Quand tu commences à vieillir, tes souvenirs se modifient

J’ai commencé à écrire enfante, dès l’école primaire.
Je n’ai aucune trace de mes essais de l’époque, mon seul souvenir est que, à l’âge de 10 ans, en Sixième, je peinais sur un roman policier, ne me résolvant pas à tuer un seul des personnages. (J’en parlais déjà en 2014.)
J’ai imaginé écrire une saga de fantasy quand Mère Dragon nous a lu, à ma soeur et à moi, le Seigneur des Anneaux, puis, à 14 ans, j’ai essayé la forme courte et la poésie et je suis restée sur le non-roman (34 ans plus tard, je suis tentée d’écrire « définitivement » puisque mon plus long texte est une novella de moins de 165.000 signes, mais, bon, l’avenir n’est pas écrit…).
Je m’imagine volontiers que, si j’avais été enfante/ado à notre époque, j’aurais eu un blog, j’aurais beaucoup trop posté sur les réseaux sociaux, mais, à la fin des années 1980, j’ai juste imaginé que j’allais mettre mes textes dans des feuillets en plastique/un classeur que je déposerais en ville pour qu’il circule et vive sa vie.
Je ne l’ai pas fait.
Je n’ai pas non plus engouffré mes économies dans de l’édition à compte d’auteur.
J’ai attendu et, à 17 ans, j’ai lancé mes deux premiers fanzines.
Depuis, si je cherche un mot pour résumer tout ce que j’ai fait, celui qui me vient est expérimenter.
Avant le développement d’internet à partir de 1996, j’ai fait des fanzines avec des photocopies et des agrafes, de la colle et du temps d’imprimante volé ici ou là.
Ensuite, avec internet, j’ai imaginé des sites, des webrevues, j’ai aussi tenté l’impression classique (en me ruinant sur de gros tirages), de l’impression à la demande quand ça s’est développé, des revues en PDF…
Je n’ai jamais été satisfaite, je ne me suis jamais posée.
Cet été, avec une petite équipe, nous (re)lançons une webrevue : la Tribune des Vagabonds du Rêve.
Je n’écris pas « lancer », mais « relancer » car cette webrevue n’est pas « nouvelle », elle est la suite des explorations et essais précédents et, par exemple, nos archives m’indiquent que la première chronique en ligne d’Hélène, ma plus fidèle collaboratrice (c’est le cas de le dire puisque ma mère m’a suivie dès la première page de mon premier fanzine, et même avant ça pour ma toute première « anthologie scolaire »), date de 2003.

Si j’ai ainsi toujours tâtonné en matière d’édition, je ne suis pas différente sur les outils numériques (dois-je vous dire le nombre de fois où j’ai changé de boîte mail, de blogs en important — et perdant au passage — des données d’une plateforme à l’autre, en supprimant un support pour le recréer différemment et tout me retaper à la main ?) ni, of course, sur les réseaux sociaux.

Hier, il s’est passé deux choses qui n’ont a priori aucun rapport entre elles.

1/ Une amie souhaitait aller à Monaco voir l’expo Giacometti.
Je n’ai aucun intérêt particulier pour cet artiste, mais je trouvais sympa d’avoir un motif de sortie pendant les congés.

2/ Après avoir essayé de comprendre le fonctionnement de Twitter en utilisant quelques semaines un compte anonyme, je me suis récemment créé un « vrai » compte et la polémique-troll du moment était une trop jeune femme qui s’est mise en tête que les auteurices/artistes devaient lisser leurs réseaux sociaux, tout absorbé·es par la nécessité de se vendre comme de bons produits capitalistes.
Le débat n’est pas intéressant parce que c’est une affirmation pour faire genre, pas un truc étayé/réfléchi, mais ça m’a fait sortir un point.

L’intérêt en général d’une expo sur un artiste décédé, c’est que ça prend un côté rétrospective.
On cherche les correspondances, les journaux intimes, on fouille dans la vie privée qui, la personne étant partie et ne pouvant pas s’en plaindre, devient un matériau de compréhension : comment crée-t-on ?
Comme tous les artistes, j’imagine, Giacometti a répété, répété, répété. Une femme debout + une femme debout + une femme…
Comme nos artistes qui, sur leur Twitter ou leur Insta, vont chuter, se dévoiler, se plaindre, se retirer…

Pendant longtemps, après une expérience, ratée ou réussie, je jetais, je détruisais, je poubellais.
J’ai peu de traces de pas mal de choses.
Genre les livres papier, c’est OK car ils dorment dans ma bibliothèque, mais, globalement, j’ai peu de traces de ce que j’ai fait.
J’ai changé tellement de fois de comptes sur les différentes plateformes que je suis incapable de dire ce que j’ai pu y faire.

