The Prisoner of Beauty | 折腰 (2025)

Des rebondissements qui ne s’épuisent pas autour d’une héroïne qui nous séduit autant qu’elle emporte le cœur du héros
A binge-watcher sans complexe

36 épisodes de 40+ minutes

Réalisateurs : Deng Ke et Gao Cong Kai
Scénariste : Nan Zhen

Les grands-pères Qiao et Wei étaient amis et alliés et ont ensemble construit un grand canal pour irriguer leurs terres, mais, il y a 14 ans, les Qiao ont trahi les Wei en ne leur venant pas en aide et ceux-ci ont perdu grand-père, père et frère ainé de Wei Shao (Liu Yu Ning) qui, encore enfant, se retrouve à la tête de son clan, désormais plein de haine envers les traitres.
Décidé à rebâtir la paix, le grand-père Qiao offre en mariage sa petite fille et la grand-mère des Wei accepte, malgré toute sa peine, car Wei Shao a grandi rongé par l’idée de vengeance et ne court pas du tout vers le bonheur.
Qiao Man (Song Zu Er) est notre héroïne. C’est la 2e petite-fille et la cousine de Qiao Fan qui devrait épouser le seigneur ennemi. Les deux cousines sont réputées être les deux plus belles femmes… du monde ? Mais Qiao Man est aussi très intelligente et son grand-père a particulièrement soigné son éducation. Quand Qiao Man comprend que sa cousine est amoureuse du beau garçon d’écurie, elle décide de prendre sa place et l’aide à s’enfuir.

Même si Wei Shao est le male lead, je dirais que c’est avant tout l’histoire de Qiao Man.
Sa première tâche va être de réussir à convaincre Wei Shao d’accepter le mariage imposé par sa grand-mère puis, ensuite, elle va devoir exister dans la famille Wei sans se faire atomiser.
Notre héroïne est belle, certes, mais surtout très stratège.
Elle est décrite comme l’eau qui réussit à user la pierre et qui se fraye toujours un chemin et elle est instruite sur les questions hydrauliques qui sont au cœur de cette histoire : la construction de canaux peut irriguer et transporter des marchandises, mais aussi transporter des troupes.
Bien sûr, puisque ce sont nos héros, Qiao Man et Wei Shao ont avant tout un très bon fond, ce qui va les rapprocher.

Alors… le cœur de l’histoire, ce sont les guerres et conflits politiques entre les différents clans.
Il y a pas mal de personnages, qui sont réussis dans l’ensemble et qui ont bien chacun leur place et rôle. J’ai trouvé ça assez malin : même la fuite de Qiao Fan avec son amoureux est un élément de l’intrigue, il n’y a pas de superflu.
S’il y a quelques tensions domestiques autour de Qiao Man, elle n’est clairement pas enfermée dans son seul rôle d’épouse et elle va jouer un rôle important dans les décisions politiques et même lors d’une bataille.
La romance est le 2e fil de cette histoire, puisque son cœur est la relation entre les deux héros, mais elle s’imbrique dans la politique : ceux qui essaient de les séparer ont plusieurs objectifs.

J’ai beaucoup aimé la façon dont on nous explique les motivations de tous les personnages. Leur motivation et leurs plans.
Il y a trop d’histoires, à mon goût, où on te dit que les héros ou les antagonistes fomentent des trucs super complexes et tadam ! Tu ne vois rien venir et on t’assure que tout a fonctionné.
Ici, c’est vraiment un plaisir : tu accompagnes vraiment Qiao Man et tu peux t’enthousiasmer de sa malignité.
Wei Shao est tiraillé entre sa haine des Qiao et son amour naissant pour sa femme et, pareillement, tu peux suivre ses doutes et étapes : s’il est en colère, ce n’est pas « pour des raisons mystérieuses ».
Les malentendus ne sont pas alimentés artificiellement et il y a des moments très drôles, notamment au cœur même des disputes où notre héros est démuni face à l’éloquence de notre héroïne ou doit se débattre avec sa jalousie car, après tout, n’oublions pas que sa femme est une des plus belles femmes au monde 😉
Il commet à un moment une vraie grosse bêtise et j’en ris encore rien que d’y penser

