Assoupi à flanc de colline, gorgé de soleil, le temple s’arrondissait en gradins éclatants autour du parvis circulaire pavé de blanc. Les lourdes plaques d’obsidienne dont ils avaient été revêtus s’étaient descellées par endroits, dessinant d’inquiétants sourires ponctués de buissons malingres. Sur les dernières rangées, quelques eucalyptus, d’immenses pins millénaires étendaient leurs doigts arthritiques, indifférents aux criaillements moqueurs de quelques mouettes isolées.
Au loin s’étendait la mer, à peine devinée, dans le gris-bleu tremblant d’une chaleur brumeuse.
J’ai été là. Immobile au bord d’un bassin au fond pierreux oublié des eaux mêmes du ciel. J’ai attendu. Et je suis là encore. Immobile, invisible à quiconque pourrait passer, si quiconque passait un jour. Les renards, les furets, les insectes mêmes l’ont su mais eux aussi l’ont oublié et sont revenus. Ainsi, s’il passait, ce promeneur solitaire, ne verrait-il là qu’une ruine. Une ruine si parfaitement ordinaire qu’il n’y discernerait rien de l’absolue solitude qui y règne et sur laquelle je veille depuis si longtemps qu’aucune légende ne garde trace de moi. Moi, le Gardien, le veilleur de l’éternité.
J’avais acheté cet essai il y a quelques semaines, mais il s’était entassé sur ma Pile à Lire. Puis, là, en lisant un article ALC qui n’hésitait pas à prétendre que lesdits linguistes n’étaient que des idéologues (quand quelqu’un affirme que la science est une idéologie, c’est un bon gros red flag), je me suis dit qu’il était temps de le lire pour vérifier de quoi ça parle. (Je n’avais parcouru que le site qui est déjà pas mal intéressant.)
C’est un essai assez court. Je ne pense pas que son objectif soit de nous apprendre quelque chose, mais bien plutôt de rappeler quelques points, de prendre le temps de se remettre en perspective.
Je suis né au début des années 1970. Même si j’aimerais que ce ne soit pas le cas, j’ai été formaté comme tout le monde et j’ai cru à une langue « belle et pure » pendant une période de ma vie. J’ai adhéré d’autant plus facilement à cette croyance que, pour une raison que j’ignore, j’étais doué en orthographe (je pense que toutes ces règles me plaisaient, comme une sorte de jeu de société un peu improbable, avec son lot de devinettes et d’essais foireux), mais cette croyance n’a pas résisté à mon amour de l’écriture. Rien que pour les dialogues, il m’était indispensable de m’emparer des formes orales. Bref, comme j’aime notre langue, je l’aime vivante et plurielle (parce que, bon, dire « je t’aime, mais je veux te voir mort », ce n’est pas trop mon kink).
Essai donc qui permet de se remettre dans le bain, de se rappeler un peu les règles que je veux m’imposer (ou non) en tant qu’écrivain ou éditeur… et que je vous invite à lire pour vous sentir plus à l’aise quand de vieux mâles dépassés veulent vous faire croire qu’ils sauraient mieux causer la France que vous 😉
Elle1 est atteinte d’une maladie incurable et va mourir. Lui1 est la Mort. Cela faisait quelques temps que la série me faisait de l’oeil, s’invitant dans les suggestions que me faisait Netflix, mais je peinais à la lancer : un personnage principal qui va mourir, c’est un sujet qui n’est pas simple et ça peut donner du très bon comme du très mauvais…
Et puis l’ennui des journées d’été m’a fait franchir le pas. Heureusement.
Elle1 a une vie de galères. Orpheline, responsable de Lui4, son jeune frère, elle travaille comme éditrice, mais le PDG est toxique et incompétent et elle découvre que son petit ami était… marié. L’annonce de sa maladie (et de sa mort prochaine) ne semble qu’un élément de plus dans cette vie ingrate qui peut bien finir. Elle attire alors l’attention de la Mort.
5.000 signes #fantastique [2016] Temps de lecture : 5 minutes
Ça commence toujours de manière anodine : le café s’est renversé ou le chat a vomi. T’es un peu agacée, mais ce n’est pas si grave, tu peux gérer. Puis la journée avance et, de petites contrariétés en petites contrariétés, ta vie part en sucette sans que tu l’aies vu venir. Nous venions de nous disputer. Encore. Il avait fini par me lâcher qu’il n’avait jamais été amoureux de moi, que j’avais le caractère le plus épouvantable du monde et qu’il me détestait, probablement, aussi, mais, avec le recul, ce n’était vraiment pas la première fois qu’on avait ce genre d’échanges et tout était encore sauvable. Nous étions samedi matin, nous aurions dû être en route pour la merveilleuse petite auberge romantique dans laquelle il nous avait réservé une nuit et nous étions assis dans sa voiture, garée au sous-sol, en train de nous dire des horreurs. Du coup, la matinée elle-même n’était pas sauvable à proprement parler, mais nos deux vies, dans leur ensemble, n’en semblaient pas pour autant compromises.
