Extraordinary Attorney Woo (2022)

16 épisodes d’environ 70 minutes
Les 15 et 16 sont disponibles en français depuis mercredi.

Une rapide recherche me dit que la série rencontre un beau succès et qu’elle a été renouvelée pour une 2e saison (pas disponible avant 2024).

Elle est autiste. Abandonnée par sa mère à la naissance, son père l’a élevé seul et elle a réussi brillamment ses études d’avocat, mais elle peine à trouver un travail quand elle est embauchée par un grand cabinet.

L’histoire repose sur trois axes :
– le parcours d’Elle en tant qu’avocate : son autisme l’a rend étrange pour ses collègues, mais, en même temps, ils reconnaissent son « génie ».
J’éprouve un sentiment un peu ambigu par rapport à ce point : dans les fictions mettant en scène des personnages autistes, l’angle « c’est un génie » est souvent pris, très probablement pour « séduire » le public, mais en invisibilisant le parcours des autistes plus « ordinaires ». Néanmoins, dans une fiction, il est normal que les personnages principaux soient brillants/exceptionnels…
– le mystère autour de sa mère et l’intrigue politique qui en découle ;
– la romance avec Lui, le « plus beau collègue ». (Pareillement, si Elle est un génie, il est logique que Lui ait un « plus ».)

Chaque épisode repose sur une affaire juridique et ça fonctionne bien.
La romance n’est pas tout à fait à la hauteur. Leur difficulté principale repose a priori sur le regard que la société porte sur le choix de Lui (il est beau, il peut avoir une fille « valide »), mais il manque un petit je-ne-sais-quoi. ‘fin, ça reste mignon et tout.
L’intrigue en fil rouge, par contre… est assez poussive, en fait. Ou, plutôt, elle est ratée.

Alors… j’ai vraiment été touchée par Elle et je me suis identifiée à certains moments (ou sentie représentée). Et, rien que pour ça, j’ai aimé.
Elle n’est pas isolée : son père, une meilleure amie déjantée, un chef compréhensif, une collègue au top… C’est une série pour se faire du bien, pas se désespérer.
Les histoires de chaque épisode compensent honnêtement le fil rouge global, mais il reste quelques faiblesses et on sent que, au lieu de tout synthétiser sur les 16 épisodes, les scénaristes envisageaient déjà une suite.

Je ne sais pas si ça ressort de ce billet, mais mes sentiments sont mitigés parce que j’ai aimé le personnage principal, qu’elle soit autiste, avocate… Plein de détails m’ont touchée personnellement, mais il y a quand même une faiblesse sur l’ensemble.

A voir de toute façon pour se laisser séduire par Elle 😉

Daly and the cocky prince (2021)

Ce ne sera pas un long billet, juste quelques lignes pour vous signaler une romance très très sympa.
Emigrée aux Pays-Bas où Elle travaille et poursuit ses recherches (mode passionnée qui en oublie de manger), elle doit rentrer en Corée quand son père décède brutalement, pour gérer le musée dont il s’occupait et qui est au bord de la faillite.
Comme dans toutes bonnes romances, ils se croisent d’abord par hasard, aux Pays-Bas où Lui est venu signer un gros contrat.
En Corée, ils vont se retrouver car il a prêté une grosse somme d’argent au musée, qui ne peut le rembourser.
Lui est un nouveau riche. Manquant cruellement de culture, il est bosseur et fiable.
Les scénaristes l’assument, ils ont voulu deux héros « parfaits » : Elle est donc la plus jeune chercheuse de… Pour Lui, l’un des persos lui expliquera qu’il est un « mythe », i.e. une personne devenue riche par le travail, sans l’être de naissance ou par les combines.
Bien sûr, les méchants veulent récupérer le terrain du musée pour y faire des immeubles et gagner un tas de pognon.
L’intrigue est sans surprise — l’acteur (je vous tais le nom pour ne pas spoiler) joue toujours les traitres, j’ai l’impression –, mais honnêtement menée.
Probablement pour rester dans l’ambiance romance fun, quoique les enjeux des méchants soient de très gros sous, il n’y a pas de meurtre/mort violente au fil de la résolution (alors que, franchement, vu certains imprudents…) donc vous pouvez regarder en toute confiance si c’est un élément que vous craignez.

