Fated Hearts | 一笑随歌 (2025)

Un récit bourré de rebondissements, mais qui accumule les méchant·es et que j’ai trouvé trop exagéré à mon goût
38 épisodes de 40+ minutes

Feng Suige (Chen Zheyuan) est le Grand Prince de Susha et également son grand général, Dieu de la Mort. Alors qu’il mène une bataille décisive contre Jinxiu, le pays ennemi de Susha, il est abattu d’une flèche par Fu Yixiao (Li Qin), générale ennemie et meilleure archère au monde.
Ces deux-là se recroisent assez vite dans une grotte magique qui soigne tout (disons ?) : Feng Suige fait face à sa terrible blessure, mais Fu Yixiao est amnésique. Juste après sa victoire, elle a été victime d’un accident ou d’une tentative d’assassinat.
Ce début évoque le début d’Are you the one : Lui fait croire à Elle qu’ils se connaissent et sont amis… mais la similitude s’arrête là.

Feng Suige convainc Fu Yixiao que, si on a tenté de l’assassiner, il y a des histoires louches entre leurs deux pays et qu’ils peuvent s’entraider à les résoudre… et à se venger.
D’ailleurs, la vengeance est la grande héroïne de ce récit : tout le monde veut se venger de tout le monde et, au final, ça finit en bain de sang…

Feng Suige tombe très vite amoureux de Fu Yixiao qui, malgré toutes les horreurs qu’elle a subies enfante, est… parfaite ? Si je fais abstraction du récit, son personnage est assez jouissif : elle est imbattable, une sorte de Legolas survitaminée, qui transforme son arc en arme de près au besoin, qui voit dans le noir, mais qui est également sage et bienveillante…

Xia Jingyan, l’empereur de Jinxiu, en signe de paix, propose le mariage entre son frère, Xia Jingshi, qu’il déteste profondément, et Feng Xiyang, la sœur cadette de Feng Suige.
Mais Xia Jingshi, qui est le grand chef des armées (l’équivalent de Feng Suige), est très amoureux de Fu Yixiao qui le secondait…

Je ne tente pas un résumé car je dois reconnaître une qualité à l’histoire : les 38 épisodes sont vraiment très remplis et il y a trouze millions de rebondissements.
Je vais vous faire un aveu avant de poursuivre : c’est pour ça que j’ai continué / fini de regarder alors que, en vrai, une partie de moi voulait abandonner.

Mon gros gros reproche est l’accumulation de méchant·es.
C’est d’ailleurs très curieux car, ici, tous les méchants sont caractérisés : aucun n’agit pas simple appât du gain. Ils veulent se venger de quelque chose ou ont commencé par avoir peur ou…
La seule méchante vraiment méchante sans raison, c’est la mère de Xia Jingyan, qui semble un peu l’origine de tout le mal qui se répand, en maltraitant différemment Jingyan, son fils biologique, et Jingshi, le fils illégitime de son défunt mari.

On a donc des tas de méchants, avec qui on passe pas mal de temps, dont certains vont nous émouvoir carrément… mais il n’y aura aucune rédemption.
En gros, puisque tu sais ce qui est arrivé à chacun·e, il pourrait y avoir des portes de sortie, mais… non.
La bonté et la douceur sont bien là, mais ont très peu de place. La médecine du début de l’histoire, devenue amie avec Fu Yixiao ? Disparue en cours de route. ‘fin, tu sais où elle est allée, mais tu ne la reverras plus. Son idylle naissante avec le frère de Fu Yixiao ? Seulement évoquée, les amoureux n’auront aucun temps d’écran.
La belle histoire principale entre les deux héros ? Ben, ils ont des vengeances à mener, on n’a pas trop le temps !
Le territoire secret où les héros trouvent refuge à un moment ? Ah, ben, là aussi, les gens ont des problèmes entre eux ! C’est d’ailleurs à ce moment que j’ai failli lâcher parce que trop c’est trop…

Le parti pris du récit permet beaucoup de scènes d’action, de combats… mais il construit une ambiance désespérée où personne ne respire un peu.
Les méchants ont d’ailleurs plus d’histoires que les gentils (l’entourage de Feng Suige) qui ne semblent être que soldats, sans famille ni rêves ni…

