Je sais qu’il y a des romancièr·es qui ont une « écriture libre » : iels ne savent pas forcément où iels vont d’entrée de jeu et iels se laissent porter. Iels suivent leurs personnages, iels s’arrêtent pour contempler un décor.
Si ça se fait pour un roman, assez long par définition, ça doit être encore plus envisageable quand on écrit une nouvelle.
Pourtant, perso, si j’avais un conseil, ce serait de ne pas le faire.
Je ne dis pas qu’on doit forcément avoir un plan structuré et tout, hyper précis… mais, quand tu écris, j’aimerais que tu te poses une question : qu’est-ce que tu me racontes ? Où vas-tu ?
Je suis bien sûr que je ne suis pas le seul à tomber sur des fins décevantes.
Alors on pourrait se dire que c’est « obligé » : statistiquement, il y aura forcément des fins qui nous déçoivent.
Je n’ai pas vu la fin de la série Lost.
J’ai entendu dire que, finalement, les personnages étaient morts / au Paradis.
Du coup, je suis content de ne pas avoir perdu mon temps à tout regarder et, quelque part, je ne suis pas super surpris car je pense que ça se sentait dès le début : ça n’allait nulle part.
Et pareillement quand la résolution repose sur des éléments dont tu n’as jamais eu connaissance avant la fin.
En exemple récent, c’est ce que j’ai apprécié dans Same Day with Someone. Je ne veux pas vous spoiler1, mais tous les éléments sont là depuis le début. Et ça se voit dans la réalisation.
Ton « plan » peut être très très simple, mais il doit répondre à « où vas-tu ? »
— Et si je change complètement d’avis en cours de route ?
— Alors, ça, ça n’est pas un souci, mais, par contre, tu dois prendre le temps de refaire le chemin déjà parcouru pour vérifier que tout colle. Tu ne peux pas garder un début non relu en te disant que c’était « plutôt joli », par exemple.
Souvent, tu vas supprimer des passages entiers. Et c’est OK.
Et, en vrai, ils ne sont pas perdus. Ils sont quelque part dans ta mémoire et ils resurgiront le moment venu, quand ils correspondront mieux.
Un plan, du coup, ça peut être juste de te dire que tu vas parler de la Lune qui contemple la Terre et rêve de changer de trajectoire, de quitter l’attraction de la planète.
Et tu dois avoir a minima la réponse à seulement deux questions :
Pourquoi elle fait ça ? (ses motivations)
Comment ça se termine ? (la chute)
Ses motivations, ça peut être même seulement qu’elle s’ennuie ou la Terre l’a déçue (elle la trompe avec plein de petits satellites artificiels) ou qu’elle a reçu un message de l’autre bout de la galaxie ou…
Si elle réussit, la chute peut être des amoureux sur Terre qui étaient sortis voir la Lune et ne la trouvent pas alors que le ciel est dégagé.
Si elle rate, je peux dire que c’est parce que quelque chose d’extraordinaire s’est passé sur Terre et qu’elle décide de rester pour voir.
A ce moment-là, je suis là loin d’avoir tout le texte, mais je sais où je vais = qu’est-ce que je raconte
- Je mens, j’en meurs d’envie ! ↩︎