La romantasy existe-t-elle ?

Depuis quelques mois, on voit fleurir le terme de « romantasy », nous expliquant que le genre défonçait les ventes en librairies au détriment de… de quoi, d’ailleurs ? Si ton bouquin ne se vend pas, ça peut être dû à des tas de paramètres, mais certainement pas à un genre littéraire en particulier.

J’ai donc demandé à mon moteur de recherches habituel le sens que pouvait avoir ce mot et j’en ai sorti deux liens :

1/ une page Wikipédia « romantic fantasy » créée en 2006 et qui me dit :
« La romantic fantasy, dit de façon plus commune et plus moderne romantasy, est un sous-genre de la fantasy, qui intègre une dimension romantique à un récit fantastique. Souvent, l’histoire se construit autour d’une histoire d’amour et comporte de nombreux éléments d’actions, du fait de son rattachement à la fantasy. Du fait de sa dimension romantique, la romantasy est un sous-genre où l’on retrouve plus de personnages féminins, où elles trouvent une place plus importante. »

2/ un guide sur le site de la FNAC (mars 2024) :
« L’univers du roman regorge de coins et de recoins, de niches où se cachent des pépites littéraires de tout genre. Il est un petit coin littéraire qui commence à se faire une jolie place au soleil : la romantasy, contraction ou mot-valise de romance et fantasy. La romance, en littérature, désigne (sans grand suspens) les livres dans lesquels l’intrigue amoureuse constitue le fil rouge de l’histoire. Amour, passion, jalousie, trahison… font partie des ingrédients indispensables à la réussite d’une bonne romance. Quant à la fantasy, c’est un genre romanesque appartenant à la science-fiction qui mêle surnaturel, mondes imaginaires, éléments fantastiques et merveilleux. À la croisée des chemins : la romantasy, donc. Si votre cœur balance entre action et romance, ce sous-genre est peut-être fait pour vous ! La romantasy met en avant les personnages féminins, à la fois confrontées à des épreuves et situations hautement périlleuses, et tourmentées par de grandes passions amoureuses. »

Je ne suis pas contre les étiquettes. Si je sors avec un·e pote, je préfère qu’on se dise à l’avance si on va déjeuner (salé + sucré vers midi) ou goûter (sucré + boisson vers 16 ou 17h). Ca peut sembler limitant, car, en vrai, je peux vouloir ne déjeuner que de gâteaux ou prendre un burger au goûter, mais ça n’est qu’un guide, une façon de partager vite des infos générales. Et ça me convient.

Il y a donc deux façons, je pense, de manier les étiquettes :
soit l’on part sur une généralité pour se retrouver facilement (on se retrouve pour déjeuner ?) ;
soit l’on va au plus précis : je voudrais manger un burger / je suis végane / j’ai envie de me faire un Italien…

A quoi peut servir un intermédiaire entre le large et le détaillé ?

Cela fait plusieurs semaines (mois ?) que je traine en me disant qu’il faudrait vraiment que je me fende d’un billet pour écrire en toutes lettres que je pense que le Fantastique n’existe pas ou, plutôt, qu’il n’est qu’un autre nom de la Fantasy (du coup, on garde quel terme ?), mais, en digne procrastinateur·se, je suis donc en train de vous parler d’un point de détail.

(Je note au passage que la FNAC a allègrement inclus la Fantasy dans la SF…)

Que nous disent les définitions copiées-collées au dessus ? Rien.
La Romance est un genre, OK. La Fantasy est un genre, OK. On peut donc mettre ces deux étiquettes sur un récit.

On peut imaginer des étiquettes « fines » comme l’Arcanepunk ou la Bit-lit. J’en ai parlé dans deux billets datés de 2010 et ça nous permet de foncer vers une info précise. Mais quel est l’intérêt de concaténer Romance et Fantasy ? On se retrouve avec une catégorie trop large, qui ne désigne rien ou tout.

Ah, si… je viens de capter : puisque c’est de la Romance, c’est pour les filles avec des filles ?
Voilà, c’est ça : le terme « romantasy » n’est rien d’autre qu’un joli terme sexiste pour dénigrer une partie de la Fantasy. D’ailleurs, chaque fois que je l’ai vu employé, c’était dans ce sens : les éditeurs « sérieux » qui font de la vraie Fantasy pour les mecs vs les éditeurs qui ne penseraient qu’au fric, honteux soient-ils !

A propos Cenlivane

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