Feng Xiyang est un des pivots de l’histoire et c’est assez déroutant. Beaucoup d’éléments vont se construire autour et à cause d’elle et elle enchaîne les choix catastrophiques.
C’est d’ailleurs un des points où je trouve le récit too much car elle commence terriblement, comme Xia Jingyan, qui finit par s’éprendre d’elle, et ces deux-là auraient carrément pu avoir une sortie rédemptrice qui avait du sens : l’empereur cruel et paresseux évoluant et régnant ensuite avec elle1. Ben, non plus, on vous dit qu’il n’y aura jamais rien qui finit bien !

Après des tonnes de rebondissements, de traîtrises et de morts, le récit se termine assez brutalement. C’est amusant car, avant de rédiger ce billet, j’ai fait une recherche super rapide et le deuxième lien qui sort est un article indiquant que la fin est jugée décevante par une partie du public.
Je plussoie. Tu ne reverras pas la médecine (juste elle est mentionnée), tu ne revois pas Feng Xiyang après tout ce qu’elle a vécu et que tu as suivi, tu ne revois pas non plus le jeune frère de Feng Suige qui a été un élément important (peut-être l’un des plus gentils de toute cette histoire)…
Aucune mention de comment nos héros vont pouvoir se marier alors que Lui est prince et Elle n’a pas de famille. Oh, je ne dis pas qu’un noble ne peut pas épouser une fille du peuple, mais dis-le. Dis-nous que le gars a pensé à une solution !

Cerise sur le gâteau de ce monument de pessimisme :
L’empereur de Susha a trois enfants : le héros, sa sœur catastrophique et un second fils né de son deuxième mariage.

Je fais une parenthèse car il y a un drôle de rapport aux harems dans cette histoire.
On nous dit que chacun des deux empereurs (le père de Lui et Xia Jingyan) ont des harems, ce qui n’est pas déconnant pour des empereurs. Sauf que les femmes de ces mystérieux harems n’existent pas.
La seconde femme du père de Lui étaient l’une de ses concubines avant que sa première femme ne disparaisse mystérieusement, mais c’est tout. Il n’a que trois enfants de ses deux femmes.
Quant aux femmes de Xia Jingyan… Elles doivent vivre dans un palais sur la Lune…
Je comprends l’idée que ce sont des relations arrangées pour des questions diplomatiques, mais elles devraient avoir une certaine activité à la cour.
On se retrouve avec un récit qui n’a quasi que quatre femmes : notre héroïne qui est la seule soldate (!!!), la sœur du héros qui déclenche les problèmes et les deux impératrices qui, différemment, sont méchantes.
En vrai, pas tout à fait : l’un des méchants n’a que des gardes femmes (pour une raison qui est bien expliquée).

Fin de la parenthèse, il n’y a que trois enfants pour la succession à Susha.
Notre héros, en tant qu’aîné, doit monter sur le trône, mais il décide que c’est mieux que sa sœur s’y colle. Alors ça fait cool, hein : le héros encourage une femme au pouvoir.
Sauf que ça serait nickel si c’était sa sœur aînée, genre il reconnaît que peu importe le genre du premier enfant.
C’est sa sœur cadette qu’il dit protéger. En quoi tu la protèges si tu lui laisses faire un travail que tu juges affreux et que tu ne veux pas faire ???

Bref, si je dois reconnaître certaines qualités à ce récit, notamment si vous aimez les rebondissements multiples, j’ai déjà eu l’occasion de mentionner pourquoi je trouvais l’accumulation de malheurs un choix paresseux et, au final, je dirais que je n’aime pas cette série.

  1. Si l’empereur de Jinxiu trouvait sa rédemption auprès de la sœur de notre héros, on avait les deux pays en paix pour une raison pérenne et heureuse… Trop de bonheur, ça a dû défriser nos scénaristes du désespoir ! ↩︎

A propos Songe au bord du fleuve

Ecrivain·e, Poète·sse, Blogueur·se
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