Changement d’année ?

Quand j’étais enfante, nous (ma famille) avons été victimes d’une grand-mère… folle ? méchante ? désaxée ? Pour poser un diagnostic précis, il faudrait qu’elle soit encore en vie et vue par un médecin qualifié. End of story. Résumons cela à : personne n’en aurait voulu comme parente, mais on ne choisit pas ses parents.
Pour nous, si Noël était un moment chaleureux, il était immanquablement suivi du Jour de l’An où une décision de justice (rendue dans des conditions douteuses) imposait à deux enfants de passer ce temps avec une grand-mère dont ils mesuraient tout à fait consciemment l’extrême méchanceté. Je ne souhaite à personne de laisser un tel souvenir de soi à son départ de la Terre.
Un jour, nous prîmes la décision de remettre en cause la décision de justice (du haut de mes dix ans, j’ai ouvert la porte et j’ai dit « casse-toi, tu pues, tu fais pleurer mes parents » — sans doute pas tout à fait, j’ai dû trembler et avoir très peur, mais je suis très fière de ce moment), mais nous n’avions pas eu l’occasion d’apprendre à fêter le nouvel an. Et je crois que ça n’est jamais venu.
Quand j’étais une jeune femme, en couple, je me suis forcée quelques années à vivre un réveillon comme il semblerait qu’il doit être vécu, avec des potes, trop de nourriture, un marqueur social qui valide que, oui, on appartient à un groupe.
Le 31 décembre dont je me souviens le plus facilement, c’est celui que j’ai passé seule à la maternité 😉
(Et de celui où j’avais 17 ans et où les suites des aventures de Raistlin — dont j’étais amoureuse, forcément — étant sorties, j’étais plus impatiente de savoir ce qui lui arrivait que de dîner avec mes parents 😛 )

Bref…
Je ne fête pas le nouvel an. Je ne le fuis pas non plus. J’ai pour principe de ne pas refuser de boire un verre ou de partager un morceau avec un·e pote car, quand on commence à fuir les autres, on se désociabilise très vite. Mais il y a un fossé entre ne pas refuser une invitation et en lancer ou aller en chercher.

Pourtant… alors que c’est complètement artificiel, je vois un intérêt particulier à passer au 1er janvier.
Au fil du temps, les petits soucis et les grosses galères s’accumulent et, parfois même pour les joies, on ne prend pas le temps de se poser et de les assimiler.
Il y a toujours des moments où… l’on se pose devant sa penderie et on décide de jeter tous les vieux vêtements qu’on ne remettra jamais… l’on se pose devant sa bibliothèque et on se dit qu’on peut donner ces livres qu’on n’a jamais ouverts ou qu’on ne rouvrira plus… l’on vire les mille mails non traités qu’on ne pourra pas traiter, de toute façon, la demande est trop ancienne…
Le 1er janvier est l’un de ces moments : les galères deviennent les évènements déplaisants d’une année archivée en N-1, on peut prétexter les vœux pour prendre des nouvelles de celles/ceux qu’on a délaissé·es, on peut croire que tout ira mieux comme les jours de rentrée, enfant, quand on prenait des cahiers neufs et qu’on se promettait que, oui, cette année, on les tiendrait bien.

Si je ne suis pas familière des fêtes, je ne suis pas indifférente aux rites qui nettoient.
Je souhaite donc à toustes celles/ceux pour qui la Saint-Sylvestre est un marqueur social fort d’être ce soir avec vos meilleur·es ami·es et, à nous toustes, je donne rendez-vous demain, avec des ennuis archivés, des cahiers neufs et de bonnes résolutions pour celles/ceux qui doivent chasser regrets ou fantômes.
Bref, je nous souhaite à toustes un bon rituel d’apaisement 🙂

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