Et je réalise que ces expériences, en fait… elles n’ont pas à être cachées ou détruites.
A minima, elles sont ennuyeuses, mais elles seront peut-être drôles pour la Cenli-du-futur qui les retrouvera comme, cet été, j’ai retrouvé les maquettes des anciennes Tribune (1990-1993) qui vont figurer d’ici quelques jours dans un musée sur le site des Vagabonds.
De mes textes ratés, de mes idées loufoques, de mes multiples « une femme debout »… il ne me reste quasi rien.
Ni dans des cartons, un grenier ou une cave, ni dans les tréfonds de mes disques durs.
Seulement dans la mémoire d’autres personnes (même pas la mienne !) et il n’y a rien de moins sûr que les souvenirs…

Alors, ces jours-ci, j’ai récupéré quelques vieux billets de blog tout pourris que j’ai remis ici, j’ai créé une page Facebook (édit : fermée au 19/3/22) et un compte Insta… et je vais expérimenter sans me cacher, riant d’aventures un peu honteuses, sans aucun souci de l’image que je risque de renvoyer en tant qu’écrivaine ou que directrice sérieuse d’un festival sérieux ou…
Quand on est une jeune femme, on se soucie du regard des autres.
Et puis, un jour, on ne se colore plus les cheveux, on les garde très courts pour ne plus s’en soucier et on se sent soudain infiniment légère.

Changement d’année ?

Quand j’étais enfante, nous (ma famille) avons été victimes d’une grand-mère… folle ? méchante ? désaxée ? Pour poser un diagnostic précis, il faudrait qu’elle soit encore en vie et vue par un médecin qualifié. End of story. Résumons cela à : personne n’en aurait voulu comme parente, mais on ne choisit pas ses parents.
Pour nous, si Noël était un moment chaleureux, il était immanquablement suivi du Jour de l’An où une décision de justice (rendue dans des conditions douteuses) imposait à deux enfants de passer ce temps avec une grand-mère dont ils mesuraient tout à fait consciemment l’extrême méchanceté. Je ne souhaite à personne de laisser un tel souvenir de soi à son départ de la Terre.
Un jour, nous prîmes la décision de remettre en cause la décision de justice (du haut de mes dix ans, j’ai ouvert la porte et j’ai dit « casse-toi, tu pues, tu fais pleurer mes parents » — sans doute pas tout à fait, j’ai dû trembler et avoir très peur, mais je suis très fière de ce moment), mais nous n’avions pas eu l’occasion d’apprendre à fêter le nouvel an. Et je crois que ça n’est jamais venu.
Quand j’étais une jeune femme, en couple, je me suis forcée quelques années à vivre un réveillon comme il semblerait qu’il doit être vécu, avec des potes, trop de nourriture, un marqueur social qui valide que, oui, on appartient à un groupe.
Le 31 décembre dont je me souviens le plus facilement, c’est celui que j’ai passé seule à la maternité 😉
(Et de celui où j’avais 17 ans et où les suites des aventures de Raistlin — dont j’étais amoureuse, forcément — étant sorties, j’étais plus impatiente de savoir ce qui lui arrivait que de dîner avec mes parents 😛 )

Bref…
Je ne fête pas le nouvel an. Je ne le fuis pas non plus. J’ai pour principe de ne pas refuser de boire un verre ou de partager un morceau avec un·e pote car, quand on commence à fuir les autres, on se désociabilise très vite. Mais il y a un fossé entre ne pas refuser une invitation et en lancer ou aller en chercher.