Et puis… si cette romance est si sympa, outre que ces persos principaux sont bien mignons, c’est aussi à cause de tous petits détails bienvenus, comme par exemple :
la secrétaire de Lui ne se balade pas en tailleur et talons hauts, mais en costume-pantalon ;
sur l’épisode final, en général, les héros ont été séparés parce que… (j’imagine que c’est un trait de narration pour nous prouver que leur amour est fort malgré le temps ?) et, là, le cliché est retourné…

Bref, je l’ai binge watché ce week-end avec plaisir !

The Sound of Magic (2022)

6 épisodes de 60/70+ minutes

C’est assez curieux car, ces jours-ci, avec les derniers préparatifs pour #NiceFictions22 qui se tient le week-end prochain, je n’avais certainement pas prévu de bloguer, à quelque sujet que ce soit.

Je n’ai pas la moindre idée de pourquoi j’ai cliqué sur cette série, probablement parce qu’il y avait « Magic » dans le titre… mais impossible de ne pas dire un mot sur cette excellente surprise.

Attention, l’histoire est parfois cruelle (meurtre, agressions sexuelles…).

Elle1 (Choi Sung-eun) est lycéenne et vit avec sa jeune soeur. Abandonnées par leurs parents, Elle1 doit enchainer les petits boulots pour qu’elles ne meurent pas de faim tout en cachant aux adultes qu’elles n’ont plus de tuteur légal.
Lui1 (Ji Chang-wook) est un marginal qui vit dans un parc d’attraction désaffecté et se présente comme magicien. Et il apparait « comme par magie » à des moments cruciaux pour Elle1.
Lui2 (Hwang In-yeop) est le voisin de classe d’Elle1. Premier de la classe, sauf en maths où Elle1 le surpasse, il suit la voie tracée par ses parents, sans aucun rêve propre.

La narration est vraiment originale : il y a quelques chansons, mais pas assez pour qu’on la qualifie de « comédie musicale ».
Le fil conducteur est une intrigue policière, mais pas assez présente pour qu’on soit dans le « polar ».
Je n’ai aucune idée si c’est du « fantastique » et si les étrangetés se produisent réellement ou pas. Je dirais que oui…

Le tout intrigue, on se demande où on est emmenés… et, en réalité, le sujet est l’étrangeté même, la psychophobie de la société qui rejette ceux qu’elle décrète « fous », la notion de la marginalité et la seule vraie question au monde : pourquoi/pour qui je vis ?

Je ne crois pas qu’il faille en dire plus, sinon « regardez ! »

Ce billet est également paru dans la #TribuneVdR.

Drôle (2022) (mais pas que)

Je commence ce billet en ayant pas mal de choses à vous dire en préambule.

Tout d’abord, je ne suis pas familière de la production audiovisuelle française, non plus que des humoristes de ce pays.
Aussi, ne me demandez pas de citer un·e acteurise qui me plait, j’en serais incapable.
Bref, je ne pourrais pas vraiment contextualiser Drôle dont je vais vous parler un peu après mon introduction à rallonge.

Quand j’étais petite, ma mère me disait qu’il était plus facile de faire pleurer que de faire rire.
C’est vrai.
Pour émouvoir, il y a des ficelles relativement classiques auxquelles vous vous laisserez prendre même en vous prétendant blasé·e.
L’humour est vraiment segmenté, personnel.
Faire rire, c’est savoir que l’on ne s’adresse qu’à un public limité (même si moins limité pour certains grands noms, peut-être) et que des tas d’autres gens vous regarderont avec un petit air surpris, gêné ou désappointé.
Enfante, le soir au diner, je lisais à mes parents des bouts de textes, des essais… pour les faire rire et, en classe de Seconde, j’ai choisi l’humour comme thème d’un devoir (j’en parle ici) et je me suis régalée. J’ai compris que ça me plaisait.

Certaines de mes nouvelles me font rire, mais personne ne m’a jamais mailé que j’étais hilarante.
A une époque où je manquais un peu de temps, j’avais pris l’habitude de poster sur Facebook des petits statuts autofictionnels pour décaler la réalité et, si j’avais parfois des réactions positives, j’en ai reçu aussi de négatives, certains me reprochant d’étaler ma vie privée en public (hein ?).

