En palefrenier ? C’est ton dernier mot ?
Le démon est embarrassé : la princesse trentenaire le regarde d’un œil mauvais et ne semble pas démordre de sa décision. Après tout, qu’à cela ne tienne, cette pimbêche est bien libre de tous ses mauvais choix. Une voix, au fond de lui, lui susurre que les choses devraient être différentes, mais puisqu’en palefrenier elle veut se réincarner…
Il signe le formulaire, applique quelques tampons, souffle doucement sur les papiers pour les faire sécher et la jeune femme repart, toujours avec son air décidé.

— C’est ça qui est bien avec la nouvelle génération, on n’a plus besoin de leur jouer de mauvais tours, ils s’en font tout seuls, ricane le collègue du démon qui a assisté à toute la scène.
Voilà une histoire qui devrait les occuper au moins quelques jours à la machine à café, la princesse qui voulait devenir palefrenier pour sauter la servante dans les blés. Pourtant, le démon est troublé : il regarde la jeune femme s’éloigner et, au fond de lui, la petite voix insiste. Parce que ce n’est pas ainsi que devraient se dérouler les contes de fées.

En rentrant chez lui, ce soir-là, il va directement dans la bibliothèque et attrape le livre que sa maman lui lisait quand il était petit – car, tout démon qu’il est, enfant il a été ! Il sait que le visage de la princesse lui est familier : il feuillette quelques pages et tombe sur le portrait du palefrenier. Son cœur se serre. Diable, que ce palefrenier est joli.
Le lendemain au travail, tout lui pèse, lui qui aime tellement ses tâches d’ordinaire : réincarnations foireuses, pactes douteux… plus rien n’a de saveur, ni les larmes sur les visages des damnés, ni les cris des humains escroqués. D’un clic de souris, il consulte le solde de ses congés : cela fait trois siècles qu’il trime sans se plaindre, il a pu accumuler quinze journées sans solde. Et il n’en faut pas plus pour que son plan ne prenne vie.

Il était une fois une ferme paisible, non loin d’un beau château. Dans cette ferme, vivait un palefrenier. Il vivait seul et il était heureux. Car la nature l’avait si généreusement doté que les dames du château venaient lui rendre de petites visites, mais, comme son portefeuille était moins épais, ne s’attardaient jamais plus qu’il ne fallait.
Et notre palefrenier aurait dû être heureux à jamais, mais un démon en avait autrement décidé.
Notre démon apparut donc à notre palefrenier et, en un sortilège dont seuls les démons ont le secret, lui ravit son cœur à tout jamais. Et, comme le palefrenier avait été bien éduqué par sa petite maman attentionnée, il alla de ce pas se suicider pour sa famille ne point déshonorer.

L’histoire ne se termine jamais bien. Le palefrenier a été toute sa vie au bas de l’échelle et, quand enfin il veut vivre sa vie comme il lui plaît, rien de bon ne peut en découler.
— En princesse ? C’est ton dernier mot ?
Le démon est embarrassé : le palefrenier trentenaire le regarde d’un œil mauvais et ne semble pas démordre de sa décision. Après tout, qu’à cela ne tienne, cet idiot est bien libre de tous ses mauvais choix. Une voix, au fond de lui, lui susurre que les choses devraient être différentes, mais puisqu’en princesse il veut se réincarner…
Il signe le formulaire, applique quelques tampons, souffle doucement sur les papiers pour les faire sécher et le jeune homme repart, toujours avec son air décidé.