Je ne lis pas de bandes dessinées. Je ne dis pas que je n’en lis jamais ou que je n’en lis aucune, mais j’en lis très peu. A cause de 2 handicaps : la prosopamnésie et la malvoyance1. Bien sûr, je vois parfois (souvent ?) passer des titres qui ont l’air bien tentant et, si j’étais sur une île déserte avec seulement accès à des BD, j’en lirais pour passer le temps… mais j’ai déjà énormément de romans à lire, de séries à voir… qui me demandent moins d’efforts (physiques).
Bref, je ne parle pas ici de BD car je n’en lis pas et ne suis donc pas curieux / instruit sur le sujet.
Je n’ai donc pas parlé de l’affaire Bastien Vivès. Bien sûr que ça m’indigne qu’une certaine catégorie de la population, privilégiée, puisse agir ainsi en toute impunité, mais d’autres personnes en parlent bien mieux que moi, vu que c’est leur secteur.
Aussi, Laurier The Fox (un artiste que je suis) a parlé sur FB de la présence de Vivès à Saint-Malo, le week-end passé, à l’occasion du festival Quai des Bulles, et j’ai naturellement relayé sa publication sur le même réseau.
Ce matin, quelqu’un partage une vidéo Insta de Cookie Kalkair. Ce n’est pas un artiste que je connais. Il était à Saint-Malo, la présence de Vivès l’indignait et il a eu l’occasion de filmer une intervention de Nous Toustes Saint-Malo.
Il partage donc son vécu : son indignation, la découverte qu’une action est organisée… et, dans le descriptif, il tague le collectif en essayant d’être précis sur le fait, le festival2, l’éditeur…
Au moment où je rédige ce billet, sa vidéo est à plus de 13.000 likes, ce qui est clairement supérieur à son impact habituel. Et c’est normal : comme moi, d’autres sont tombées dessus et plus une vidéo circule plus elle circule. C’est con dit comme ça, mais c’est le principe.
Certains commentaires remarquent que la conclusion de sa vidéo n’est pas OK.
Oui. En fait, il félicite le collectif pour son action pacifiste, mais le propos est maladroit. Et il n’est peut-être que ça : maladroit. Ça ne ressemble pas du tout à une vidéo scriptée, pensée sur des semaines.
Avec les éléments en ma possession aujourd’hui, même si sa conclusion m’agace (du coup), je ne m’en forge pas un avis définitif sur le bonhomme.
Ce qui me tracasse, par contre, c’est que je vois des commentaires dire qu’il s’approprie ce moment de combat féministe. Les personnes disent qu’elles ne likent donc pas la vidéo car il n’a rien fait.
Il y a une méfiance vis-à-vis des hommes féministes qui font du contenu sur le sujet (du féminisme). Et je comprends cette méfiance.
Il peut y avoir des intervenants sincères, mais d’autres qui y ont vu une manne et il y a une vraie question : si tu es sincèrement féministe, ne devrais-tu pas plutôt relayer le contenu de femmes féministes ?
Je ne sais pas.
C’est une question que je mets de côté car je n’ai pas de réponse et je n’en trouve pas pour l’instant.
Par contre, en regardant rapidement le profil Insta de Cookie, sauf infos que je n’aurais pas, ça ressemble à la page d’un artiste lambda, qui parle de son taf et fait sa promo.
L’appropriation, c’est prendre le contenu de quelqu’un d’autre pour en faire ton propre contenu.
Par exemple, je lis un billet super intéressant et, plutôt que de le relayer pour lui donner de la visibilité, je le réécris sans mentionner mes sources.
Ce n’est pas le cas ici : le gars partage un moment qu’il a filmé et qu’il commente.
C’est donc bien son contenu et il identifie qui a fait quoi.
Il n’a pas manifesté avec le groupe, mais est-ce que ça aurait été approprié qu’un gars s’incruste à la volée ? Et il choisit de filmer puis de relayer, ce qui est une action en soi.
— Oui, mais, du coup, il a du trafic sur sa page ! C’est sa publi qui a le plus de likes !
— Personne ne sait quel contenu va percer.
Une page Insta, c’est comme un blog : on parle de ce dont on a envie.
Vous savez mon billet le plus lu ?
Ma chronique de Pimentez votre amour. C’est un spin-off de 2 épisodes de ma série coup de cœur 2024 : Pas de profit, pas d’amour. Sauf que cette 2e chronique, en comparaison, a très peu de vues. Et que c’est elle que je voulais mettre en avant.
Ce que je veux dire, c’est que je ne vois pas comment cet auteur aurait pu penser faire autant de likes sur son coup de gueule et que, dans tous les cas, ça ne va probablement rien changer ou à la marge sur la visibilité de son travail.
Cette « accusation » de parasitisme, elle me pose souci.
Je l’ai déjà vue employer notamment contre moi, quand je publie un billet sur quelque chose qui m’indigne.
Elle me pose souci parce qu’elle mélange les définitions : quand on source, quand on explique, on ne s’approprie rien, on contribue à faire circuler l’information. On peut débattre de la qualité de l’information, mais elle est là.
Et elle tente de faire taire, en fait, l’indignation.
Une artiste est un individu qui a des choses à dire, peut-être en dehors de ses œuvres.
Et iel ne peut pas juste se taire parce qu’on ne sait jamais, peut-être qu’iel fait ça pour sa promo.
Quand des milliardaires rachètent la majorité des médias pour diffuser leur pensée unique, oui, c’est un souci.
Qu’un artiste soit connu pour autre chose que son art… c’est un souci pour ellui. Pas pour lae passante. Parce que je suis bien placé pour savoir que des vues sur une chronique de kdrama n’entrainent pas des vues sur mes nouvelles.
- J’ai déjà abordé le sujet dans un billet au mois d’août. ↩︎
- Néanmoins, le festival était bien au courant de la venue de Vivès, juste pour corriger / préciser. ↩︎