J’ai perdu la flamme.
Faire rire était compliqué, je manquais de temps, des tas d’autres choses m’absorbaient…

Il y a quelques semaines, quelqu’un m’a dit (sans ironie) : « Mais, en fait, tu es drôle ! »
Les déclics ne sont pas toujours extraordinaires.

J’ai songé au stand-up, cet exercice auto-fictionnel où tu ris de toi-même, j’ai fait des essais (écrire, m’enregistrer…), les premiers retours sont positifs (sur les textes et ma voix, mais ça n’est pas du stand-up du tout).
J’ai commencé à regarder des humoristes français·es, à écouter, décortiquer…

A cette minute où je vous écris, j’en ai tiré deux enseignements pour l’instant :
– je ne crois pas que le stand-up sera le genre qui me convienne car il a ses codes (c’est normal) et ce n’est pas tout à fait ce que je recherche ;
– je ne doute pas que je veux continuer à travailler sur l’humour, sous des formes à définir/en devenir.

Quand tu es focalisé·e sur une idée, l’univers la nourrit : hier, en passant sur Instagram, je vois que Netflix annonce la sortie de Drôle, une série qui parle de l’histoire de quatre stand-upeur·ses.
Donc, forcément, je regarde.

6 épisodes de 40+ minutes
La durée est vraiment bonne, l’histoire est copieuse, sans être délayée.

Lui1 (Younes Boucif), le pivot central, est un gars un peu « idéal » : posé, travailleur, il est intelligent. Musulman, il ne boit pas, vit seul avec son père handicapé. Il est bienveillant, aidant. Mais ça passe crème, il n’est pas « beau gosse » ou trop confiant.
Sa meilleure amie, Elle1 (Mariama Gueye), noire, perce brusquement grâce à un sketch sur le plaisir prostatique, au grand dam de son mari qui se sent « ridiculisé » puisqu’elle parle de leurs ébats.
Elle2 (Elsa Guedj) est étudiante, blanche, issue d’une famille très aisée. Contrainte par sa mère à des études spécifiques, elle rêve de faire rire. Elle croise Lui1, ils se plaisent…
Lui2 (Jean Siuen), d’une famille vietnamienne bosseuse dont il est le vilain petit canard, est sur la pente descendante : après avoir eu du succès, il n’arrive plus à faire rire, enchaine les comportements désastreux, fâche son entourage…

Avec l’arrivée du succès, l’amitié entre Lui1 et Elle1 se tend, le mariage d’Elle1 semble fragile. Elle2 se perd dans les mensonges pour ne pas décevoir sa mère. Lui2 va s’accrocher à Lui1 pour remonter en selle.

Et la sauce prend, le tout est vraiment réussi.
Pas mal de sujets vont être abordés, sans être parachutés, juste parce qu’ils font partie de la vie, comme l’IVG ou la vulnérabilité mentale. Ou même la répartition des tâches au sein du couple hétéro.
On est touché, les personnages sont des « gens ordinaires » et le message est bienveillant : chacun·e est rattrapé·e même s’iel chute, chacun·e a sa chance/place, chacun·e est aimé·e (avec plus ou moins de maladresse).
Il n’y a pas de personnages toxiques, hormis un seul qui sera puni sans cruauté.

Du bon travail, à regarder sans hésiter.

PS : Par contre, je lis qu’une saison 2 est prévue et… je ne l’attends pas forcément. Ce besoin de continuer une oeuvre qui se suffit ne me semble pas évident, mais on verra bien…

Encounter (2018)

16 épisodes de 60+ minutes

… ou comme quoi une bonne recette et de bons ingrédients ne garantissent pas de réussir un plat.

Préambule
A priori, je ne vois pas l’intérêt de prendre du temps pour rédiger un billet sur une œuvre que je n’ai pas l’intention de vous conseiller… mais, parfois, un échec interpelle.
Qu’est-ce qui cloche dans Encounter ?

Elle (Song Hye-kyo) est la très riche PDG d’un hôtel. Lui (Park Bo-gum) est le fils d’un modeste marchand de fruits.
Ils se rencontrent par hasard à Cuba, elle s’est faite voler son sac, il la dépanne et ils passent une merveilleuse soirée. De retour en Corée, il a été retenu à un entretien d’embauche dans l’hôtel qu’elle dirige.

