Guardian: The Lonely and Great God (2016)

En commençant à m’intéresser aux séries coréennes, j’ai très rapidement entendu parler de Goblin (l’autre titre de la série — c’est assez fascinant le nombre de titres qu’on trouve pour une même oeuvre) qui raconte l’histoire d’un dokkaebi (et pas du tout d’un gobelin — à quelle époque reculée quelqu’un a-t-il cru bon de traduire l’un par l’autre ???) et j’étais forcément curieuse d’une histoire portant le nom d’une créature mythique. Mais je suis paresseuse et la série n’est pas diffusée sur Netflix. Puis, récemment, j’ai pris un abonnement à Viki et j’ai donc enfin satisfait ma curiosité.

Alors… même si ce n’est pas l’histoire d’un gobelin, on est bien dans de la fantasy :
Il y a environ 900 ans, un Général était si puissant qu’il a fini par devenir un dieu (littéralement) de la guerre pour le peuple, mais le Roi, mariée à sa Sœur et conseillé par le très vilain Méchant, jaloux qu’un simple général puisse passer pour l’équivalent d’un dieu, le tue (et sa sœur aussi, il fait un lot groupé).
A sa mort, le Général est transformé en dokkaebi et la vie ne pourra lui être ôtée que par sa fiancée (i.e. s’il rencontre l’amour).
C’est simple, classique et ça fonctionne.
A notre époque, le Général sauve la vie d’une femme enceinte et de l’enfant qu’elle portait. Ledit enfant, par cette magie, devient sa Fiancée, fiancée qui n’est même pas inscrite dans les registres de la Mort puisqu’elle n’aurait pas dû venir au monde/n’avait même pas de nom.
La Fiancée échappe aux faucheurs, atteint le bel âge de 19 ans, rencontre le Dokkaebi qui vit désormais en coloc avec un faucheur…

Le tout forme un récit très sympa de fantasy, avec des trucs cools, genre le voyage à travers les portes (mais pourquoi parleraient-ils anglais au Québec et alors même que toutes les pancartes sont en français ?), le Dokkaebi qui fait pleuvoir dès qu’il est morose (et pourrit la vie des gens ordinaires), des interventions divines bien gérées…
A vrai dire, je ne peux que vous invitez à voir cette série sympa, mais… certaines choses m’ont pourtant vraiment agacées et font que, même si j’ai bien aimé, ce n’est pas le grand frisson. Sauf que, pour le coup, impossible à expliquer sans SPOILER donc je vous invite à stopper ici votre lecture si vous ne souhaitez pas en savoir plus pour le moment…

[SPOILERS EN APPROCHE]

 

 

Un des gros ressorts narratifs de cette histoire est donc la mort et la réincarnation.
On découvre (on devine assez tôt, je dirais) que le Faucheur est la réincarnation du Roi et, comme de bien entendu, il s’éprend de la réincarnation de la Sœur. Quand Roi et Sœur retrouvent leurs souvenirs, cela ne fait que confirmer leur amour, mais également l’impossibilité de le vivre : le pardon a des limites, disons, et le Roi a quand même assassiné sa femme.
Pour ces deux personnages, OK, la seule issue possible est la mort/réincarnation avec l’effacement des vies passées.

Mais ce n’est pas parce que ça marche pour eux que ça marche pour tout le monde !
Le Dokkaebi meurt une première fois quand sa Fiancée a 20 ans, mais, comme il est badass après tout, il erre dans un endroit qui n’est pas répertorié (un truc du genre — c’est idiot, mais ça me fait penser à l’un de mes propres textes, l’Ange sur la traverse, où le personnage est perdu, mais pas vraiment en Enfer) jusqu’à ce que sa Fiancée, dont la mémoire a été effacée, le rappelle quand même (parce qu’ils ont signé un contrat).
Il doit lui redonner ses souvenirs et, franchement, jusque là, j’ai marché.

Sauf que… le lendemain de leur mariage (elle vient d’avoir 29 ans), elle meurt dans un accident de voiture pour sauver plein de gentils petits enfants (et c’est très bien).
Sauf qu’elle refuse de boire le thé de l’oubli (que les faucheurs servent aux morts pour effacer leurs vies passées) et elle peut donc tranquillou se réincarner et retrouver son chéri (alors qu’il devrait y avoir des conséquences si on refuse de boire ce thé, non ???).
Je n’ai absolument rien contre les fins heureuses, hein… mais, par contre, je trouve insupportables les ressorts narratifs qui ne servent à RIEN : si elle n’a pas la mémoire effacée, qu’elle meurt ou pas, quel intérêt ? Genre le seul suspens, c’est si elle va mettre longtemps à se réincarner et, sérieusement, pour un gars qui a vécu plus de 900 ans, attendre 30 ou 40 ans, est-ce vraiment une différence notable ???
La Fiancée réapparaît quand même des années plus tard dans le même costume de lycéenne, hein ! Et elle lui demande s’il la reconnait. Sérieux ?

Bref, il y a vraiment des trucs bien sympas, mais il y a un manque de maîtrise, genre de chouettes idées, mais personne n’a relu ou un truc comme ça.
Ou un auteur qui n’a pas su poser le mot FIN. Parce que, par exemple, c’est très mignon que le Roi et la Sœur puissent s’aimer dans une vie prochaine, mais… on le sait déjà quand on les voit franchir la porte de la Mort main dans la main. On n’a pas réellement besoin de voir leur prochaine vie.

Voilà, très sympa, mais ça a manqué d’un stylo rouge qui coupe de gros morceaux… et, au fond, ça m’agace parce que ça pourrait être vraiment top sinon.

Ce billet est également paru dans la Tribune des Vagabonds du Rêve.

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