Pas de profit, pas d’amour (2024)

12 épisodes de 60+ minutes
Scénariste : Kim Hye-young

Si vous êtes en mode /flemme et n’avez pas envie de lire un billet, je n’aurais qu’une seule chose à vous dire : foncez ! Cette série est un GROS coup de coeur !

Elle1 (Shin Min-a) est la fille unique de parents « angéliques » : ils ont servi de famille d’accueil à plusieurs enfants qui sont passés et repartis. Pour Elle1, ce n’était pas une bénédiction, mais une perte : elle ne recevait pas toute l’attention qui lui était due en tant que fille unique et elle n’y gagnait pas de fratrie.

Car Elle1 accorde beaucoup d’importance à la notion de pertes et profits. Dès l’adolescence, elle s’oppose au professeur d’éducation physique car « les filles jouent au ballon prisonnier dans une petite partie du terrain de sport tandis que les garçons s’étalent au foot ; et pourquoi ne peut-elle pas jouer au foot, d’ailleurs ? »

Adulte, elle attend par exemple de ses relations sexuelles de ressentir du plaisir. Ca parait si simple et si bête formulé ainsi ? Qui sexerait pour ne pas trouver de plaisir ?

Si Elle1 apparait calculatrice et « différente », notamment aux yeux de Lui1 (Kim Young-dae), l’employé de la supérette, quand elle traine devant lui un amant « incompétent » pour acheter des préservatifs et menacer de le renvoyer s’il n’a rien à offrir, elle a en réalité un sens aigu de la Justice… des notions de gain et de perte.

En tant qu’employée dans l’entreprise dirigée par Lui2, elle se trouve confrontée au fait que Lui2 ne promeut aux plus hautes fonctions que des hommes ou des femmes mariées. Car Elle4, la mère de Lui2, traumatisée par les infidélités répétées de son mari, a maintenu Lui2 dans un véritable cocon castrateur et il ne peut travailler avec aucune femme célibataire.

— Mais c’est complètement ridicule !

— Attendez, si vous êtes pressé, je vous renvoie à la première phrase de ce billet !

Tout démarre quand Elle1 en a marre : elle découvre au mariage de Lui3, son ex, qu’il la trompait quand ils étaient ensemble et qu’il a préféré un parti plus avantageux… non pas intellectuellement ou physiquement, mais socialement. Bref, lasse de donner aux mariages des autres sans recevoir en retour, lasse de risquer de louper une promotion, elle décide de résoudre ça par… un faux mariage.

Et sollicite l’aide de Lui1, l’employé de la supérette où elle achète ses cigarettes et préservatifs. Un véritable « ange » qui rend service à tout le monde… sauf à Elle1.

Aux côtés de Elle1, tandis que son père est mort et que sa mère est hospitalisée car atteinte d’Alzheimer, sont restées deux jeunes femmes : Elle2 est une écrivaine à succès de romans pour adultes qui n’a a priori aucune expérience sur le plan sentimental et Elle3 qui relationne depuis 10 ans avec Lui4 sans vouloir se marier, alors que lui veut se marier et avoir des enfants.

Pendant ce temps-là, Lui2, très « inexpérimenté », découvre avec horreur qu’Elle4 est fan d’Elle2 et se laisser aller à poster des commentaires haineux sur le site de l’éditeur…

Tout ça vous semble étrange et ridicule ?

C’est l’objectif. Je peux même ajouter, par exemple, que Lui3, maintenant marié, va poursuivre Elle1 quand il réalise qu’elle est très compétente !

La narration est absolument maitrisée et jubilatoire : dans un cadre apparemment loufoque, on se laisse emporter par des personnages très justes et touchants qui vont nous raconter des histoires terribles, notamment autour des violences faites aux enfants (l’axe central), mais pas que.

Elle1 incarne une vision du monde simple et nécessaire, qui semble décalée alors qu’elle est factuelle et logique, tandis que Lui1 est prisonnier des promesses qu’il fait. C’est acide, c’est drôle, c’est sérieux. Et ça ne peut être aussi sérieux que parce que c’est si drôle car, en réalité, notre société absurde est ridicule et étouffante et, si l’histoire était traitée sérieusement, on s’y engluerait.

Ici, pas de mystères compliqués, on nous annonce même à l’avance les rebondissements à venir, car le propos n’est clairement pas là.

Moi qui aime les narrations courtes, c’est sans doute une rare fois où je vais écrire : mon seul regret est que c’est un peu bref. Notamment l’histoire d’Elle3 qui aborde des notions très chouettes et peu traitées.

Donc, voilà, ça parle de plaisir sexuel féminin, de mères d’un certain âge qui aiment la littérature érotique, de polyamour… et, hormis les vrais Méchants, tous les personnages sont traités avec beaucoup de tendresse, qu’ils aiment avoir plusieurs partenaires ou qu’ils soient timides et inexpérimentés.

Forcément, je suis allé regarder ce que la scénariste, Kim Hye-young, avait écrit d’autre. Et, a priori, ce drama est son second, le premier étant… Her Private Life, sur lequel j’avais écrit : « Probablement une de mes romances préférées. » Je pense que c’est clair !

A noter que sort demain un spin-off : Spice Up Our Love. Il devrait comporter deux épisodes et mettre en scène Elle2 qui « tombe » dans sa fiction. Je croise les doigts car ça peut être raté comme génial !

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Ecrivain·e | Teams #VagabondsduRêve #TribuneVdR #NiceFictions

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