Une femme forte…

C’est une conversation que nous avons eu plusieurs fois avec Dounia Charaf et je me suis dit que c’était le bon jour pour la poser par écrit.
Le féminisme est un courant politique, collectif, visant à lutter contre un certain nombre d’inégalités, de discriminations.
A ce titre, il peut facilement devenir intersectionnel puisque, si l’on pense que les discriminations liées au genre ne sont pas acceptables, on peut probablement entendre qu’elles ne le sont pas plus si elles sont liées à l’ethnie, l’orientation sexuelle, la couleur de peau, la religion, les handicaps…

Une « femme forte », personnage historique, personnage de fictions… n’est pas une « figure féministe ». Il est forcément important, en Histoire, de parler de touTEs, donc aussi des femmes historiques, mais une reine, une femme riche… est « un homme comme les autres ».
Quand le pouvoir d’une femme s’inscrit dans un système patriarcal et discriminant, en s’élevant socialement, elle devient un homme (social), elle n’abolit pas les discriminations et n’apporte pas de droits supplémentaires aux autres femmes.

— Est-ce que c’est important de rappeler cette distinction dans un monde où, de toute façon, les femmes sont invisibles tout court ?
— Oui.
Quand on liste des romans avec des « femmes fortes », on ne parle pas de féminisme.
Attention, prendre le temps de mettre en avant des personnages féminins peut être une bonne chose pour rappeler que ce n’est pas une « minorité », mais la moitié de la population, donc ça peut être une « action féministe », mais ça ne peut pas constituer un essai ou une réflexion sur le féminisme.
Une œuvre sur le féminisme doit aborder la question sous un angle politique et collectif, pas célébrer le parcours d’une femme qui a réussi (par exemple) selon des critères patriarcaux.

A propos Cenlivane

Ecrivain·e, Poète·sse, Blogueur·se
Ce contenu a été publié dans Humeurs, avec comme mot(s)-clé(s) . Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.

Laisser un commentaire