Something in the rain (2018)

Alors j’étais dans un trip « je me fais un deuxième visionnage de One Spring Night et Something in the rain » et je les chronique dans la foulée. Parce que ce sont deux œuvres que j’aime/dont j’ai envie de vous parler et qu’il parait étrange d’aborder l’une sans l’autre.
Leurs liens ?
Le même réalisateur : An Pan-seok
Un casting très très proche, notamment pour le héros : Jung Hae-in
Si Something est de 2018, One Spring est de 2019.
Même format (16 épisodes de plus d’une heure chacun), même réalisation impeccable, même partis pris esthétiques, même narration lente… et, si vous n’aimez pas cette forme de narration, les deux vous déplairont.
Et même thème : la difficulté d’être une femme dans une société oppressante.

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One Spring Night (2019)

Alors il y a les romances, avec des triangles amoureux qui sont des prétextes à ce qu’on rit de la jalousie des un·es ou des autres, dont on ressort boostée de feel good… et puis il y a One Spring Night.
Autrement dit, si vous avez envie de vous remonter le moral en cette période assez… morose, on va dire poliment, ce n’est pas la bonne pioche. Préférez par exemple Qu’est-ce qui cloche chez la secrétaire Kim ? 😉

Il y a bien deux amoureux, il y a bien un « triangle », mais ça n’est pas drôle du tout. Pourtant, j’ai beaucoup aimé puisque ce billet vient à la suite d’un deuxième visionnage.

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While You Were Sleeping (2017)

On ne réussit pas forcément une recette avec tous les bons ingrédients, mais, quand on réussit, on ne peut que dévorer le résultat. Je viens donc de dévorer les 16+ heures de While You Were Sleeping.
Les ingrédients ?
Du fantastique (des rêves qui permettent de voir le futur entre des gens dont le destin est lié), le temps (les rêves sont un reflet exact du futur), de la romance (en bonne dose), du suspens et du polar (en bonne dose), des vrais bons sentiments avec le questionnement sur les choix, le pardon, la mémoire…

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Familiar Wife (2018)

Dans les qualités que je trouve (en général) aux dramas coréens, il y a l’utilisation/exploitation du fantastique et le traitement de soucis ordinaires.
Familiar Wife réunit ces deux qualités.

Lui est un connard ordinaire. Il était amoureux d’Elle1, l’a épousée, mais, maintenant qu’ils ont deux enfants en bas âge et chacun un boulot, il lui laisse sans ciller toute la charge mentale.
Pendant qu’elle s’épuise alors que l’état de santé de sa mère se dégrade, Lui regrette qu’elle ne lui fasse pas à manger ou qu’elle prenne mal qu’il passe du temps sur la console de jeux.
Fatiguée, elle crie.
Et quand il croise Elle2, un béguin rencontrée à la fac, fraiche car aucun mari ne l’épuise, il souhaite échanger de femme.

Ici, la magie (matérialisée par un péage sur une route peu fréquentée) permet de revivre un moment-clé du passé. Le voilà le jour de leur rencontre, il l’ignore et conclut avec Elle2.
Changement d’épouse.

Comme de bien entendu, le destin va se charger de lui : non seulement Elle2 ne lui correspondait pas spécialement, mais Elle1 recroise sa route et, sans lui, hé bien… elle est toujours la fille merveilleuse qu’il a aimée.

Difficile, dans ce genre d’histoires, de parler plus longuement de l’intrigue sans spoiler.
Je dirais juste que j’ai trouvé la narration bien équilibrée parce qu’elle passe par plusieurs phases : au début, Lui est détestable, puis il apprend… Globalement, c’est assez poignant parce que le sujet abordé est l’échec, les effets de la négligence, la question des choix… mais il reste quelques moments drôles et l’on n’est pas entrainé vers le fond.

J’ai lu quelque part que la série abordait le thème de « l’usure dans la couple ». Non.
Ce n’est pas deux personnes qui s’éloignent car le temps a passé et leurs sentiments se sont usés.
Ca parle clairement de la charge mentale. Ca dit très crûment : ta femme ne peut pas sourire et te faire à manger si elle en bave au quotidien.
Le dernier épisode est un poil mou et moralisateur (il appuie un peu trop sur le message bien reçu), mais sans défaut majeur.

Donc on a du voyage dans le temps/réécriture du présent et un message basique, mais essentiel : prends soin des autres si tu veux qu’ils prennent soin de toi.
J’ai aimé l’histoire et les choix narratifs. Je ne peux pas classer ça en romance.
Dans la romance, il y a il me semble une sorte de magie amoureuse où l’on s’éprend soi-même des personnages, où l’on aimerait bien être l’un des deux : là, on est forcément compatissant, Lui a merdé, il en prend conscience avec humilité, mais… il ne fera pas battre votre coeur 😉

Bref, un bon sujet bien traité.