Pourtant… alors que c’est complètement artificiel, je vois un intérêt particulier à passer au 1er janvier.
Au fil du temps, les petits soucis et les grosses galères s’accumulent et, parfois même pour les joies, on ne prend pas le temps de se poser et de les assimiler.
Il y a toujours des moments où… l’on se pose devant sa penderie et on décide de jeter tous les vieux vêtements qu’on ne remettra jamais… l’on se pose devant sa bibliothèque et on se dit qu’on peut donner ces livres qu’on n’a jamais ouverts ou qu’on ne rouvrira plus… l’on vire les mille mails non traités qu’on ne pourra pas traiter, de toute façon, la demande est trop ancienne…
Le 1er janvier est l’un de ces moments : les galères deviennent les évènements déplaisants d’une année archivée en N-1, on peut prétexter les vœux pour prendre des nouvelles de celles/ceux qu’on a délaissé·es, on peut croire que tout ira mieux comme les jours de rentrée, enfant, quand on prenait des cahiers neufs et qu’on se promettait que, oui, cette année, on les tiendrait bien.

Si je ne suis pas familière des fêtes, je ne suis pas indifférente aux rites qui nettoient.
Je souhaite donc à toustes celles/ceux pour qui la Saint-Sylvestre est un marqueur social fort d’être ce soir avec vos meilleur·es ami·es et, à nous toustes, je donne rendez-vous demain, avec des ennuis archivés, des cahiers neufs et de bonnes résolutions pour celles/ceux qui doivent chasser regrets ou fantômes.
Bref, je nous souhaite à toustes un bon rituel d’apaisement 🙂

Et ton roman, il en est où ?

En 2014, je me fendais d’un billet pour mettre par écrit les raisons qui faisaient que je n’écrirai pas de roman. Cinq ans ont passé et il suffit que je fasse un tour dans une librairie ou que j’aille quelques jours dans un festival pour que l’envie me reprenne, l’envie basique, toute simple, de voir mon nom dans les piles étalées devant moi, d’imaginer un lecteur curieux qui découvre l’une de mes histoires.
Le festival se déroule. Le soir, avant de m’endormir dans ma chambre d’hôtel, je me dis que je suis bien bête, que, si j’écris 2.000 signes, mettons, tous les soirs, j’en ai 200.000 au bout de 100 jours, moins de 4 mois, que… L’idée s’installe et se renforce et puis je rentre chez moi et il ne faut que quelques jours pour que la Réalité reprenne le dessus. Un roman ? Lequel ? Depuis quand as-tu envie d’écrire un roman, toi ?
Allez, tu pourrais bien écrire UN roman, c’est pas méchant, ne serait-ce que pour l’exercice.
Et ensuite ? Une fois que mon nom serait arrivé là, sur la pile, dans la librairie, il faudrait en faire un 2e pour revenir sur la pile et…
Ce qui est ennuyeux, en final, ce n’est pas que cette pensée soit récurrente sans que je puisse la maîtriser car, de la même façon, parfois, je me dis que j’aimerais bien avoir une voiture ou un sèche-linge ou un petit ami ou… Ce qui est ennuyeux, c’est que, les jours où cette pensée me taraude, j’en oublie de laisser vagabonder mon esprit à la rencontre d’histoires que, elles, je veux vraiment écrire.
L’idée de devoir écrire un roman est une prison qui tue l’inspiration.
Alors, pour une fois, je ne sais pas bien si l’idée de ce billet est de partager avec vous une pensée que j’avais ou si je ne la pose pas plutôt là pour mon moi du futur, en guise de rappel salutaire.
A dans cinq ans.

Oh, Temps, mon amour !

En 1999, au début d’Un Rêve étrange…, j’ai écrit :
« Elle […] attrapait son petit sac à dos noir, dans lequel un volumineux portefeuille écrasait un vieux carnet de photos qu’elle n’osait plus regarder ».
Aujourd’hui, elle saisirait juste son smartphone, blindé de toutes les photos de…
De temps en temps, quand je relis un de mes textes, j’aime bien trouver ces références à des habitudes qui sont devenues obsolètes, en si peu de temps au fond… car je me souviens très bien que, cette année-là, je rêvais d’un bel organisateur en cuir, avec ses lourds anneaux de métal, que j’aurais rempli de cartes de fidélité, de rendez-vous notés au crayon et de photomatons.
Désormais, si je peux rester de longues minutes devant les beaux agendas vendus aux rayons Carterie, cela ne me viendrait pas à l’idée de trimballer autre chose que l’iPhone qui me sert d’agenda, d’album, de baladeur et d’appareil photo.
J’aime ces détails qui ancrent nos fictions, nous rappellent ce que nous aimions/rêvions à ces moments-là, calés devant nos claviers…
J’aime noter que Buffy se sert d’un téléphone fixe à Sunnydale quand Angel, quelques kilomètres plus loin, dans Los Angeles, se sert d’un portable,
me rappeler qu’il était mal vu que la sonnerie d’un portable trouble le bruit ambiant du bureau alors que, aujourd’hui, nous sommes tous greffés d’une oreillette,
songer que l’époque où il était autorisé de fumer dans les espaces clos ne me manque pas,
m’amuser devant un vieux téléphone filaire, mais ne pas craquer sur cet achat en songeant qu’il me serait désormais insupportable de ne pas avoir toutes les fonctions de filtrage sur un appareil (nom qui s’affiche, possibilité de se mettre en « ne pas déranger » ou de bloquer certains numéros)…