J’avais beaucoup crié, dans l’espace trop étroit de sa petite Peugeot, j’avais même pleuré, puis, décidée à donner une belle force dramatique à mon départ (après tout, il venait de me dire qu’il ne m’avait jamais aimée), j’ai voulu m’extirper de la voiture, genre départ de la scène, je claque la porte, on ne se reverra plus jamais. J’ai ouvert la portière, je me suis prise les jambes dans la bandoulière de mon sac à main dont le contenu s’est renversé sur le sol de béton du parking, j’ai commencé à courir après mes clés qui s’enfuyaient en roulant. Il a voulu sortir de la voiture pour m’aider, il a marché sur mon étui à lunettes qui a lâché un sinistre crack, on s’est rentré dedans dans la panique. Le télescopage m’a obligée à le regarder en face et, là, mon cœur a loupé un battement : il avait les larmes aux yeux.
A ce moment, je sais ce que vous vous dites : ils s’embrassent, ils s’excusent, leur week-end va finalement plutôt se dérouler mieux qu’il n’a commencé… Vous vous trompez. Alors que, embarrassés parce que je l’avais vu pleurer, parce qu’il savait que je l’avais vu pleurer, nous continuions vainement à rassembler le contenu de mon sac, la porte du parking, à plusieurs mètres de la voiture, s’est ouverte sur un groupe de jeunes. Bruyants. Eméchés ? Hé, les gars, il est dix heures du mat’, il est trop tard pour revenir de boîte ! Nous ne leur avons pas prêté attention, au début, nous étions bien trop absorbés par nos propres émotions, mais ils s’approchaient et il nous a bien fallu les regarder.
Elle referma le livre et le posa entre le clavier et elle, ralluma l’ordinateur et chercha sur la Toile. Pourquoi disait-on qu’un roman pouvait vous tomber des mains ? Il ne tombait jamais des mains, on se contentait de le reposer, juste, tuée d’ennui. Tuée ? Terrassée serait sans doute plus correct. Qu’avait-il donc sorti la veille ? Qu’étant donné le nombre de fois où elle était morte d’ennui, de dépit ou autre, elle ferait bien de prendre des actions chez un marchand de cercueils ? Quel idiot ! Il lui reprochait son humour lamentable, mais il n’était guère plus doué ! Bref, elle chercha. Elle chercha entre les lignes, parmi les critiques positives et négatives, ce qu’elle devait attendre du roman entamé qui lui arrachait des bâillements et, au final, elle conclut prosaïquement qu’elle ne s’était jamais forcée, à rien, et que ce n’était pas aujourd’hui qu’elle allait commencer. Elle contempla le poche d’un œil torve, limite menaçant, l’attrapa et alla le jeter dans la poubelle de la cuisine. L’horloge du four indiquait 22:16. Pas vraiment le temps de commencer quelque chose, autant aller se coucher. Elle se brossa les dents, enduisit ses mains de crème avant de les frotter consciencieusement, persuadée de retarder un peu leur déchéance inévitable, et se glissa sous la couette après avoir éteint les lumières dans l’appartement. Ce pauvre livre n’avait pas su lui plaire. En même temps, pourquoi son auteur avait-il cru devoir raconter des choses si ordinaires, si banales… Se mettre sur l’autre côté… Au moins, le collègue d’écriture avait-il essayé… Elle pouvait bien la ramener, elle qui n’avait plus écrit depuis… oh… Tout était de sa faute ! A lui ! Lui qui avait osé sortir, alors qu’elle lui annonçait qu’un de ses textes venait d’être retenu pour publication et juste après avoir fait semblant de l’encourager par un traître « tu ne dois plus douter de ton talent, maintenant ! » : — Tous ces textes, ils sont un peu vieux. Quand est-ce que tu t’y remets ?
