Eye Love You (2024)

Blogguer est un drôle d’exercice (pour moi en tout cas, mais je doute être le seul) puisqu’il s’agit tout à la fois de s’adresser à l’Autre, cellui qui nous lit
donc de s’interroger sur ce qu’on a envie de lui dire, est-ce que c’est intéressant ?
mais aussi à son moi du futur, pour garder trace de pensées, d’expériences, de ressentis à un instant précis…
donc je ne parle pas que d’œuvres incontournables, marquantes et indispensables, mais de ce qui entraine ma pensée sur des chemins plus ou moins longs…

Je ne me souviens pas avoir vu de série télé japonaise donc je ne suis pas sûr que je n’en ai jamais vue, mais disons que celle-ci est la première dans ma mémoire actuelle.
J’ai regardé (vraiment beaucoup) de séries coréennes et chinoises et, forcément, au fil du temps, j’ai noté tout un tas de détails, parfois super inutiles : par exemple, dans une série chinoise, les amoureux sont susceptibles d’emménager très vite ensemble, alors que, dans une série coréenne, ils ne vont même pas s’attarder le soir l’un chez l’autre, l’emménagement étant plus lié au mariage et à la vie avec l’une des deux familles (sujet qui apparait pas mal dans Queen of Tears, notamment quand le père d’Elle demande à ce que ses petits enfants portent le nom de leur mère « par modernité » et se fait répondre par son fils que, pour lui, il a voulu que son enfant ait le nom du père
— mais qui m’évoque aussi Emma de Jane Austen où Elle ne veut pas se marier pour ne pas quitter son père).

Bref, tout ça pour vous dire que, dans Eye Love You, je n’ai aucune idée de ce qui relève des codes du pays, de ce qui est original, etc.
J’ai regardé parce que Netflix me l’affichait avec une énorme probabilité que ça me plaise et que je me suis laissé convaincre par le sujet (romance + fantastique) et par le petit plus (un rôle principal tenu par un Coréen donc l’annonce d’un croisement des cultures).

Nous avons tous des a priori, ce n’est pas forcément « bien », mais c’est une réalité. Et, comme on ne peut pas étudier à fond tous les sujets, la plupart de nos a priori nous suivent toute notre vie.
Plutôt que de les cacher, autant en parler pour ce qu’ils sont, des a priori, donc des idées basées sur du… rien.
J’ai une réticence envers la culture japonaise à cause de la place que la femme y occupe. Il n’y a aucun « pays féministe », mais les représentations culturelles peuvent s’affranchir des vraies habitudes des vrais gens. Enfant, j’ai forcément été baigné d’animes (Dragon Ball, les Chevaliers du Zodiaque…), mais, dernièrement, j’ai lâché un anime en cours de route car j’étais mal à l’aise avec le perso féminin principal, disons… anormalement douce et soumise ?
Donc, voilà, j’ai bien aimé Eye Love You, mais j’ai de gros bémols sur le personnage d’Elle : elle est clairement rigolote (elle se met en colère quand elle a faim et apprécie la nourriture plus que la moyenne), elle est PDG d’une entreprise écoresponsable qui produit du café et du chocolat… mais, alors qu’elle peut être colère et qu’elle dirige une entreprise, elle adopte des codes de soumission et s’excuse en permanence, voire semble craindre son associé (et employé) — qui est super gentil, en fait.

Le propos :
Suite à un accident, Elle lit désormais les pensées des gens quand elle croise leurs regards. Si cela peut aider dans la gestion en affaires, elle n’ose plus nouer de relations romantiques.
Puis elle croise un séduisant Coréen, gentil, intelligent, bon cuisinier… et, si elle entend bien ses pensées, elle ne peut les comprendre.
En parallèle, Lui possède un livre illustré pour enfant, en coréen, qui raconte l’histoire d’une petite fille qui lit dans les pensées…

L’histoire est relativement courte (10 épisodes de 46 minutes, mais le premier en fait 60), il n’y a aucun Méchant : on est sur du fantastique doux. Le motif principal est la question de la place d’un super pouvoir dans les relations, avec le mystère autour du livre pour enfants qui semble raconter (prédire ?) l’histoire d’Elle et Lui.

De ce que j’en perçois (donc en tant que personne non qualifiée pour parler de la culture de ces deux pays), l’humour joue surtout sur les différences entre pays : Lui peut sembler impudique aux yeux d’Elle tandis qu’Elle semble trop farouche, grosso modo.
Elle2, la meilleure amie d’Elle, porte le rôle de la femme sans barrière, sans timidité, qui fonce (mais semble étrange aux yeux de son entourage).
Mais la différence Japon/Corée est également au service de la séparation rationnel/fantastique : lors d’une recherche internet (en japonais) sur le fait de lire dans les pensées, un personnage tombe sur des liens qui le renvoie vers les maladies mentales et il ajoute alors « Corée » dans sa recherche et trouve du contenu plus mystique (et utile à son enquête).

En résumé, on a donc des ingrédients réconfortants (des personnages gentils, une intrigue amoureuse et fantastique) et un tout bien sympathique.