Ce billet est également paru dans la Tribune des Vagabonds du Rêve.

It’s OK to not be OK (2020)

16 épisodes de 70/80 minutes chacun

Diffusée depuis dimanche sur Netflix, j’ai fini cette série hier soir, à croire qu’ils avaient guetté ma reprise au taf pour que je ne puisse pas la regarder d’un seul coup pendant les congés !
Réalisateur : Park Shin-woo (vu et aimé : Jealousy Incarnate et Hyde Jekyll, Me)
Pour les rôles principaux : Elle1 incarnée par Seo Ye-ji et Lui1 sous les traits de Kim Soo-hyun (Mon amour venu des étoiles).

Sur la réalisation, je n’ai tout simplement rien à dire de pertinent : c’est bien fait. Tout est impeccable, les acteurices jouent bien, le rythme est bon.

Alors que, quelques semaines plus tôt, j’avais fait une pause en regardant Mystic Pop-up Bar, que j’ai beaucoup aimé, mais qui a une petite faiblesse, là, j’aurais pu facilement tout regarder d’un trait si je n’avais pas dû partir au travail.
On devine qui est la Méchante bien à l’avance, mais ça ne pose pas de souci particulier car le mystère n’est pas l’élément principal.

Lui1, devenu aide-soignant, est le cadet de Lui2, autiste, et, depuis tout petit, leur mère lui répète qu’il doit veiller et protéger son frère. Elle1 est écrivaine de contes de fées, riche et célèbre, mais très seule/avec un trouble de la personnalité.
Lui1 est embauché dans l’hôpital psychiatrique (nom : OK) où le père d’Elle1 est hospitalisé.
Le thème des contes de fées va servir de fil conducteur
dans les titres/propos de chaque épisode : au choix une histoire célèbre ou l’un des livres d’Elle1 ;
dans les « morales » mises en avant : la Belle et la Bête n’est plus l’histoire d’une fille qui a regardé un garçon au delà des apparences, mais une victime du syndrome de Stockholm qui pense à tort qu’elle peut changer un homme violent (l’une des patientes était victime d’un mari abusif).
Comme souvent dans les dramas coréens, la relation des héros va trouver ses racines dans leur enfance où ils se sont croisés/aimées. C’est un élément récurrent, mais je trouve qu’il fait souvent sens : pourquoi nous attachons-nous à des gens en particulier ?
La part de mystère est apportée par l’assassinat de la mère des deux frères alors qu’ils étaient enfant/ado.

L’histoire est très riche, il y a beaucoup de choses à en dire, mais j’aurais envie de résumer : regardez, ça vaut vraiment la peine !
Dans les éléments que j’ai juste envie de mettre en avant dans ce billet, je citerais :
Lui2 (Oh Jung-se) n’est pas le Rain Man hospitalisé. Il a mis des procédures en place pour vivre normalement. Au début, il est viré d’un lycée professionnel où il n’a pas sa place car on le fait travailler sur des machines-outils bruyantes, mais Elle1 l’embauche comme illustrateur (là où est sa place).
Ni Lui2, ni Elle1, ni aucun des patient.es de l’hôpital OK ne sont montrées comme des « malades mentaux ». Ce sont des humains qui ont souffert (l’un d’eux a été soldat pendant la guerre du Vietnam, une autre a été battue par sa mère…) et ils ont besoin de soins, de bienveillance, de compréhension.
Tout au long de la série, il y a un discours pour l’inclusion, contre la violence (surtout celle des parents d’ailleurs, l’histoire est à charge contre les violences familiales), mais également pour la compréhension et le partage, nos héros sans famille étant « adoptés » par leurs amis.

Globalement, il y a peu d’éléments comiques, c’est un feel good où l’on pleure facilement, mais on sourit devant les disputes d’Elle1 et Lui2 qui deviennent meilleur·es ami·es et même ce point est positif : si Elle1 peut se disputer sans barrière avec Lui2, c’est qu’elle voit un ami avant de voir un autiste.

Bref, c’est beau à l’extérieur (images, jeu des acteurices…) et beau à l’intérieur (messages, sens de la narration…).