9.600 signes #romance #fées Temps de lecture : 9 minutes Spéciale dédicace à l’année 2020…
Journal de bord, année 2020 Lundi 2 novembre, il est 19h. Entrée sur Facebook : Maintenant que j’ai fini les comédies de Noël sur Netflix, c’est quoi le programme ? Cette année a été… particulière, disons. Le pays est reconfiné même si ce n’est pas bien clair. Certaines collègues sont au travail comme si rien n’avait changé, d’autres sont coincés à la maison, enfermés, déprimés. Je suis au nombre de ceux qui se retrouvent devant leur ordi, à produire… quelque chose. Ne me demandez pas quoi, je n’en suis pas certain moi-même, mais, à la fin du mois, mon salaire arrivera sur mon compte en banque et, tristement, je n’ai plus aucune autre préoccupation. En réalité, ma pile à lire est loin d’être basse, mais, avec l’automne et les journées grises, quand la nuit tombe, je rêve de contrées lointaines, le papier me semble désormais froid. Gris. Comme mon humeur. Nouveau message. J’avoue, c’est une sale manie, mais j’ai tendance à ne pas regarder l’expéditeur. Mon œil capte vaguement un avatar, que je pense reconnaître, et, souvent, je me mets à pester sur telle ou telle phrase avant de réaliser que la personne qui me parle n’est pas du tout celle que je crois. Vais-je changer ? Je ne crois pas. Nouveau message : Jour d’ennui, nouveau jeu, on est sauvés ! Et un lien. Sur lequel je clique, forcément. J’ai fini toutes les comédies de Noël.
L’histoire ne se termine jamais bien. Si, parfois, le prince épouse la princesse, il finit par la quitter pour l’une des Méchantes Sœurs. La princesse, après des soucis de santé, voire des soucis financiers, finit alcoolique et sa dernière aventure sentimentale (sentimentale, vraiment ?), quelques semaines avant sa mort, sera probablement un poivrot pathétique qui lui met la main aux fesses. Il ne faut donc ni être princesse, ni même être Méchante Sœur, parce que personne n’a envie de vieillir auprès du prince, macho et fainéant, qui n’a aucune conversation. Il ne faut pas non plus être la gentille fée parce que, après quelques centaines d’années à voir les autres se peloter grâce à nos bons soins, on finit aigrie et frustrée. Il est donc probable que les seuls rôles valables soient ceux de la distribution masculine. Pas le prince, on vient de vous dire qu’il n’avait aucune conversation. Non. Le palefrenier, tranquille, sans souci, qui aide les dames à monter à cheval et qui, à chaque fois, se rince paisiblement l’œil sur leurs dessous : petites culottes aux couleurs bariolées, culottes de dentelles, absences de petite culotte… Car, oui, il n’y a pas de vie plus enviable de celle de notre palefrenier. Regardez-le bouchonner paisiblement ses chevaux, astiquer bricoles et selles, siffloter avant d’aller renverser la servante dans une botte de foin.
— En palefrenier ? C’est ton dernier mot ? Le démon est embarrassé : la princesse trentenaire le regarde d’un œil mauvais et ne semble pas démordre de sa décision. Après tout, qu’à cela ne tienne, cette pimbêche est bien libre de tous ses mauvais choix. Une voix, au fond de lui, lui susurre que les choses devraient être différentes, mais puisqu’en palefrenier elle veut se réincarner… Il signe le formulaire, applique quelques tampons, souffle doucement sur les papiers pour les faire sécher et la jeune femme repart, toujours avec son air décidé.
7.770 signes #fantastique #anges #Apocalypse Temps de lecture : 7 minutes TW suicide
Marie et Paul restèrent un instant à se regarder, installés à la table de la salle à manger. Ils avaient couché les enfants qui devaient s’être endormis maintenant et les restes du repas étaient toujours là. — Ce n’est peut-être pas utile de tout ranger, fit enfin remarquer l’homme avec un sourire qu’il espérait heureux. — C’est quand même mieux quand c’est tout propre, répondit Marie sans soutenir davantage son regard. Elle avait parfaitement conscience qu’il y avait quelque chose de ridicule dans ce souhait, mais elle commença à débarrasser et son mari l’imita. Ils chargèrent le lave-vaisselle, il passa l’éponge sur la table tandis qu’elle donnait un rapide coup de balai. Ils n’arrivaient plus à se parler, ils avaient trop fait d’efforts tant que les enfants étaient réveillés. Les enfants. Un gentil garçon, une gentille fille. Une vraie histoire de conte de fées. — Il y a un film que tu as très envie de revoir ? Ils avaient tout rangé et il n’y avait rien d’autre à faire. Elle prit une profonde inspiration et le regarda enfin bien en face : — Est-ce que tu m’en veux si je préfère… tu sais… c’est fini, maintenant… — Je comprends, fit-il simplement. Ses yeux se gonflèrent de larmes qu’il fut incapable de retenir. Le cœur lourd, il se dirigea vers son bureau et il entendit qu’elle se rendait à l’étage. Il n’avait pas besoin de la voir pour savoir exactement ce qu’elle faisait : elle était entrée dans la chambre de Julia et avait déposé un baiser sur son front, puis elle avait eu exactement les mêmes gestes pour Thomas. Ensuite, elle s’était rendue dans leur chambre où elle l’attendait, en se forçant à ne pas pleurer pour qu’il ne soit pas plus triste qu’il ne l’était déjà. Il n’avait pas son courage. Toutes ces années comme médecin, il n’avait jamais pu se forger une opinion définitive sur l’euthanasie. Et aujourd’hui… Elle ferma les yeux avant qu’il n’enfonce l’aiguille, après qu’ils se soient dit « au revoir ». Ce n’était pas évident d’être le dernier, mais il était médecin, ce n’était pas elle qui allait faire ça… Ils partaient juste un peu en avance parce qu’elle était chercheuse dans le bon laboratoire et avait su plus tôt. Les gouvernements ne pourraient pas cacher l’information très longtemps et ils ne seraient pas là pour voir la suite. C’était la fin du monde et les humains ne pouvaient plus réparer leurs erreurs. Marie et Paul étaient sincèrement désolés pour ceux qui assisteraient à la fermeture.