On a de vraies méchantes : Elle2, la mère de Lui2, l’ex-mari d’Elle, qui est très très riche ; Elle3, la mère d’Elle qui est prête à la vendre, littéralement, pour plus de pouvoir…
On a deux triangles amoureux : Lui2 est toujours fou amoureux d’Elle ; Elle4, l’amie d’enfance de Lui, en est forcément amoureuse…
On a des histoires d’amour secondaires…

Les acteurs sont beaux, le générique est illustré par Jamsan (It’s OK to not be OK), la BO me convient (mais je n’y connais rien en musique, alors, bon, ça ne veut rien dire…).
L’histoire est simple, mais devrait fonctionner : la rencontre fortuite qui masque les différences sociales, l’amour rendu difficile par ces mêmes différences…
mais on dirait que… tout le monde s’en fout, en fait.
Les méchantes n’agissent quasi jamais : Elle3 se contente de râler/pleurer et Elle2 est juste en mode « je vais frapper bientôt… un jour… peut-être… demain, si je n’ai pas piscine ».
Les triangles amoureux sont… vides ? Lui2 est décrit comme vraiment super in love, mais il ne va absolument rien faire de touchant : Elle est son ex-femme, ils ont vécu ensemble, il doit bien avoir un souvenir tendre pour la faire vaciller ???
Elle4 est… en fait, rien, son béguin pour le héros n’apporte absolument aucune péripétie, même pas un dialogue troublant.
Les histoires d’amour secondaires n’avancent pas. Y’a une tentative d’humour avec l’une d’elles, mais ça se calme très vite, visiblement, les scénaristes ont peur d’un trop plein d’émotions/rires/quoique ce soit.

Je suis allée jusqu’au bout.
Etonnamment. Et assez lentement.
Je n’ai même pas détesté. Il n’y a rien. Donc rien à détester.

Pourquoi je vous en parle ce soir ?
Parce que ce drama devrait marcher. Il a absolument tout ce qu’il faut.
Sauf de bons scénaristes.

En fait, il n’y a pas de bons ou de mauvais éléments narratifs. Tu as le droit de tout utiliser.
Mais, quand tu décides de prendre un élément, tu dois en faire quelque chose. Ca, c’est obligatoire.
Là, par exemple, Lui2 est suffisamment amoureux pour se confronter au héros et lui dire que son désespoir va le porter, lui assurer la victoire. Une fois que tu as introduit un truc pareil, il faut qu’il se passe quelque chose. Que tu pleures quand il est rejeté tellement il s’est donné à fond. Mais il n’y aura pas une micro-seconde où le coeur d’Elle va vaciller. Même quand elle découvre un truc attendrissant sur lui, ça va rester genre « ah, OK ! »

Ou alors ils se sont foirés sur le parti pris pour le caractère du héros.
Lui est tellement « je suis amoureux, toutes les épreuves me passent au dessus » que, toi, spectateurice, fasse à sa maîtrise nonchalante, tu en deviens indifférent·e : si le héros n’a pas peur, pourquoi j’aurais peur ?

Même une romance simple doit te secouer un minimum…
Bref, on peut avoir tout pour plaire et aucun charme au final…

Search: WWW (2019)

16 épisodes de 70+ minutes

Je vais d’abord évacuer la question du titre : quelque soit l’angle sous lequel je le prenne… je le trouve nul / non signifiant.
Ceci étant posé…

Ainsi, il est donc possible de raconter une histoire avec des femmes, et encore des femmes, sans que ça tourne autour des hommes ?

Deux entreprises (des portails web) se disputent le marché et Elle2, à la tête de l’entreprise qui domine, renvoie Elle1 pour de mauvaises raisons. Pas grave : Elle1 est embauchée dans la deuxième entreprise où elle va se lier à Elle3, très amie d’Elle2.