Nous sommes nos souvenirs, évidemment, recomposés, réécrits… perpétuellement,
mais nous sommes aussi nos habitudes, nos façons d’aborder un moment, un évènement.
Quand je relis Un Rêve étrange…, je sais que, aujourd’hui, les phrases seraient différentes, mais je suis attachée à cette temporalité de l’art. Une œuvre est un propos, mais c’est aussi une année, un moment…
Je crois 😉

Petit plaisir égocentrique

L’arrivée de Dimension Fées m’a donné l’envie d’une petite photo tout à fait égocentrique : une photo des ouvrages papier soit anthologies que j’ai dirigées, soit anthologies ou revues au sommaire desquelles je figure 🙂

Une vie ne suffira pas…

On raconte qu’il existe une époque où une personne cultivée pouvait savoir à peu près tout ce qu’il y avait à savoir en sciences, en arts et en lettres…
Mais, ça, c’était avant 😉

On ne peut que ressentir du vertige face à tout ce qui nous attend, tout ce que nous aimerions explorer et que, probablement, au final, nous n’aurons simplement pas le temps de voir.
Voyager : parcourir tous les continents ou, au moins, voir quelques grandes villes…
Lire tous les romans qu’on nous a conseillés, les recueils…
Ne pas rater les dernières sorties au cinéma et les séries que tout le monde a vues.
Essayer toutes les recettes de cuisine qu’on a notées sur un coin de disque dur, avec l’étape « courses » indispensable qui nous emmène à la recherche d’ingrédients que personne ne vend dans cette ville.
Déjeuner avec nos amis dans un resto qu’on s’est promis d’essayer.
Jouer plusieurs heures à… sans oublier de se laisser embarquer dans une campagne de jeu de rôle. Ou deux.
Ecrire, peindre, photographier… selon l’art qui nous inspire.
Ne pas négliger de refaire sa garde-robe car les trois uniques jeans que l’on possède nous regardent chaque matin avec un œil torve.

Et ne pas négliger de faire de nouvelles rencontres, de lier de nouvelles amitiés…

Thunderbird me prétend que ma boîte de réception contient 1.800 mails (sérieusement ? à lire ? à traiter ? à classer ?).
Dans mes favoris, j’ai noté près d’une centaine de blogs que j’avais envie de suivre (amis, créateurs, curiosités…), mais je n’y mets jamais les pieds. En réalité, je ne lis que quelques billets, quand ils sont relayés au moment précis de la journée où je passe sur un réseau social…

Cette après-midi, la mort dans l’âme, mais gonflée de bonnes résolutions, j’ai retiré de ma petite liste de forums certains d’entre eux. Non pas qu’ils aient perdu toute sympathie à mes yeux, mais il n’est juste pas possible de fréquenter, de manière qualitative, autant de communautés.

Et, au milieu de ce brouhaha plus attirant que le chant d’un millier de sirènes, je ne sais si je dois me féliciter ou enrager que mon budget et ma santé ne me permettent ni de faire le tour du monde ni de goûter à des centaines de plats ni de passer trop d’heures à lire ou sur un écran…
Pas étonnant qu’ensuite, à la retraite, on puisse lâcher qu’on « a le temps de ne rien faire !!! »

Les smartphones, connectés en permanence, rattrapent-ils un peu de ce temps qui nous échappe ?
Malvoyante, dormant 9 heures/nuit, je crois que je ne le vérifierai jamais 😉
En attendant, je termine ce billet alors même que je sais que vous n’aurez pas les quelques secondes pour y jeter un œil et je m’aperçois, fataliste, que ma priorité (hormis bien évidemment la santé et le bonheur de ma famille et de mes proches) est de vous écrire des histoires… que vous ne lirez pas, perdues au milieu de votre pile à lire menaçant d’ensevelir votre bureau.
Ou alors demain…

Le temps et les vacances ou les aventures farfelues de Cenlivane l’été

Est-ce génétique ?
Mon grand-père paternel collectionnait les montres et mon père à son tour. Comme il convient de voir grand au fil des générations, je me suis mise à collectionner les horloges.
Bref, je suis fascinée par le temps depuis toute petite, j’adore les histoires de voyages dans le temps (ma nouvelle Un Rêve étrange… est d’ailleurs sur ce thème), de paradoxes temporels, de…
Je me suis déjà penchée sur la distorsion temporelle après 21 heures, mais peut-on passer sous silence la distorsion temporelle que nous subissons aux vacances ?