9.000 signes #romance #fantastique Temps de lecture : 9 minutes Le premier jet de cette nouvelle a été rédigé à l’occasion du match d’écriture de la Convention Nationale de SF 2016.
Samedi 9:47 Dans la cuisine, les aiguilles de l’horloge cliquètent et le narguent. Comme chaque samedi. Il reste encore quelques minutes, mais il est prêt, que peut-il faire de plus ? S’il reprend un café, il sera trop nerveux et il l’est déjà bien assez. Elle ne sortira pas de chez elle avant dix heures. Elle n’est pas du matin. Elle ne sort jamais avant dix heures. Elle descend jusqu’au marché aux fleurs dans l’idée de s’acheter un bouquet « puisque personne ne lui en offre jamais ». C’est là qu’il l’abordera. Sous un prétexte futile. Il en a plein en stock et, au final, il pourrait réutiliser le même à chaque fois, il ne change que pour lui puisqu’elle… Il la bouscule par hasard et il est vraiment désolé. Ou il lui sourit en croisant son regard. Ou… Il a réalisé que ce n’était au fond pas très important parce qu’il lui plait et qu’elle a envie de se laisser faire. Pour elle, cela fait désormais plusieurs années qu’elle n’a pas eu d’histoires et il y a quelque chose en lui qui… Alors… Alors il va l’aborder, il lui offrira les fleurs qu’elle est venue s’acheter, ils prendront un café puis ils se baladeront le long de la mer, tout à côté, sauf l’été car le soleil tape beaucoup trop fort et elle ne veut pas s’y exposer.
— Oh, désolé, je suis en train de te spoiler… — Non, mais continue, ça m’est égal.
Quand j’étais enfant, je lisais beaucoup de polars (Agatha Christie en tête) et je jetais un oeil, toujours, à la dernière page peu après avoir commencé ma lecture (tiens, j’en parlais déjà dans ce billet). Ca ne m’apprenait rien du tout, en réalité, car une dernière page sans contexte est rarement éclairante, mais cela ne me décourageait pas de recommencer avec le suivant.
Netflix vient de commencer la diffusion de Doctor Cha. Elle, après des études de médecine, a laissé tomber sa carrière prometteuse pour celle de mère au foyer. Après un grave incident de santé et alors que ses enfants sont déjà grands, elle décide de reprendre son parcours de doctoresse. Le triangle amoureux autour d’Elle va convoquer Lui1, son mari infidèle, et Lui2, le beau médecin élevé aux USA.
Le début est sympathique et me donne envie de continuer. Pour cette romance, il y a deux issues possibles : soit elle reste avec Lui1 car il va la redécouvrir et revenir vers elle, soit elle divorce et choisit Lui2.
Le « truc », c’est que les deux issues peuvent sembler des Happy End suivant notre système de valeurs. Pour celles et ceux aux yeux desquelles le mariage est sacré, c’est une bonne chose que Lui1 retourne vers Elle.
Etrangement ou « à cause de », en tant qu’aromantique, j’adore l’Amour et c’est ce que je recherche dans la romance. Peut-être comme d’autres sont avides de Magie et lisent de la Fantasy, je cherche ce qui m’est étranger. Donc, à mes yeux, la « bonne fin », ça ne peut être que celle où Elle finit dans les bras de Lui2. Sauver un couple ? Le couple/mariage n’a rien de sauvable à mes yeux, mais ce n’est pas le genre de billet où je vais me lancer dans une tirade sur l’hétéropatriarcat. Disons juste que voir l’héroïne choisir le mari adultère me fait horreur. Et ce sentiment remonte à ma plus tendre enfance, avant même que j’ai la moindre notion de féminisme et la moindre idée de ce que pouvait être le patriarcat.