On a une histoire riche qui ne te laisse jamais en plan,
chaque personnage est là pour une raison et on te dit laquelle,
on a deux héros avec une relation qui est convaincante et très drôle et une héroïne vraiment réussie, suffisamment réussie d’ailleurs, je trouve, pour que son côté « trop parfaite » ne dérange pas.
Parce qu’il n’est pas rare que le personnage principal soit trop intelligent, rusé, séduisant… et, là… ça passe crème en fait. Sans doute, comme je l’ai écrit plus haut, parce qu’on peut l’accompagner : elle ne sort pas des solutions parfaites de son chapeau, on la suit à chaque étape.
Le ML à ses côtés est un modèle de droiture, mais il est vulnérable, drôle et attachant dans sa maladresse amoureuse.

J’ai binge-watché l’ensemble qui est très addictif : c’est prenant, les situations sont résolues sans s’enliser, mais j’ai un bémol sur la fin.
Elle n’est pas ratée au sens où tous les fils sont résolus, y’a pas d’incohérences ou de deus ex machina, mais il y a des choses qui auraient pu être évitées et, surtout, il manque des scènes. Pas des éléments en soi car on te les donne, mais on a suivi nos personnages tout du long et tout se termine un peu brutalement. Je reste avec une drôle d’impression de ne pas avoir dit « au revoir » à tout le monde avant de partir, surtout les Qiao…

The Prisoner of Beauty a été tourné en 2023, mais n’a été diffusé qu’en mai de cette année, du coup peu de temps avant A Dream Within a Dream (fin juin). C’est assez amusant parce que Liu Yu Ning incarne le ML dans les deux et le second drama s’amuse des clichés qu’il parodie et dénonce. Or certains de ces clichés sont des scènes de The Prisoner of Beauty. Dans l’ordre où je les ai vus (le 2e avant le 1er, du coup), c’était difficile de ne pas tiquer parce que c’est un peu ridicule sur le fond… mais, en vrai, ça passe bien, ces clichés ont quand même une place honnête dans l’intrigue.

A noter que cette série est une adaptation d’un roman de Peng Lai Ke (2016).
Quand tu as aimé une œuvre, ça peut être agréable de la redécouvrir sur un autre support, mais… après quelques recherches, il s’avère que, dans l’œuvre originale, Wei Shao n’est pas le ML respectueux que le drama nous a présenté, mais un red flag violeur. Peut-être qu’il s’amende à la fin et que les héros tombent amoureux, mais… aucune histoire d’amour ne commence par des viols.
J’avoue que je suis un peu agacé car j’ai lu quelques commentaires du style « à l’époque, c’était comme ça », genre ce sont les « wokes » et la GenZ qui ont inventé le consentement.
Non. A toutes les époques, le viol n’a jamais été un élément d’une histoire d’amour.
Ça me fascine forcément que la scénariste du drama ait fait une romance réussie avec le matériau de départ… qui, du coup, ne m’intéresse pas…
Bref, ce n’est pas que le drama a censuré les scènes de sexe du roman original (c’est clairement pas la censure qui est le problème ici), c’est qu’il y avait des scènes de viol dans le roman et que le ML-drama est une personne décente.
L’un des deux réalisateurs (Deng Ke) est également le réalisateur de Guardians of the Dafeng où, comme ici, le ML-drama est respectueux quand le ML-roman était problématique. (Je ne sais pas si c’est à son crédit, mais, dans le doute, merci à lui ! J’ai aussi lu que le tournage de la scène d’intimité avec été confié à une femme et merci à elle et à celleux qui l’ont choisie !)

A propos Songe au bord du fleuve

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