Le congé, c’est un peu… le petit plaisir à venir qui nous fait tenir au boulot, l’attente, l’anticipation, le « tu vas voir tout ce que je vais faire quand je serai en vacances ! »
Et puis, le temps étant linéaire et allant toujours de l’avant, elles arrivent enfin.
Par principe, tu ne te lèves pas avant 9:00, quoi, c’est les vacances !
A 10:00, tu es devant ton écran, l’œil un peu vague, à regarder ton fil Facebook en sirotant ton deuxième café.
A 11:30, à peine habillée, tu te demandes ce que tu vas faire à déjeuner.
A 13:00, tu es au supermarché, paniquée, parce que tu n’as vraiment plus d’idées pour les repas. Parce que, en vacances, tu n’as pas un seul repas du soir à imaginer, non, mais bien DEUX repas. DEUX par jour !!!
A 15:00, alors que tu charges le lave-vaisselle, un coup d’œil sur l’horloge te fait songer qu’il faudrait que tu prépares le goûter.
Parce que c’est les vacances ! Tu ne vas quand même pas bouffer des plats tout prêts et autres choses non élaborées !!!

A la fin de tes vacances, quand tu reprends le travail, tu as juste fait à manger, fait tourner la machine à laver le linge, passé l’aspirateur et vu deux épisodes de ta série télé préférée.
Et, là, au boulot, dans la poussière grise qui s’est accumulée pendant ton absence, il est à peine 10:00 que tu as déjà répondu à tous tes méls et traité deux dossiers.

Pourquoi ? Est-ce un complot pour que le travailleur aime sa condition ?
Pourquoi aucun roman ne sortira d’aucune de tes périodes de congés ?

Parce que le temps est manipulé.
Par les E.T.
Ou par mon oncle Joe.
Ou par la NSA.

En tout cas, j’ai des preuves : mes horloges cliquettent sur les murs, je vois tout !!!

Que devient le temps après 21 heures ?

Ne me dites pas que vous ne vous êtes jamais posé la question !
Il est 21:00. Vous avez dîné avalé quelques restes planqués dans le frigo et même chargé le lave-vaisselle ; vous êtes en pyjama ; vous avez fini les deux urgences que vous vous étiez imposé pour la journée ; vous avez même répondu à Marie que, non, vous n’étiez pas libre à déjeuner demain et à Raoul que, oui, la partie de jeu de rôle était toujours prévu ce samedi.
Vous êtes libre ! Et il vous reste le temps de regarder deux épisodes de votre série préférée avant de vous coucher merveilleusement raisonnablement tôt !
Là, évidemment, vous auriez dû fermer votre lecteur de méls, FaceBook… mais une idée perverse vous traverse l’esprit : vous n’avez pas vérifié sur Wikipédia le nombre de variétés de cornichons qui existent dans le monde et c’est vrai que Vincent en a parlé à la cantine ce midi. Vous NE POUVEZ PAS aller vous coucher sans savoir, sans être sûr que…
Une petite recherche, ça prend quoi ? Deux minutes ?
FB est resté ouvert, tiens ? C’est quoi cette notification ?
Bah, vous avez bien le temps de regarder cette petite vidéo sur Youtube… Ça va vous prendre quoi ? Cinq minutes ?
La vidéo ne se charge pas, saleté d’ordi ! Vous cliquez sur celle d’à-côté : le petit chaton vraiment cro cro mignon. Non, vous ne la connaissez pas.
Thunderbird est resté ouvert aussi, tiens, et Marie vient de vous répondre. Lisez son mél, y’en a pour quoi ? Deux secondes ?
Un bref coup d’œil à l’horloge, en bas de l’écran : il est 21:45 !!! Oui, vous doutez quelques secondes de vos yeux, ces traîtres, mais, non, il n’est pas 21:10 comme il DEVRAIT, il est 21:45.
Désespéré par votre capacité à laisser le temps vous filer entre les doigts (où ? comment ? à quel moment vous êtes vous endormi ?), vous lancez un seul malheureux épisode de 40 minutes.
Vous avez été raisonnable, vous vous êtes couché tôt, vous êtes un héros ! Oh, évidemment, juste un héros du quotidien, mais, demain, quand vous serez en forme au boulot, c’est vos collègues qui pourront apprécier. La couette sous le nez, le crâne calé dans l’oreiller, vous jetez un dernier coup d’œil au radio-réveil… Il est 23:00 !
Mais il ne devrait être que 22:30, maxi…
Oui, quelqu’un pique le temps après 21:00. Mais vous ne savez pas qui.

