Une vie ne suffira pas…

On raconte qu’il existe une époque où une personne cultivée pouvait savoir à peu près tout ce qu’il y avait à savoir en sciences, en arts et en lettres…
Mais, ça, c’était avant 😉

On ne peut que ressentir du vertige face à tout ce qui nous attend, tout ce que nous aimerions explorer et que, probablement, au final, nous n’aurons simplement pas le temps de voir.
Voyager : parcourir tous les continents ou, au moins, voir quelques grandes villes…
Lire tous les romans qu’on nous a conseillés, les recueils…
Ne pas rater les dernières sorties au cinéma et les séries que tout le monde a vues.
Essayer toutes les recettes de cuisine qu’on a notées sur un coin de disque dur, avec l’étape « courses » indispensable qui nous emmène à la recherche d’ingrédients que personne ne vend dans cette ville.
Déjeuner avec nos amis dans un resto qu’on s’est promis d’essayer.
Jouer plusieurs heures à… sans oublier de se laisser embarquer dans une campagne de jeu de rôle. Ou deux.
Ecrire, peindre, photographier… selon l’art qui nous inspire.
Ne pas négliger de refaire sa garde-robe car les trois uniques jeans que l’on possède nous regardent chaque matin avec un œil torve.

Et ne pas négliger de faire de nouvelles rencontres, de lier de nouvelles amitiés…

Thunderbird me prétend que ma boîte de réception contient 1.800 mails (sérieusement ? à lire ? à traiter ? à classer ?).
Dans mes favoris, j’ai noté près d’une centaine de blogs que j’avais envie de suivre (amis, créateurs, curiosités…), mais je n’y mets jamais les pieds. En réalité, je ne lis que quelques billets, quand ils sont relayés au moment précis de la journée où je passe sur un réseau social…

Cette après-midi, la mort dans l’âme, mais gonflée de bonnes résolutions, j’ai retiré de ma petite liste de forums certains d’entre eux. Non pas qu’ils aient perdu toute sympathie à mes yeux, mais il n’est juste pas possible de fréquenter, de manière qualitative, autant de communautés.

Et, au milieu de ce brouhaha plus attirant que le chant d’un millier de sirènes, je ne sais si je dois me féliciter ou enrager que mon budget et ma santé ne me permettent ni de faire le tour du monde ni de goûter à des centaines de plats ni de passer trop d’heures à lire ou sur un écran…
Pas étonnant qu’ensuite, à la retraite, on puisse lâcher qu’on « a le temps de ne rien faire !!! »

Les smartphones, connectés en permanence, rattrapent-ils un peu de ce temps qui nous échappe ?
Malvoyante, dormant 9 heures/nuit, je crois que je ne le vérifierai jamais 😉
En attendant, je termine ce billet alors même que je sais que vous n’aurez pas les quelques secondes pour y jeter un œil et je m’aperçois, fataliste, que ma priorité (hormis bien évidemment la santé et le bonheur de ma famille et de mes proches) est de vous écrire des histoires… que vous ne lirez pas, perdues au milieu de votre pile à lire menaçant d’ensevelir votre bureau.
Ou alors demain…

Comptes à Rebours

Comme chaque écrivain, j’ai dans ma tête des « univers préférés » qui, au fil des années, s’enrichissent, se transforment…
A l’adolescence et pendant longtemps, l’un d’eux était un monde fantastique où des jeunes femmes (ou jeunes filles, quand on a 15 ans, on ne peut que devenir le maître du monde 😛 ), des sorcières, asservissaient des démons pour devenir… over badass 😀
En 1992 et 1993, j’écris donc deux textes mettant en scène Deirdre (La Belle et le Bête et Cendrillon II : le retour), personnage que je voulais humoristique.
En 1993 toujours, j’ai 20 ans et je continue sur cette lancée délibérément délirante (faire rire est déjà mon envie prioritaire) en déclinant cet univers dans un jeu de rôle : Comptes à Rebours.
Je voulais que les règles soient simples et partais sur la base d’un univers Simulacres et, puisqu’une enveloppe 20 g peut contenir trois feuilles A4, la bête ne devait pas dépasser six pages.
Comptes à Rebours est donc paru en juin 1993, illustré par Hélène Marchetto aka Elwing, qui avait également préparé une petite affiche pour une première version jamais parue 😛
Vous pouvez désormais le télécharger au format PDF en cliquant ICI.

Puis un ami rôliste, Patrick R., se propose pour m’aider à réaliser une version plus ambitieuse, encore plus délirante et…
Le temps passe, j’ai vécu d’autres aventures et cette nouvelle version, à laquelle j’avais donné le nom de code d’In Nomine Scolare/Magna Delirium, n’a jamais vu le jour.
En 1999, j’écris la Dernière (illustrée par Hélène encore), version beaucoup plus mélancolique, et je pense encore développer l’idée en deux versants : triste en littérature, dingue en jeu.
Alors que la saison 3 de Buffy contre les vampires est diffusée sur M6 (donc probablement en 2000 ou 2001), Patrick me convainc que je dois absolument regarder cette série et que je comprendrais pourquoi.
Et c’est là que tout a basculé 😉
Si Buffy est devenue ma série préférée, mon univers fantastique, qui m’avait probablement suivi une bonne quinzaine d’années… ne serait plus jamais comme avant.
En 2011, à 38 ans, j’écris enfin l’Héroïne n’a jamais quarante ans.
Ai-je fini ma boucle ?