Une pote (25 ans) m’a demandé : « Qui est la Rowling française ? »
Alors, attention, ne vous méprenez pas : elle et moi n’avons aucune doute qu’une personne aussi transphobe que Rowling doit être boycottée, mais, avant qu’elle ne devienne Voldemort, Harry Potter a été lu par plein de petit·es français·es. Parce que les romans sont arrivés en 2001, avec nos GenZ, et, dans l’enfance et l’adolescence, ça a été probablement un de leurs passages dans le monde Fantasy.
Alors, oui, Harry Potter était plein de trucs problématiques. Perso, je n’accrochais pas trop. En tant que parent, pour bien faire mes devoirs, j’ai emmené mes filles voir les premiers films jusqu’à ce qu’elles me disent qu’on ne verrait pas les suites car ça n’était pas assez bon. (Aucune idée d’où on s’est arrêté.)
Bref, d’ailleurs, ça doit bien faire mal de grandir avec un roman-film-doudou et de te réveiller à l’âge adulte, dans un monde qui brûle, et d’apprendre que l’écrivaine de ton doudou voue une haine terrible à plein d’innocents.
Mais là n’est pas le sujet…
Elle m’a expliqué que, par exemple, si tu prenais Beyoncé : tu peux aimer ou non, mais tout le monde connait Beyoncé. Tu peux pas te pointer et dire dans une conversation « oh, c’est qui ? »
De là, on a établi l’échelle Beyoncé, ces œuvres ou ces artistes qui font partie du monde d’une manière incontournable.
On pourrait citer Victor Hugo ou Buffy contre les vampires.
On revient à la question initiale : « Y’a-t-il un·e auteurice de fantasy française actuelle qui puisse intégrer l’échelle Beyoncé ? »
Elle, qui a beaucoup aimé la série de roman La Passe-miroir, me demande si Christelle Dabos peut être considéré comme telle.
J’ai lu le premier tome de cette série (Les Fiancés de l’hiver) et j’ai trouvé ça vraiment bien, original, différent. J’ai abandonné au milieu du 3e tome (il y en a 4 en tout) et, quand le 4e est sorti, ici ou là, j’ai lu des déceptions chez mes contacts. Mais, en vrai, pour moi, c’était déjà plié, preuve s’il était besoin qu’il faut vraiment que les gens arrêtent avec les séries1.
(Ma pote, elle a aimé toute la série et la fin et, du coup, je lui ai demandé de me la raconter (la fin). Et ça ne m’a pas donné envie, si vous voulez tout savoir…)
Mais, bon, en y réfléchissant, je ne crois pas que la Passe-miroir ait un destin comparable à Harry Potter.
On a cité Damasio, hélas, je suis obligé de lui reconnaître sa notoriété même si ça me chagrine.
— Pourquoi ça te chagrine ?
— Parce qu’aucun·e auteurice de SFFF n’est connu en France.
Absolument aucun·e. Quand je parle avec n’importe qui qui n’est pas amateurice du genre, iel ne peut citer aucun auteur (qu’on croit super connu, là, autour de nous, car on est au milieu de cette communauté) et seul Damasio ressort2.
Et ça me peine parce qu’il est loin d’être l’auteur le plus intéressant du genre. Mais c’est comme Rowling ? Pourquoi elle parmi plein d’autres auteurices brillant·es ? Personne ne le sait…
Quoiqu’il en soit, Damasio ne peut pas être Beyoncé, mon univers ne s’en remettrait pas. Et, en vrai, même si je suis de mauvaise foi et que les gens dans les bureaux ne connaissent que lui, les adolescent·es ne grandissent pas avec.
Bref… pouvez-vous citer la Beyoncé de la SFFF française ?
Les coms sont ouverts même si personne n’y poste jamais !3
PS : Y’a aucune ironie dans ma question, je suis vraiment curieux (et ma pote aussi, je crois) de trouver la réponse, mais, en vrai, ladite question va avec une intuition / inquiétude : la France n’a pas de Beyoncé de la Fantasy… et ce serait peut-être bien qu’on se donne l’envie et les moyens d’en avoir…
- Alors, oui, je suis clairement de parti pris, mais… que voulez-vous que j’y fasse ? ↩︎
- Idem dans les réunions de travail ou n’importe quel contexte, en fait… En parallèle de l’échelle Beyoncé, j’ai un effet Damasio (ou, en langage courant, ma forte déprime à moi). — T’as pas un peu honte ? — Juste un petit peu. On parle du personnage public, hein, pas de l’individu. ↩︎
- Ben, ouais, après une question, t’es un peu obligé de conclure « les coms sont ouverts », mais, sachant qu’il n’y en a jamais, ça me donne un petit côté pathétique dont je ne sais jamais si on est sur du loser sexy ou juste du loser bien nul… ↩︎