Vers une définition de la Romance… ou pas

Je suis tombé sur un bout d’interview où un éditeur expliquait que tel roman qu’il avait publié n’était pas de la romantasy
non pas parce que cette étiquette n’a pas vraiment de sens en soi (ce qui est la position que je défends)
mais parce que la romance serait un genre extrêmement codifié où les deux héros finissaient ensemble à la fin.
J’ai tilté parce que, quand je pense Romance, le premier titre classique qui me vient à l’esprit est Roméo et Juliette et on ne peut pas dire que ça colle à sa définition.

J’ai plusieurs fois blogué sur la question des genres parce que c’est une question qui m’intéresse tout court,
je me suis même interrogé sur le large spectre que constituait la Romance selon la définition que je m’en étais faite
et je me retrouve dans une situation où l’étiquette Romance est la première étiquette ici avec 95 billets (sur 379).
Si je me trompe sur la définition, il est urgent que j’en change. Si mon idée colle à peu près à l’usage, ça ne peut pas faire de mal d’en redonner la définition ici.

Première étape : l’article de Wikipédia.
Il est assez long et va tout à fait dans le sens de cet éditeur. Tout en réussissant à y glisser Roméo et Juliette (!)… et, globalement, je dirais que je ressens une forte prédominance de la définition étasunienne et je ne sais pas quoi faire avec ces infos.
Est-ce que toutes les histoires d’amour sont des romances ? Il semblerait que non, mais… pourquoi ? Et, du coup, que sont les histoires d’amour qui n’en sont pas ?

Pause
Jusqu’à présent, ici, quel usage ai-je de cette étiquette ?
Il y a quelques années, j’utilisais Love story qui me semblait plus large, sans que je sache bien pourquoi.
Je l’utilise désormais pour indiquer que l’histoire contient une intrigue sentimentale qui est importante dans l’ensemble des intrigues de ladite histoire. On peut donc avoir seulement l’étiquette Romance, mais aussi tout un tas de combinaison comme Romance / Guerre ou Romance / Polar, etc.

Le Robert en ligne est très sobre : une romance est un roman d’amour.

Google m’amène à un article du monde assez récent (26/11/25) avec un titre et un sous-titre qui devraient répondre à certaines de mes questions :
La « romance », ce genre littéraire longtemps déconsidéré, est devenue incontournable en librairie
Profitant du succès de la fantasy, la romance queer, la comédie romantique ou la dark romance, des librairies indépendantes consacrées au genre de la romance ouvrent partout en France et misent sur la proximité avec leurs jeunes lectrices.
Et la réponse est « non ». As usual dans ce quotidien, on a ce ton condescendant de vieux gars, même si la journaliste qui signe le papier s’appelle Clémentine. La romance, ce serait des romans « à l’eau de rose », dont le succès serait récent (mais on inclut Jane Austen au passage !) pour des femmes par des femmes qui boivent du matcha latte.
— T’exagères un peu, non ?
— A peine…

J’ai posé la question à ma GenZ préférée et elle m’a immédiatement répondu que la romance était n’importe quelle histoire d’amour et elle a cité Roméo et Juliette.

— Du coup ?
— Ce n’est vraiment qu’une intuition, mais j’ai le sentiment qu’il y a deux définitions.
Tu vois, y’a la mauvaise romance, il y a une histoire d’amour. La bonne romance, c’est une histoire d’amour, mais c’est de la bonne romance. #désolé

J’ai le sentiment qu’il y a deux définitions qui ne se rejoignent pas :
1/ Les « vieux » pour qui la romance est l’autre nom des romans à l’eau de rose (qui est Rose ? comment a-t-elle de l’eau ?) et, quand il y a une histoire d’amour dans une fiction qu’ils apprécient, ça n’est pas de la romance, mais « de la bonne fantasy » ou « de la littérature » ou « une science-fiction exigeante ». De toute façon, la romance, c’est pour les filles.
2/ Une nouvelle génération où le mot romance désigne tout simplement l’intrigue amoureuse.

Ma conclusion, forcément imparfaite, est que le mot a évolué et que je ne saurais quoi faire de son sens ancien.
Bref, je vais continuer à l’utiliser comme je le faisais jusqu’à présent, dans le sens simple d’intrigue amoureuse.
— C’est ton dernier mot ?
— C’est mon dernier mot !
Ou pas.
Va savoir.

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A propos Songe au bord du fleuve

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