Il existe au moins 3 façons de nommer un évènement : festival, convention, salon…
On pourrait se dire que ces termes désignent chacun une réalité différente, mais ça n’est pas tout à fait le cas : disons que cela peut désigner des concepts différents en fonction du milieu concerné. Et de l’envie « esthétique » des organisateurices dudit évènement.
Le week-end dernier se tenait donc la convention Octogônes, mais, dans le milieu du jeu de rôle (JdR), convention est le terme le plus générique et cela ne préjuge pas du tout de la taille / contenu.

En JdR, j’aurais tendance à dire qu’il y a deux façons d’aborder un évènement :
1/ On peut choisir une approche chill / week-end détente : un endroit plaisant, par exemple à la campagne, où l’on va jouer en ayant de l’espace, en pouvant rire fort.
La question du bruit est essentiel : dans une partie, on peut être 4/6 et les plus simples interactions ont un volume sonore minimum.
La configuration du lieu a un gros impact sur l’expérience de jeu.
Dans cette 1ère catégorie, on m’a mentionné le Festival du Jeu de Rôle de Kaysersberg dont ce sera la 20e édition les 9 et 10 mai prochains.
Le printemps, un village dédié à l’évènement, avec un marché « rôlistico-fantastique » dans les rues.
Je citerai aussi
RPGers1 qui ressemble à un superbe camp de vacances estival, que je n’ai toujours pas testé, mais dont on dit beaucoup de bien ;
Clans sort le grand jeu. Un petit village des Alpes-Maritimes fin août. Difficile d’accès en transport en commun, si on se place dans une perspective d’aller y passer la journée, mais un côté week-end de vacances si on a une voiture et une tente.
Tiens, d’ailleurs, en écrivant cela, je note que les trois s’appellent « festival ».
2/ L’autre voie, c’est la « rentabilité » du temps du / de la visiteur·se, disons.
Un maximum de propositions, d’éditeurs, de tables de jeux… dans un espace facilement accessible et « contenu ».
C’est la catégorie d’Octogônes et, a priori, elle est probablement la plus significative en France sur ce créneau.
Je place un bémol sur ce « plus » dans la mesure où je n’ai pas eu de retours détaillés des Joutes du Téméraire.
Les Joutes existent depuis 1988 et, perso, j’y suis allé vers 1992.
Sur leur site, au moment où je rédige ce billet, ils n’annoncent pas leurs dates 2026, mais « au printemps », donc croisons les doigts que ce ne soit pas sur le même week-end que le prochain Octogônes.
— Hein ? Mais tu viens de dire que l’édition 2025 était juste passée ?
— Oui. Ça va être justement un point de cet article.
La ville
Néanmoins, même sans retours sur les Joutes, la simple question de la ville est importante.
Les Joutes se déroulent à Nancy et Octogônes à Lyon.
Je ne vais pas faire un cours de géographie (surtout que je suis nul dans ce domaine), mais Lyon est une des villes les mieux situées pour faire venir un maximum de gens de (presque) partout en France… et en Suisse.
Sur ce créneau 2/ pendant plusieurs années, il y avait aussi le Festival International des Jeux (FIJ) de Cannes, mais c’est aussi un des sujets que je veux aborder plus bas.
Parenthèse
Je parle ici de JdR, qui est le sujet que je traite à l’occasion. Beaucoup d’évènements proposent également du jeu « en général », ce qui est le cas d’Octogônes et encore plus (disons) du FIJ de Cannes.
C’est un sujet intéressant, mais pas mon propos, ne serait-ce que par manque de compétences dans le domaine. Hors JdR, je ne suis qu’un simple joueur qui se laisse porter par ce qu’il découvre quand une pote lui propose une partie.
La première édition d’Octogônes était en 2010 et, perso, j’y suis allé en 2014.
J’y suis retourné à plusieurs reprises sous différentes casquettes : par exemple, une fois avec la FFJdR et son président actuel, Stéphane Roy, pour faire le tour des éditeurs, une fois avec un stand Vagabonds du Rêve x Nice Fictions, où j’ai d’ailleurs vendu quelques exemplaires des Dragonnets ne savent pas voler, etc.
Cette année, pour la première fois, j’y allais en tant que joueur. Pour jouer / tester des jeux que je ne connaissais pas.
Je vais d’ailleurs faire un 2e billet sur ce sujet précis, histoire de ne pas trop me disperser ici.
Le lieu
Je vais jouer la carte flemme et, en même temps, je ne vois pas d’intérêt de doublonner.
Donc je vous renvoie au billet de Stéphane ‘Alias’ Gallay qui a posté dès lundi2.
J’y étais donc en 2023 et, le samedi aprem, les lieux étaient saturés.
On m’a raconté que l’édition 2024 avait été « vraiment pire » et, cette année, des mesures avaient été prises, très satisfaisantes : l’espace était mieux exploité, plus ouvert, plusieurs food trucks à l’extérieur et un quota d’entrées fini pour le samedi.
J’en ai eu deux échos opposés : pour l’un·e, la limitation des entrées avait un impact sur les ventes et, pour un·e autre, cela rendait l’expérience des rencontres et échanges plus agréable.