— Mais où veux-tu en venir à la fin (c’est le cas de le dire) ?
La diffusion en France de cette série se termine dans quelques semaines, mais, en Corée, même si elle est diffusée plus tôt, le dernier épisode ne sortira que le 4 juin. Je n’ai donc aucun moyen de me spoiler la fin. Et je n’ai pas du tout envie de regarder plusieurs épisodes avant de réaliser que l’Happy End n’en sera pas du tout une pour moi.
— Mais, enfin, si la série est sympa, tu peux la regarder quand même !
Je n’ai pas envie ! Je déteste passer du temps sur une histoire dont la fin me déplaira. Me spoiler est en fait la façon dont j’aime consommer la fiction. Même si je comprends tout à fait que l’on puisse raconter des histoires qui nous parlent du réel, si je veux du réel, je regarde des documentaires, je lis des articles. Je rencontre rarement des gens qui me ressemblent sur ce point : j’ai tracé une ligne de démarcation quasi infranchissable entre fictions et récits du réel. Bon, OK, je peux faire des exceptions à cette règle, mais je n’aime pas les surprises.
Mardi soir, dans le cadre de #NiceFictions23, nous avions programmé Bienvenue à Gattaca au cinéma Variétés (Nice). Je ne l’avais jamais vu auparavant et je pense qu’il est assez peu récent pour qu’il y ait prescription sur les spoilers. Bref, à la fin, l’un des deux personnages principaux (Jerome — Vincent s’envole dans l’espace) se suicide. Ce n’est pas super « gai », mais on le sait bien en amont. Il avait déjà fait une première tentative (son accident) et, du coup, cette fin est attendue / prévue… acceptable ?
— Mais, dans la vie de tous les jours, tu aimes les surprises quand même ?
Je ne crois pas. Si je fouille rapidement ma mémoire, je n’y trouve pas trace de « bonnes surprises » (comme quoi ? Une fête surprise ou un truc du genre ?) et être surpris me semble a priori plutôt négatif…
Bref, je suis très contrarié : je ne sais pas avec qui la Dr Cha va finir…
Elle (Lee Se-young) est avocate. Des causes perdues. Des injustices. Elle décide de quitter la fondation où elle exerce pour ouvrir un café où les gens pourront venir la consulter pour le prix d’une consommation. Pour s’installer, elle loue le bas de la maison de Lui (Lee Seung-gi) qui, amoureux d’elle depuis qu’ils se sont rencontrés au lycée, la fuit depuis quelques années, rongé par la culpabilité. Car, forcément, Lui est membre de la famille qui a causé du tort à la famille d’Elle.
Au fond, rien de très original : une romance avec de l’action et de la politique, des méchants très méchants, des gentils qui se sentent vite responsables de tout… Charmant. Et, même si je l’ai dévorébingewatché, au fond, cela ne suffirait pas à en faire un billet.
La raison de ce billet, c’est l’angle de ce drama très simple en apparence. C’est une histoire de femmes. Qui viennent consulter Elle pour faire face au monde. Qui affrontent les épreuves. Qui s’entraident. Tout au long de la narration, on ressent un fort shoot de sororité. Moment où Elle ne sait pas bien si elle doit appeler la mère de son amoureux Grande-Sœur ou Belle-Mère. Les femmes n’y sont pas parfaites : l’une est une mère maltraitante, l’autre une harceleuse, mais, là encore, on nous parle de femmes. Bonnes ou mauvaises, ce sont avant tous des femmes qui sont décrites.
Sans rayer les hommes. Quand une femme sera harcelée sexuellement à son travail, l’autre victime sera un homme. Harcelé par le même coupable.
On y parle aussi du mariage. Des promesses. Et est-ce qu’une femme peut faire carrière quand son homme élève leur enfant ? Même la nécessité de discuter de sexualité au sein du couple est évoqué.
Bref, c’est vraiment ce que j’aime dans la culture pop. Mentionner des sujets importants. Remettre les femmes dans la narration. Proposer une narration où le soin et l’entraide ne sont pas des faiblesses, mais la base des rapports humains.
Puis j’adore le personne d’Elle, sans limites, qui dit ce qu’elle pense, qui n’a peur de rien.
En « bonus étrange », la narration est entrecoupée de petites scènes où les personnages s’adressent à nous, comme dans un documentaire. Ce qui m’a fait penser au procédé narratif de Lovestruck in the City, mais en filigrane…
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