C’est l’histoire de trois femmes, trois cadres.
Elle1 ne souhaite jamais se marier. Pas parce qu’elle refuse les relations, mais parce qu’elle refuse ce formatage. Elle se consacre à sa carrière, mais, parfois, elle perd de vue ses propres valeurs.
Elle2 a été littéralement vendue par sa famille : ses parents, ruinés, l’ont marié à un riche héritier (Lui2) et elle se trouve à obéir malgré elle à sa belle-mère, la Méchante (moins méchante néanmoins que les parents vendeurs de leur propre fille) parce qu’il est possible que la Méchante soit aussi une femme.
Elle3 est l’innocence/la pureté : elle aime sincèrement, réagit avec violence quand c’est nécessaire (peut-être un peu trop), ne trahit jamais…

Côté romance, Elle1 sera confrontée à Lui1 : de dix ans plus jeune, il veut se marier, aimer sans se poser de questions… et ça donne un dialogue assez marquant où elle lui fait remarquer qu’elle doit se justifier de ne pas vouloir se marier alors que lui ne doit se justifier de rien, comme si se marier était un dû.
Lui2 est probablement amoureux d’Elle2, mais, comme ils ont été mariés de force, elle ne peut pas envisager de l’aimer.
Elle3 rencontrera Lui3, pur, mignon, et ce couple est vraiment l’incarnation de la tendresse innocente. (Bon, juste, ils mettent un peu trop de temps à se déclarer et ça frise l’insupportable.)

J’ai eu un peu de mal sur le démarrage car Elle1 n’est pas safe et j’avais quelques appréhensions.
Mais j’ai été emportée car ce choix narratif : des femmes, confrontées à d’autres femmes. Des femmes au sommet, qui ne sont pas là pour récupérer une place prise par les hommes, mais qui s’affrontent entre elles.

L’intrigue est très simple : alors que les deux entreprises s’affrontent, le Gouvernement (les méchants) va menacer les libertés individuelles et les deux entreprises devront s’allier pour le bien commun.
C’est simple, ça fonctionne.

Dans la description des rapports entre ces femmes-personnages-principales, ma lecture me montre des relations plus qu’amicales et, là, j’avoue, il me manque des codes.
A mes yeux, les trois héroïnes sont bisexuelles, mais la narration reste vague pour que tu y vois du lesbianisme si tu veux, mais rien du tout si tu ne veux pas. Il y a un jeu sur les mots, notamment.
Par exemple, souvent, en romance, une scène « codée » met en scène le garçon qui rattrape la fille parce qu’elle est renversée/bousculée et leurs yeux se remplissent d’étoiles. Là, cette scène se passe entre Elle2 et Elle3 qui ne sont pas « juste des amies ».

J’ai donc aimé cette découverte principalement pour ses choix : il y a des hommes, mais ils ne sont pas au cœur des intrigues. Lui2, par exemple, s’oppose à sa mère, la Méchante, mais sans jamais prendre le pas sur Elle2.
C’est un homme qui est le chef d’Elle1 et Elle3, mais il suit leurs avis, c’est elles qui décident des stratégies, des enjeux.
Le lesbianisme est caché (je pense qu’il y a des enjeux qui m’échappent, c’est un drama « tout public » dans un pays qui n’est pas ouvert sur toutes les questions — dans la série Hometown Cha-Cha-Cha qui est diffusée en ce moment sur Netflix (je n’ai pas vu les deux derniers épisodes du coup), la jeune femme lesbienne n’aura pas de fin heureuse/pas d’amoureuse à elle), mais il est clairement présent : les femmes ont des relations entre elles, sans forcément un « besoin des hommes ».
Puis j’ai été sensible à l’amour à sens unique de Lui2 qui n’est pas larmoyant (et tu ne peux pas t’empêcher de lui souhaiter que ça s’arrange).

Donc, sans être une histoire « incroyable », c’est vraiment agréable de tomber sur « une histoire sans hommes » et de dérouler cet exercice avec des jeux de pouvoir, des intrigues. Même la rivalité entre femmes (Elle3 ayant été trompée avant de rencontrer son Lui3 parfait) sonne différemment de ce qu’on voit d’habitude.

Hospital Playlist – 2 saisons (2020-2021)

Saison 1 : 12 épisodes de 70/80+ minutes
Saison 2 : 12 épisodes de 90/110+ minutes

Bon, comme toutes les séries médicales, on voit des opérations et des gens meurent (pas tant que ça, nos héros sauvent la majorité).