Pourquoi les Vagabonds du Rêve ?

Ces jours-ci, je songeais à revenir un peu sur le chemin parcouru pour en arriver aux actuels Vagabonds du Rêve, ne serait-ce que pour répondre un peu aux questions implicites de mon entourage qui pense que je travaille pour Parchemins & Traverses ou CitronMeringue.
Alors, décidée à un peu d’égocentrisme et de nostalgie, je me lance.

1990 – J’ai 17 ans et je crée mon premier fanzine, Des Lyres et des Poètes, consacré aux poèmes et aux nouvelles, mais mon réseau est inexistant et les poètes ne viennent pas frapper à ma porte. Je lance également La Tribune des Vagabonds du Rêve et, là, grâce à Casus Belli et à sa chronique de fanzines, le réseau naît.
Donc, voilà, mystère levé : les Vagabonds du Rêve, ça me semblait cool comme idée, vagabonder dans les rêves…

2000 – La Tribune a vécu 14 numéros, j’ai participé au France Sud Open (une belle convention de jeu de rôle qui se passait à Toulon), on a lancé la Fédération Française de Jeu de Rôle, j’ai trouvé un travail, déménagé plusieurs fois… j’ai mis au monde Grande et Petit… et il est temps que je lance Oxalis éditions qui publiera un roman et trois numéros des Vagabonds du Rêve (la Tribune a disparu au passage), une revue-anthologie à thème.
Mais ça coûte trop cher et je préfère arrêter avant de ruiner ma famille…

2000 aussi – Lancement d’Onire.com, un site web qui se consacrera à l’actualité de nos genres favoris avec des chroniques de livres et la publication de nouvelles et d’anthologies numériques.
La sauce ne prend pas, l’équipe ne se trouve pas… et l’aventure s’arrête en 2004.

2004 – Lancement de Parchemins & Traverses qui va mélanger édition numérique et papier.
Une revue au format PDF avec des nouvelles, sans thème particulier, et des anthologies-papier à thème.
Et des chroniques, toujours.
Juin 2004, c’est la parution du n°1 de la revue qui comptera 4 numéros (le dernier étant de juillet 2007).
La formule ne me satisfait pas complètement et, en septembre 2007, elle devient donc Un mois, une nouvelle : les nouvelles athématiques ne sont donc plus regroupées, mais paraissent individuellement, toujours illustrées et au format PDF.

2008 – Je ne me retrouve pas dans les anthologies à thème et Parchemins & Traverses tel qu’il existe.
Une équipe reprend donc, en gardant le nom de P&T, les anthos-papier et je garde les chroniques et Un mois, une nouvelle sous le label de l’Axiome imaginaire (qui fut, longtemps auparavant, une association destinée à l’édition de jeu de rôle, avant Oxalis).
Mais l’Axiome imaginaire devient très vite CitronMeringue, nom de mon ancien site perso et de l’ancien forum qui a existé avant celui de P&T.

Et je continue de chercher la formule qui me convient, la bonne plate-forme pour le site…
Les chroniques deviennent les Chroniqueurs vagabonds, Un mois, une nouvelle devient les Vagabonds du Rêve.

Et puis le nom CitronMeringue disparaît et les Vagabonds prennent leur forme actuelle : un site avec des chroniques, des nouvelles…

Pourquoi je vous raconte tout ça ?
Pour le plaisir, voyons 😉

Non, plus sérieusement, je vous raconte tout ça pour que vous ne vous demandiez pas pourquoi nos premières Publications portent le logo de P&T.

Ce billet a été également publié dans la #TribuneVdR.