De la colère

A moins que j’ai grave loupé quelque chose, la vie n’est pas un long chemin paisible parsemé de pétales de fleurs odorants.
Du coup, y’a des fois où on est mal, en colère, déprimé·e, révolté·e… et, parfois, on l’est tellement que ça déborde de partout. Et on aimerait que l’Autre, à défaut de nous comprendre, nous dise qu’iel ne sait pas ce qu’on ressent, mais qu’iel se sent solidaire.
Parfois, c’est un énervement perso, lié à notre histoire propre, et, parfois, c’est lié à des choses plus globales, comme la nième remarque sexiste, raciste, homophobe, transphobe…
Quand t’es bien énervé·e, t’as envie de sentir du soutien, de l’empathie… pas d’entendre Duduche t’expliquer que tu dessers ta cause car tu es trop extrême.
Duduche, c’est pas un mauvais bougre, mais il en tient une bonne, quand même. Parfois, il t’explique que, lui, il ne s’est jamais disputé avec sa femme. Il est pour la paix, toussa. A chaque fois, tu t’es mordu les lèvres pour ne pas lui rétorquer qu’il ne s’est jamais disputé avec sa femme parce que… il ne l’a jamais écoutée !
Si vos émotions sont plates sur l’encéphalogramme, c’est que vous êtes… mort·e !
Une vie sans dispute, sans s’énerver, sans passion, sans agitation… elle a un coût : celui de la fuite et du déni.
– Cenli, t’es trop extrême, y’a des gens, tu sais, ils sont super calmes et, pourtant, ils ressentent des émotions et ils se révoltent face aux injustices et…
– Je sais. Moi, j’ai une Ferrari dans mon garage, mais je ne la sors pas pour ne pas rendre les voisins jaloux.

Le combat qui ne tache pas

J’aime beaucoup l’idée que le combat féministe devrait être « modéré ».
Parce que, en fait, si t’es une nana, même quand tu combats, tu devrais te la boucler.

Spoiler alert : un combat n’est pas modéré. Il est rendu nécessaire quand les victimes décident de ne plus l’être.
Un combat est dur, violent. Et la responsabilité morale est sur la conscience de l’agresseur/oppresseur.
(Marche avec toutes les luttes.)

Merci. Bisous 💜

Et si, ce soir, vous changiez un ou deux persos ?

L’art n’est pas sacré. Il est vivant. Biologique.
Il y a quatre ans, j’écrivais un billet sur ce blog : Avez-vous peur des quotas ?
Je le relis aujourd’hui et mon opinion n’a pas changé. Le plus simple, au moins pour se lancer, ce sont les quotas.
Depuis ce billet/l’été 2016, je n’ai quasi plus écrit et, au moment même où je rédige ce mot, je n’en mène pas large, en attente d’une injection de fer… Ces quatre années écoulées ont été difficiles, pour plein de raisons, et je n’ai donc plus écrit. J’ai aussi peu lu, peu joué…
Je pourrais me lamenter en mode « ma Muse a fui, je ne suis plus une écrivaine », mais je n’ai pas de penchant pour l’auto-flagellation. La vérité, c’est que l’inspiration, c’est comme le désir sexuel : il y a des périodes fastes et des périodes creuses. Quand vous ne bandez plus pour un amoureux parce que vous êtes accablée de souci, vous ne vous dites pas « je ne l’aime plus ». Vous attendez que ça passe/de meilleurs moments.
Alors, même si je n’ai quasi plus écrit, j’ai continué à penser/cogiter… à ce que je voulais raconter, comment…
Si mettre plus de femmes ou plus de personnes LGBT+ dans mes textes me semble un exercice facile (pour moi, mais, si si, je t’assure, tu peux le faire aussi !), je continuais à m’interroger sur la diversité ethnique. Et je suis encore partagée.
Je décris peu physiquement mes personnages et cela me convient : c’est à la fois « ce qui me vient », mais c’est ce qui permet également à chaque lecteurice de s’identifier sans se poser de questions. En même temps, si le personnage est soi, il n’est pas un Autre…
Bref, à ce stade de ma réflexion (i.e. expérience personnelle ni statistique ni représentative), j’ai décidé de faire varier les prénoms, de regarder à travers le monde ceux qui me plaisent et d’y piocher allègrement.
– Ouais, mais, tu vois, quand j’écris mon texte, l’héroïne s’appelle Claire et je la visualise parce que, quand j’étais petit, j’étais très épris d’une Claire et, si je change son prénom, ce ne sera pas elle et je ne pourrais pas mener à bien mon Oeuvre.
– Alors, mon chéri, tu sais, c’est tout simple : tu écris ton texte, en rêvant à la Claire de ton enfance, et, quand tu as fini, que tu as utilisé toute ta nostalgie dans tes dialogues, ben… Claire et toi, vous devenez Giulio et Medhi. Ils se sont rencontrés sur les bancs de l’école, perdus de vue et…
– Ah, ben, non, c’est carrément pas la même histoire !!!
– En quoi ?
J’ai écrit la Princesse et le Roturier pour les 30 ans d’un gars dont j’étais amoureuse. Il était né en novembre et la nouvelle se déroulait un jour où la nuit tombe rapidement. Pour le projet de recueil Nice Parallèles où je souhaitais placer dans mon texte un chapeau qui s’envole, je me suis relue et j’ai systématiquement changé l’hiver en été. Ça peut être des soirées qui s’étirent, une héroïne en short plutôt qu’emmitouflée dans une douce écharpe… L’art n’est pas sacré. C’est le résultat du travail d’un humain qui, suivant les moments de sa vie, peut changer d’idées, d’envies, de discours.
Prétendre que l’art est sacré ou immuable, comme si une production humaine pouvait être plus précieuse que des vies, des sentiments… c’est alimenter l’idée qu’on a le droit d’être de vieux cons ou que les traditions sont forcément bonnes.
Nous changeons, nous devons changer, nous adapter. Déjà pour survivre. Mais également pour être heureux quand nos certitudes s’effondrent et que nos petits prés carrés doivent être partagés.
Alors, dans une période où la muse boit des mojitos sur une plage à l’autre bout du monde pendant qu’on est confiné à se lamenter sur sa faible production, on peut par exemple se dire : tiens, je vais reprendre ce texte et changer un ou deux persos, la saison, le lieu…
Ça vous semble dingue ?
Quand un·e illusteurice décline un même personnage en changeant ses habits, son chapeau… vous pensez qu’iel est dingue ou que c’est un processus naturel ? Ça ne vous choque pas d’acheter la version avec le chapeau de sorcier tandis que votre copine prend la version avec une casquette 😉
Bref… et si, ce soir, vous changiez juste quelques personnages, sans toucher à l’intrigue ni rien ?

