Où elles prirent la parole pendant le #FIJ2022

Ce vendredi, pendant le #FIJ2022, a eu lieu la cérémonie des Graal d’or, organisée par le #GRAALSud.
Des présentateurices montent sur scène pour annoncer les nominé·es, les résultats…
Je l’ai fait l’année dernière, en petit comité devant la caméra, et j’ai volontiers redit « oui » pour cette année.
Je n’envisage pas (encore) de carrière de présentatrice, mais ça me fait plaisir de participer pour quelques mots/secondes : une manière de dire que je soutiens le GRAAL, que je suis heureuse qu’il y ait de chouettes jeux de rôle qui voient le jour… une manière de dire que j’aime ce monde créatif du JdR et que je le soutiens, quoi.
Dans la journée, avant donc la cérémonie, Nydenlafee m’a lu le discours qu’elle avait préparé pour l’occasion.
Je me suis sentie très bête : une remise de prix est effectivement un moment public, favorable à la prise de parole engagée/politique, et je n’y avais tout simplement jamais songé.
Et, si je n’y avais jamais songé auparavant, ça m’a semblé évident que je voulais plussoyer les propos de mon amie et collègue artiste.
Alors je suis passée après elle et j’ai ajouté mon petit mot.
Et la salle était bienveillante et a bien reçu nos paroles.
Et les auteurs, artistes, acteurs du monde du JdR masculins nous ont manifesté leur soutien, largement, chacun à sa manière.

Et, aujourd’hui, j’ai envie de parler de ça parce que c’est important.
Comme vous le savez (ou pas), je vis à cheval sur deux mondes : le Jeu de Rôle et la littérature SFFF.
En littérature, les prises de parole sont difficiles : public indifférent, voire parfois hostile, collègues masculins peu présents ou carrément en désaccord…
Alors tous ces gars, là, ces rôlistes, connus, fameux… qui te disent « on est à vos côtés »… c’est précieux, ça n’est pas anodin, ça n’est pas rien.

Merci.
Merci aux artistes et éditeurs, acteurs du milieu du JdR, d’être à nos côtés car, évidemment, l’art est politique et la politique, c’est penser un monde meilleur pour demain.

Nos mots, bien innocents, ont froissé quelques mascus sur les réseaux.
On a eu un classique « qui sont ces pouffes ? », quelqu’un a suggéré que mes propos devaient être la conséquence de mon célibat (hein ?) ou que nous n’assumerions pas un discours tenu en public, filmé, lors d’une cérémonie (quoi ???), mais j’ai noté un petit truc au milieu de ces insultes random.
Pour l’un de ces tristes sires, nos propos ne pouvaient être que le résultat de notre échec dans la carrière d’artiste du JdR puisque ce serait un monde dur, âpre, concurrentiel (pour les vrais bonhommes ?).

Je ne suis pas une artiste dans le monde du JdR.
Je suis une écrivaine, une poétesse, mais mon art ne s’exprime pas dans le JdR (j’y pense parfois, mais ça ne s’est encore jamais fait).
Dans le JdR, je suis une facilitatrice (avec mon frère, Jérôme Gayol, qui a œuvré 20 ans au GRAAL) : nous sommes là pour aider les artistes/éditeurs au travers de notre travail au sein de #NiceFictions et des #VagabondsduRêve.
Et, n’en déplaisent à ceux qui rêvent d’un monde viril de concurrence qui testerait le taille de nos gonades… comme dit plus haut, je ne me suis jamais sentie mal à l’aise dans ce milieu (au contraire de la littérature).
Mes amis sont des artistes (re)connus et ils n’ont pas la grosse tête ni rien.
Les auteurs, éditeurs/médias sont des gens agréables avec qui nous avons plaisir à nous rencontrer et échanger.
J’aime leur travail et je suis heureuse de ce milieu, créatif, où l’esprit ludique domine.

Parce que ce milieu est riche de ces personnes, nous sommes heureux·ses, au travers de nos labels, d’apporter un plus, des formats expérimentaux, parce que nous sommes à notre place, dans une équipe informelle, mais qui va dans le même sens.

Alors je me doute qu’un monde bienveillant, où la compétition ne donne pas le La, doit interroger et perturber ceux qui n’envisagent le monde que patriarcal, mais, dans le jeu, nous avons la chance d’être cette communauté.
Chérissons cette chance et entretenons-la.
Ca vaut le coût, vraiment.

JdR et sororité 💜

A propos Cenlivane

Ecrivain·e, Poète·sse, Blogueur·se
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