Ce drama ne raconte pas grand chose au sens où il n’y a pas vraiment d’intrigues : aucun suspens amoureux ou policier qui doit se résoudre.
Cinq ami·es (1 nana, 4 mecs) sont médecins après s’être lié·es pendant leurs études.
Iels sont doué·es, gentil·les, dans le genre qui change le monde au quotidien par de petites choses.
Autour d’elle/eux gravitent d’autres médecins, leurs familles et, par exemple, les parents ne sont pas figés dans leur rôle, mais ont aussi leur propre vie, distincte.
— Du coup, ça parle de quoi ?
— D’amitié. Tout simplement. De gens qui s’aiment et se soutiennent. Il n’y a (quasi) aucun méchant, c’est juste des vies et c’est très doux/agréable.

« Bref, je vais attendre la saison 2 😉 » écrivais-je en conclusion de mon billet du 16/2/21 sur la saison 1, billet que j’édite donc avec cette légère mise à jour.
Je viens de finir la saison 2, diffusée sur Netflix depuis le 17/7/21, et il ne devrait pas y avoir de saison 3 (et c’est très bien comme ça, tout a probablement été dit).

Je n’ai en réalité rien de spécial à ajouter par rapport à mon propos d’il y a quelques mois car la 2e saison suit logiquement la première, dans le même esprit et juste avec un poil plus de romance. Si vous avez aimé le début, on continue aux côtés de nos charmant·es médecins 😉

You Are My Spring (2021)

16 épisodes de 60+ minutes
Réalisateur : Jung Ji-hyun

Alors… d’habitude, j’ai tendance à écrire mon avis (si j’ai envie d’en parler) tout de suite, en mode « tant que c’est frais dans ma tête ». Je n’écris pas des critiques, mais de simples chroniques, je ne me targue pas d’une analyse profonde, je suis juste là pour te dire « regarde, c’est de la bonne ! »
Et là… j’hésite… je laisse passer les jours…
Je sais que j’ai envie d’en parler parce que ça m’a plu pour plein de bonnes raisons, mais je ne suis pas sure d’arriver à dire ce qu’il y avait de si notable.

On commence avec deux personnages qui ont de gros traumas d’enfance : Elle1 (Seo Hyeon-jin – Another Oh Hae Young) est concierge dans un bel hôtel, Lui1 (Kim Dong-wook à la séduction discrète – Along with the Gods) est psychiatre. Elle emménage dans l’immeuble tout neuf où il vient d’ouvrir son cabinet.
Elle1 a eu des relations foireuses et est entreprise par Lui2 dont on ne sait pas bien s’il est gentil-illuminé ou malaisant ; Lui1 est divorcé d’Elle2… qui est juste improbable, sans barrière et très attachante.

Je ne vais pas forcément aller trop dans les détails car ça ne s’y prête pas.
On a
un petit côté Friends : dans l’immeuble où sont nos deux héros, Lui3, un ami de Lui1, ouvre son cabinet de vétérinaire ; Elle3 et Lui4, faux jumeaux et amis d’Elle1 et Lui1, ont ouvert un café ;
une histoire policière pas forcément agitée, mais assez inquiétante : des meurtres ont été commis, il y aura un suicide, Lui1 aide la police ;
des histoires d’amour et d’amitiés…
et, surtout, des tonnes de bienveillance.
Parce que le thème central est : soyez bienveillants, soyez attentifs, faites attention aux autres. Cherchez de l’aide si vous en avez besoin, aller voir un psy ne signifie pas que vous êtes un moins que rien. Et le psy peut être nul et vous pouvez en changer.

Ce drama, un peu contemplatif, un peu sombre… déborde d’une énergie protectrice, en fait, c’est le mot qui me vient. Et j’ai ri de bon coeur, pas juste « souri » sur certains moments.

Il y a beaucoup de personnages, qui sont soignés, qui sont attachants.

Vous avez vu ces vidéos qui vous mettent du baume au coeur en quelques minutes, en montrant comment le petit geste d’une première personne va changer la journée de plein d’autres ?
Ben, c’est pareil, mais en mieux et en 16 heures 😉

Ce produit ne convient pas aux misanthropes, aux aigris et aux rabat-joie…

Men are Men (2020)

Cette série est disponible sur Netflix et Viki sous le titre To All the Guys who Loved Me, titre qui, à mon sens, ne se justifie pas. Comme dans beaucoup de romances, deux hommes se disputent l’amour de l’Héroïne : on est très loin du « all the guys »…

!!! Attention, ce billet va contenir plein de SPOILERS de façon complètement aléatoire !!!

