Men are Men (2020)

Cette série est disponible sur Netflix et Viki sous le titre To All the Guys who Loved Me, titre qui, à mon sens, ne se justifie pas. Comme dans beaucoup de romances, deux hommes se disputent l’amour de l’Héroïne : on est très loin du « all the guys »…

!!! Attention, ce billet va contenir plein de SPOILERS de façon complètement aléatoire !!!

Or doncques, je viens de finir ce drama et… j’ai plein de choses à vous dire !
Tout d’abord, je lui en veux un peu car, au premier épisode, il me promettait beaucoup et, même s’il n’est pas mauvais, avec tant d’espoirs, hélas, il n’a pas été tout à fait à la hauteur.

Comme vous le savez (ou pas), j’aime le fantastique et les histoires d’amour et j’aime particulièrement le fantastique qui se glisse dans le quotidien et met en lumière notre monde.
Men are Men est donc complètement dans le créneau pour me séduire.

Enfants, Elle1 (incarnée par Hwang Jung-eum : She was pretty – Kill me, heal me – Mystic Pop-up bar) et Lui1 (Yoon Hyun-min, vu dans My Holo Love, ne me convainc pas du tout : il est… raide ?) manquent de se noyer et, lors de cet accident, le souvenir de leurs trois précédentes vies remonte à leurs mémoires.
Naturellement, les parents d’Elle1, pensant qu’elle délire, lui font suivre une thérapie à l’issue de laquelle elle efface ses souvenirs, en les prenant pour de mauvais rêves, tandis que Lui1 aura parfaitement conscience que c’est bien réel. (Pourquoi ??? La famille et l’enfance de Lui1 ne sont quasi pas évoquées ou expliquées…)
Ca, c’est la partie Fantastique.

Côté regard sur la société, Elle1 est une femme qui ne veut pas se marier (c’est la seule chose qu’elle conserve des souvenirs remontés : le mariage n’est définitivement pas pour elle). Elle n’a pas 20 ans, mais est bien ancrée dans la trentaine et elle est entourée de trois amies :
Elle2 est mariée, sans emploi, et se retrouve dépendante de son époux alors qu’elle adore faire du shopping. Elle2 va se disputer, trouver un travail et puis décider que les tâches ménagères, yep, ça se partage ;
Elle3 a quitté son ex-mari parce que sa belle-famille la maltraitait. Elle veut bien ressortir avec lui, mais pas se remarier… et elle fréquente deux hommes, en toute transparence ;
Elle4 veut vraiment avoir des enfants… mais pas de mari. Son personnage n’est pas assez exploité, mais on laisse entendre qu’elle devrait accomplir son projet.

Dans leurs vies passées, Elle1 et Lui1 sont tombés trois fois amoureux l’un de l’autre, mariés deux fois, fiancés une… et, à chaque fois, leur histoire s’est mal terminée.
La première fois par manque de chance, mais, les deux fois suivantes, Lui1 a caché des choses à sa dulcinée « pour la protéger » et, au final, ça a fait plus de mal que de bien.

La question des vies passées est délicate : comment se reconnait-on ?
Là, les scénaristes ne se sont pas foulés : les personnages gardent la même tête…

Aujourd’hui, Elle1 est une éditrice de webtoons et Lui1, riche industriel, combine pour l’embaucher et la mettre à la tête de sa propre plateforme de diffusion.
Sauf que, dans leur vie précédente, ils sont morts jeunes, 40 ans plus tôt, car Elle5, la Très Méchante, follement amoureuse de Lui1, leur a fait du tort et a précipité leur fin.
Et, comme ils ont gardé le même visage, Elle5 les reconnait et son obsession est intacte. Elle se met en tête de marier Lui1 à sa propre fille et, de fil en aiguille, va monter dans les tours.

Sur le chapitre de la romance, Lui1 a pour rival Lui2, plus jeune, orphelin, qui a grandi aux côtés d’Elle1. Elle le voit comme un frère, lui est très épris.

Alors, en fait… absolument tout est réuni pour en faire une vraiment bonne histoire.
Le fantastique et le mystère : comment gère-t-on nos vies passées ? Pourquoi Lui1 a-t-il fait échouer trois fois leur union alors qu’il est très amoureux ?
Les motivations de la Méchante fonctionnent : la jalousie l’a rongée au fil des années et elle en a perdu ses (faibles) repères moraux.
Les quatre amies représentent quatre chemins de femmes, différents, intéressants.
L’humour est là sous les traits des parents d’Elle1 qui sont vraiment réussis : ils sont… improbables, drôles, décalés…

Mais quelque chose ne fonctionne pas. Le rythme n’est pas génial. Lui1 est… aussi intéressant qu’un pot de fleurs (sans les fleurs). Des tas d’éléments sont passés sous silence : Lui1 a deux frères qu’on ne verra par exemple jamais. Même la résolution du mystère (Elle5 est forcément coupable de quelque chose dans leur vie précédente) ne passionne pas.

— Et, du coup, si tu n’es pas emballée, pourquoi tu nous en parles ?

Parce que, en fait, malgré ses défauts, cette série reste tout à fait regardable/un bon divertissement et j’aime beaucoup la « liste » qu’elle déroule :
le fantastique, les vies antérieures ;
un féminisme « évident » : outre les quatre amies qui sont chacune légitime dans leur choix de vie, tu as également une jeune autrice de webtoons érotiques. Quand la mère de l’autrice découvre le métier de sa fille et veut lui interdire car « honteux », Lui1 rappelle que des oeuvres, considérées comme licencieuses à leur parution, sont aujourd’hui des classiques ;
des petites touches qui fonctionnent bien, comme, par exemple, si Lui2 est très amoureux, il veut avant tout le bonheur de celle qu’il aime, pas la posséder.

Donc, oui, on peut faire du fantastique sans invoquer tous les effets spéciaux du monde.
Et on peut parler de sujets de société comme le féminisme en faisant une oeuvre de divertissement avec tous les codes du genre.

A propos Cenlivane

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