« Un grand pouvoir implique de grandes responsabilités »

Le 19 septembre, les Utopiales ont annoncé, notamment sur FB, que, lors de l’édition qui arrive, des rencontres auteurices débutant·es avec un éditeur seraient proposées.
L’éditeur est GD, directeur chez AMI1.

Les Utopiales
Le festival est présenté dans le milieu de l’imaginaire2 comme le plus gros évènement du genre.
C’est un festival où je suis allé à plusieurs reprises et où je pense retourner à l’occasion.
Je ne sais juste pas quoi faire de cette idée de « plus gros » (si ça a un sens ?), sachant que, sur le site de la Cité des Congrès de Nantes, on peut lire : « le palais des congrès vous propose des espaces permettant d’accueillir tous vos événements de 200 à 4.000 participants ».
— Pour toi, ce serait quoi le plus gros évènement du genre en France ?
— La Japan Expo de Paris ?

Les Razzies
Je vais faire une parenthèse un peu longue pour vous parler des Razzies qui étaient décernés par la revue Bifrost pendant quelques années.
Je sais que les choses ont dégénéré (disons) à l’occasion des Razzies 2011. Je ne le sais pas parce que je m’en souviens (je ne me souviens de rien, as usual), mais parce que Lucie Chenu en parle dans un billet. Elle y écrit notamment « j’applaudis au billet de Cibylline », ce qui signifie que j’ai écrit quelque chose, mais je ne l’ai pas gardé…3
Les Razzies 2011 sont sur le site du Bélial, sous le label 2010. J’ai mis un petit moment à retrouver les infos en réalisant que le billet noté 2011 correspondaient aux 2012

Je vais revenir sur l’édition 2012.
Dans la liste des « pires nouvelles », sont citées… 5 autrices.
5 femmes à une époque où les femmes sont chassées du milieu SFFF.
Au lieu de se moquer (pourquoi pas) d’auteurs connus, on s’en prend à des femmes.
Puis, dans ces 5 femmes, il y a… ma mère.
— Du coup, tu n’es pas neutre en parlant de ça.
— Clairement pas. Il n’y a aucune neutralité sur ce blog.
Hélène Marchetto est une « toute petite » autrice. Vraiment toute petite4.
En 2011 (elle a déjà 65 ans), elle a la joie d’être publiée dans la revue Angle Mort. Qu’on apprécie ou non son texte, il a plu à la direction de la revue.
Et, parce que, l’année d’avant, j’ai critiqué les Razzies, ma mère est insultée ?
— Oui, mais peut-être que le texte leur a vraiment déplu ?
— C’est quoi l’intérêt de taper sur une nano-autrice ?
Vraiment. Je vous laisse réfléchir à l’intérêt de parler dans une revue d’une petite autrice qui ne dérange personne parce que sa fille t’a un peu soufflé dans les bronches.

— OK, tu nous causes des Razzies, là, mais quel rapport avec les Utopiales et le choix de GD en éditeur pour accueillir des débutant·es ?
— Les Razzies, c’était GD.
— Mais pas que lui ?
— Désolé, je reformule : GD et ses potes.

Si je vous parle de cette histoire de Razzies et d’une dame qui n’avait dérangé personne, c’est que c’est la seule histoire dont je peux vous parler aujourd’hui. Je sais très bien qu’elle peut sembler à la fois anodine et ancienne.
Au fil des ans, j’ai entendu de nombreux témoignages sur GD, sur son manque de fairplay envers ses confrères, sur sa participation active au savonnage de la planche pour les autrices5, etc.
Le seul exemple que je puisse livrer, c’est un exemple public où je suis impliqué directement.

Pour accueillir des débutant·es, pour être en capacité de les aider à choisir un éditeur… il faut a minima être neutre envers ses confrères, mais, mieux, les connaitre et reconnaitre les qualités de chacun.
Les Utopiales sont le plus influent festival de France et ils envoient le message, aux auteurices qu’il a blessées, aux éditeurs qu’il critique pour le plaisir, qu’il est le visage qui peut accueillir des débutant·es.

Je ne suis pas OK avec ça.
Je ne suis pas OK qu’on puisse dire du mal des autres en fonction de critères qui n’appartiennent pas à la critique littéraire légitime et se retrouver ensuite en situation de pouvoir.
Parce que, à l’échelle riquiqui de notre tout petit milieu, être l’éditeur reconnu6 au sein du premier festival du pays, c’est déjà une situation de pouvoir.

NB : Je préfère le redire même si ça rend la rédaction de ce billet un peu lourde.
Je ne parle pas ici du travail d’éditeur, au sens de technicien repérant et travaillant un texte. GD est reconnu par la profession et publie de bons livres.
Je parle bien du travail d’accueil dans la profession (l’exercice de rencontres professionnelles en festival), de la capacité à orienter vers la maison d’édition qui correspond le mieux au projet, d’accepter des profils qui ne correspondent pas à ses propres goûts et idées…

  1. J’ai choisi de mettre des initiales, alors que l’info est publique et trouvable, pour ne pas nourrir les algos de recherche, car l’objectif est d’interpeller un festival, pas de pointer une personne plus que nécessaire. ↩︎
  2. Milieu tout petit, du coup… ↩︎
  3. J’en avais déjà parlé en octobre 2023, d’ailleurs, à cause d’une autre actualité. ↩︎
  4. Bon, depuis, y’a plein d’auteurices qui l’ont eue comme anthologiste et qui en sont super content·es donc « toute petite » n’a plus forcément de sens, mais, là, on est en 2011… ↩︎
  5. — Il n’en a pas publié quelques unes ? — Oh, ben, alors, tout va bien ! ↩︎
  6. En capacité de prodiguer ses conseils sur l’ensemble de la profession… ↩︎

A propos Songe au bord du fleuve

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