Je suis dans la 2e team, mais je n’avais rien à vendre…
La big news, c’est qu’Octogônes doit déménager au moment où ils ont atteint un cap significatif.
En effet, probablement parce que Lyon est stratégiquement située et d’autres critères, voire la chance, la convention est devenue disons le principal rendez-vous rôliste du pays. C’est vraiment mon critère3 pour avoir fait le déplacement à plusieurs reprises : quasi tous les éditeurs de JdR sont présents.
Mais le Double Mixte doit être détruit (depuis des années) et la convention doit déménager sur Eurexpo Lyon.
Le premier point de cette nouvelle aventure, c’est le changement de date.
Parce que chaque lieu à son propre calendrier et l’édition 2026 se tiendra du 22 au 24 mai.
La décision de faire l’édition suivante dans 6+ mois plutôt que dans un an et demi est importante.
Côté orga, c’est une façon d’ancrer la nouvelle date (pour l’extérieur, mais également pour les partenaires locaux), de ne pas risquer la disparition des bénévoles faute d’assez d’activités à mener… mais, pour les éditeurs, cela signifie déployer les moyens d’un nouveau stand tout en calant des sorties pour se renouveler. Certains ont déjà renoncé et se préparent pour 2027.
Le nouveau lieu sera également plus excentré, plus grand et sans doute plus cher ?
Plus grand alors que tout le monde du JdR était quasi déjà là, cela signifie que ce n’est pas sur ce secteur qu’on peut imaginer une expansion pertinente.
Je pose toutes ces questions parce que c’est un moment-clé qui, par définition, va forcément être très intéressant à observer.
L’édition 2026 sera forcément difficile parce que les conditions ne seront pas idéales, mais elle devra préparer la 2027 où on pourra observer le résultat de cette mutation.
Là, pour 2025, Octogônes a annoncé une « fréquentation » de 18.200.
Par rapport à beaucoup de festivals qui gonflent exagérément leur fréquentation, ils me semblent dans la team réaliste / sincère comme le Play Azur Festival (Nice).
Peut-être que, pour continuer d’exister, il faudra qu’ils se rapprochent d’une grosse convention geek, mais, égoïstement, j’aimerais qu’ils gardent leur ADN de convention rôliste. A voir si c’est possible en déménageant.
Octogônes propose des conférences / tables rondes comme un « festival classique » (si ça a un sens), mais je n’ai pas fait attention à cette partie du programme.
La convention est sur deux niveaux : le jeu non-JdR en bas, le JdR en haut.
En haut, il y a également un espace Littérature. Il y est présent depuis des années, ça n’est pas une nouveauté, mais je ne sais pas trop quoi faire de cette info dans le sens que la convention n’a pas une « ambition » littéraire. Il y a un libraire, des auteurices auto-édité·es, Mnémos, par exemple, qui est sur les deux fronts (littérature et jeux), mais sans s’afficher comme festival littéraire en tant que tel.
Le déménagement et l’espace plus grand pourraient être un levier pour développer cette partie, transformant la convention de JdR en festival du genre (si ça a un sens de le formuler ainsi), mais Lyon est déjà la ville qui compte le plus de festivals SFFF…
A noter que le public était varié, avec des familles et leurs adolescent·es, pas mal de femmes… mais on notera que, à certaines heures où il n’y avait pas la queue aux toilettes dames, il y en avait une aux toilettes messieurs… ce qui est significatif sur la fréquentation 😉
— Plus haut, tu as parlé du FIJ de Cannes, ça a l’air d’être un gros truc aussi, non ?
— Alors… en terme de jeux non-JdR, oui, c’est l’un des évènements majeurs en France.
Sur le JdR, ça l’a été, mais ça ne l’est hélas plus.
Octogônes est organisé par une association qui compte des rôlistes dans ses bénévoles.
Le JdR fait donc partie de l’évènement en tant que tel.
Le FIJ est organisé par le Palais des Festivals / la mairie de Cannes, dans l’esprit de ses gros salons professionnels. Un changement de direction a changé pas mal de choses, pas forcément pour le visiteur lambda, mais dans l’esprit / la volonté à l’œuvre. En parallèle, il y a probablement eu un coup de mou dans le tissu associatif local, divers facteurs…
Aujourd’hui4, je ne l’inscrirais pas dans les moments-clé du milieu.
Cependant, on m’a fait noter la bonne popularité des Graals d’or, qui est un prix rôliste décerné au FIJ.
Comme je l’ai dit, je ne suis pas fan des prix, en général. Je ne relaie pas les infos et ne me renseigne pas dessus, donc je pose ça là pour exhaustivité, disons, mais sans analyse.
Ce billet a également été publié sur la #TribuneVdR.
- Merci à la personne qui me l’a rappelé ↩︎
- Je ne vois pas d’indication de date dans le billet, ça me trouble… mais ça me trouble encore plus que des gens aient des cuillères pour faire des retours dès le lendemain d’une convention. Perso, il me faut la semaine pour récupérer… ↩︎
- parce que mes moyens financiers sont très limités ↩︎
- au moment où je rédige ce billet, pas y’a 10 ans, pas dans 10 ans. D’ailleurs, j’écrivais tout autre chose en 2013. ↩︎