L’écriture inclusive est difficile pour les dys…

– Alors, en fait, mon chéri, c’est pas l’écriture inclusive qui est difficile quand tu es dyslexique. C’est l’écriture. Tout court.
– Oui, mais on doit faire en sorte que les dys puissent écrire facilement !
– Tu peux demander à Siri d’envoyer tes textos.
– Oui, mais non, les dyslexiques doivent écrire !
– Le gars en fauteuil roulant qui ne peut pas marcher, il doit marcher ou alors on doit développer de bons fauteuils roulants, des rampes d’accès, etc. ?
– C’est pas pareil ! (Non non, bien sûr, si tu ne peux pas marcher, tu ne peux pas, mais si tu ne peux pas écrire, tu dois quand même…) En cas de panne, ton Siri, il ne marche pas !
– C’est sûr que, en cas de panne d’électricité généralisée, de pandémie ou d’invasion zombie, c’est ultra-important de ne pas faire de fautes d’orthographe.

Ce n’est qu’à 40+ que j’ai découvert mes propres handicaps, mais c’est beaucoup plus tôt, en tant que mère, que j’ai expérimenté le handicap.
Ce que j’en ai retenu, c’est que les humain.es prenaient soin les un.es des autres, créaient des outils pour se faciliter mutuellement la vie, toussa toussa…
Et en cas d’attaque zombie ?

Je vis en prenant du Levothyrox, de l’acide folique, du fer…
En cas d’attaque zombie, sans médocs, je m’éteindrais doucement. Ça ne veut pas dire que je doive arrêter les médocs now, quand ils sont dispos, ça veut dire que je sais que, si les temps devenaient durs, je serais dans les premiers départs.
Mais je n’ai aucune raison d’avancer ce départ.

Il n’y a pas de combats ou de causes qui doivent être abandonnées car moins importantes ou moins fondamentales.
Nous avons les ressources humaines pour lutter contre tous les maux, toutes les discriminations, aider tou.tes les malades, tou.tes les handicapé.es…
A nous tou.tes, nous pouvons tout faire.

– Ouais, mais quand même, ce serait mieux de pouvoir écrire…
– Alors, en fait… SPOILER : on meurt tou·tes à la fin, quelque soit la façon dont on vive. On peut forcer quelqu’un.e qui ne peut pas faire quelque chose à le faire quand même… ou on peut juste produire des outils de plus en plus géniaux pour que chacun·e d’entre nous puissent passer son temps à faire ce qu’iel aime, lire ou manger des glaces, se faire bronzer ou jouer au foot… et si on veut se forcer à faire un truc qu’on ne peut pas car on aime le défi, alors, oui, il faut le faire… pour soi, pas pour les autres.

En fait, on peut tou·tes vivre en paix en se faisant du bien, sans se forcer, si on choisit de le faire…