Or doncques, je viens de finir ce drama et… j’ai plein de choses à vous dire !
Tout d’abord, je lui en veux un peu car, au premier épisode, il me promettait beaucoup et, même s’il n’est pas mauvais, avec tant d’espoirs, hélas, il n’a pas été tout à fait à la hauteur.

Comme vous le savez (ou pas), j’aime le fantastique et les histoires d’amour et j’aime particulièrement le fantastique qui se glisse dans le quotidien et met en lumière notre monde.
Men are Men est donc complètement dans le créneau pour me séduire.

Enfants, Elle1 (incarnée par Hwang Jung-eum : She was pretty – Kill me, heal me – Mystic Pop-up bar) et Lui1 (Yoon Hyun-min, vu dans My Holo Love, ne me convainc pas du tout : il est… raide ?) manquent de se noyer et, lors de cet accident, le souvenir de leurs trois précédentes vies remonte à leurs mémoires.
Naturellement, les parents d’Elle1, pensant qu’elle délire, lui font suivre une thérapie à l’issue de laquelle elle efface ses souvenirs, en les prenant pour de mauvais rêves, tandis que Lui1 aura parfaitement conscience que c’est bien réel. (Pourquoi ??? La famille et l’enfance de Lui1 ne sont quasi pas évoquées ou expliquées…)
Ca, c’est la partie Fantastique.

Côté regard sur la société, Elle1 est une femme qui ne veut pas se marier (c’est la seule chose qu’elle conserve des souvenirs remontés : le mariage n’est définitivement pas pour elle). Elle n’a pas 20 ans, mais est bien ancrée dans la trentaine et elle est entourée de trois amies :
Elle2 est mariée, sans emploi, et se retrouve dépendante de son époux alors qu’elle adore faire du shopping. Elle2 va se disputer, trouver un travail et puis décider que les tâches ménagères, yep, ça se partage ;
Elle3 a quitté son ex-mari parce que sa belle-famille la maltraitait. Elle veut bien ressortir avec lui, mais pas se remarier… et elle fréquente deux hommes, en toute transparence ;
Elle4 veut vraiment avoir des enfants… mais pas de mari. Son personnage n’est pas assez exploité, mais on laisse entendre qu’elle devrait accomplir son projet.

Dans leurs vies passées, Elle1 et Lui1 sont tombés trois fois amoureux l’un de l’autre, mariés deux fois, fiancés une… et, à chaque fois, leur histoire s’est mal terminée.
La première fois par manque de chance, mais, les deux fois suivantes, Lui1 a caché des choses à sa dulcinée « pour la protéger » et, au final, ça a fait plus de mal que de bien.

La question des vies passées est délicate : comment se reconnait-on ?
Là, les scénaristes ne se sont pas foulés : les personnages gardent la même tête…

Aujourd’hui, Elle1 est une éditrice de webtoons et Lui1, riche industriel, combine pour l’embaucher et la mettre à la tête de sa propre plateforme de diffusion.
Sauf que, dans leur vie précédente, ils sont morts jeunes, 40 ans plus tôt, car Elle5, la Très Méchante, follement amoureuse de Lui1, leur a fait du tort et a précipité leur fin.
Et, comme ils ont gardé le même visage, Elle5 les reconnait et son obsession est intacte. Elle se met en tête de marier Lui1 à sa propre fille et, de fil en aiguille, va monter dans les tours.

Sur le chapitre de la romance, Lui1 a pour rival Lui2, plus jeune, orphelin, qui a grandi aux côtés d’Elle1. Elle le voit comme un frère, lui est très épris.

Alors, en fait… absolument tout est réuni pour en faire une vraiment bonne histoire.
Le fantastique et le mystère : comment gère-t-on nos vies passées ? Pourquoi Lui1 a-t-il fait échouer trois fois leur union alors qu’il est très amoureux ?
Les motivations de la Méchante fonctionnent : la jalousie l’a rongée au fil des années et elle en a perdu ses (faibles) repères moraux.
Les quatre amies représentent quatre chemins de femmes, différents, intéressants.
L’humour est là sous les traits des parents d’Elle1 qui sont vraiment réussis : ils sont… improbables, drôles, décalés…

Mais quelque chose ne fonctionne pas. Le rythme n’est pas génial. Lui1 est… aussi intéressant qu’un pot de fleurs (sans les fleurs). Des tas d’éléments sont passés sous silence : Lui1 a deux frères qu’on ne verra par exemple jamais. Même la résolution du mystère (Elle5 est forcément coupable de quelque chose dans leur vie précédente) ne passionne pas.

— Et, du coup, si tu n’es pas emballée, pourquoi tu nous en parles ?

Parce que, en fait, malgré ses défauts, cette série reste tout à fait regardable/un bon divertissement et j’aime beaucoup la « liste » qu’elle déroule :
le fantastique, les vies antérieures ;
un féminisme « évident » : outre les quatre amies qui sont chacune légitime dans leur choix de vie, tu as également une jeune autrice de webtoons érotiques. Quand la mère de l’autrice découvre le métier de sa fille et veut lui interdire car « honteux », Lui1 rappelle que des oeuvres, considérées comme licencieuses à leur parution, sont aujourd’hui des classiques ;
des petites touches qui fonctionnent bien, comme, par exemple, si Lui2 est très amoureux, il veut avant tout le bonheur de celle qu’il aime, pas la posséder.

Donc, oui, on peut faire du fantastique sans invoquer tous les effets spéciaux du monde.
Et on peut parler de sujets de société comme le féminisme en faisant une oeuvre de divertissement avec tous les codes du genre.

Ce billet est également paru dans la #TribuneVdR.

A Love So Beautiful (Korean) (2020)

24 épisodes de 20+ minutes

Remake du drama chinois éponyme de 2017 (que je n’ai pas vu).
Cinq adolescents.
Elle1 et Lui1 sont voisins et dans la même classe au lycée. Tout de go, elle lui avoue son amour et, s’il n’y répond pas favorablement, elle décide de continuer à l’aimer. Juste.
Bien sûr, rapidement, il est évident (pour nous) que Lui1 éprouve des sentiments réciproques, mais Elle1 ne semblera jamais le voir.
Lui1 semble susciter l’admiration de toutes les filles, Elle1 est gauche et moins aimée.
Elle2 et Lui2 sont leurs opposés : Elle2 est pleine d’assurance, Lui2 est maladroit et fantasque.
Lui3 est parfait : beau, gentil, destiné à réussir, il n’est là que pour révéler à Lui1 ses sentiments via la jalousie.

Je suis assez « simple » en général : j’aime ou je n’aime pas.
Là, ben… c’est « pas mal, mais… »
On suit nos cinq personnages de leurs années lycée à leurs 30 ans. Chaque épisode, très court, est un moment marquant de leur vie. Marquant au sens de la vie ordinaire : un élément du quotidien qui va les marquer/suivre.
De ce point de vue, ça marche vraiment bien : on passe d’un moment de vie à l’autre et ça fait sens.

Mais… j’ai d’abord un peu de mal avec le passage du temps : nos tourtereaux sont quand même *particulièrement* lents. Je ne parle pas de se sauter dessus dès le premier rendez-vous, mais, là, il leur faut quand même 15 ans pour savoir un peu qu’ils s’aiment très fort.
Ce n’est cependant pas ce qui m’ennuie le plus car, bon, mettons…
Non, ce qui m’ennuie, c’est la non-exploitation des caractéristiques du personnage principal. Car, clairement, Elle1 est l’héroïne au détriment de Lui1 qui est assez passif.
Lui1 est beau et intelligent, fort en sciences et réussira la carrière qu’il veut.
Elle1 est une artiste. Une vraie. Dès le lycée, elle fait des dessins réussis. Elle est maladroite à la façon du vilain petit canard dont on attend qu’elle devienne un cygne. Elle se sent mal car elle est mauvaise élève, mais ce devrait être le propos central : la mauvaise élève se révèle l’artiste douée. La timide est en réalité fantaisiste et amusante.
Et ce fil rouge, qui est central puisque c’est à la fois tout ce qui définit l’héroïne et les raisons qui font que le sage Lui1 est amoureux d’elle, au final, est totalement sous-exploité. Limite, on doit le deviner.

Du coup ?
Je ne sais pas.
Ca se regarde vraiment facilement, j’aime beaucoup cette narration de 24 « petits moments » (le titre de chaque épisode correspondant au moment), mais il y avait tellement mieux à faire avec le même matériau…