Mâle, mon héros

Je suis née dans les années 1970. J’ai été amoureuse d’Indiana Jones et d’Han Solo. (De Raistlin, également, et de Sherlock Holmes, mais c’est une autre histoire 😉 ) Je n’ai pas été horrifiée que Jones capture une petite poulette de son fouet. Je voudrais bien vous raconter que, très tôt, j’ai remis en cause le modèle du couple monogame hétérocentré, mais ça n’est pas du tout le cas. C’était le Modèle et même si, confusément, je sentais bien qu’il ne me correspondait pas, à moi, personnellement, ça venait forcément de moi. J’ai aimé les bad boys. En fiction, parce que, irl, faut pas déconner non plus.
Ma première grosse claque narrative, je pense que c’est Buffy contre les vampires. Il y a eu un avant et un après.
Et puis un jour, après des années à se farcir la télévision classique et ses programmations déplorables (épisodes dans le désordre, diffusion tardive…), la bonne qualité des connexions internet a changé tout ça.
Et puis il y a eu Netflix : on peut pester contre les grandes compagnies, mais il y a eu là aussi un avant et un après. J’ai probablement souscrit à l’abonnement pour The Good Place à l’été 2018. Tout de suite, je suis tombée sur Love in the Moonlight et A Korean Odyssey.
Si j’ai trouvé le premier charmant (je n’ai jamais caché mon attrait pour les comédies romantiques), le deuxième a été une nouvelle claque : j’ai pris davantage conscience de mon inculture (non, je ne savais rien de la Pérégrination vers l’Ouest et, oui, j’ignorais que le petit garçon avec une queue de singe dans Dragon Ball était le roi-singe), mais j’ai aussi été littéralement séduite par cette fantasy mythologique et le questionnement sur l’amour. Lui est un dieu qui veut la manger, Elle, mais en est empêché seulement par un objet magique qui l’oblige à tomber amoureux. Que vaut cet amour forcé ?

70 dramas plus tard…
Tandis que, vendredi soir, une académie de vieux mâles blancs sacrait l’un des siens, indifférente à la saine indignation que cela allait déclencher à travers le monde, je binde-watchais Her Private Life. Le genre de comédies romantiques sur lesquelles je n’aurais pas fait un billet. Parce que c’est mignon, mais ça me fait plaisir à moi, je n’ai rien à en dire particulièrement.
Sur les réseaux sociaux, on parlait de ces prédateurs dont le visage monstrueux ne nous saute aux yeux que désormais, après #MeToo, et, de l’autre, j’avançais dans une série tendre où le héros… hé bien… est juste… un homme ? Pas un prédateur, un homme.

Pause
Je n’ai remis en question le Modèle que très récemment.
#MeToo a été une révélation pour moi car, comme la majorité d’entre nous, j’avais considéré normaux des comportements qui ne l’étaient carrément pas. Et, comme pas mal d’entre nous, j’ai lu la mauvaise foi au fil des commentaires imbéciles : comment peut-on séduire si on n’a plus le droit de contraindre l’autre ?
Les baisers volés ? J’avais toujours eu en tête les paroles d’Alain Souchon.
Et puis, y’a pas longtemps, parce qu’un garçon me plaisait vraiment beaucoup, des (plusieurs) copines (bien intentionnées) m’ont demandé pourquoi je ne lui volais pas un baiser, justement. Pourquoi je ne lui offrais pas un verre ou deux, m’habillant « légèrement »…
Pourquoi ?
Parce que, du coup, pour établir la confiance avec ledit gars, je le sentais super moyen.
« J’ai envie de t’embrasser ; est-ce que c’est réciproque ? Et, même si c’est réciproque, mais que tu ne peux pas, pour des raisons qui t’appartiennent, ben, ça s’arrête là. »

70 dramas plus tard…
Je ne parle pas de société. Je ne connais pas (vraiment) la société coréenne et je me doute qu’elle n’est pas forcément tellement plus tendre que la nôtre envers les femmes.
Je parle de fictions. De narrations.
Parce que nos modèles commencent avec les fictions.
Je ne sais pas combien j’ai pu regarder de films et de séries depuis ma naissance, lire de livres… mais je fais le pari que la majorité était française ou américaine.

70 dramas coréens plus tard…
Alors, oui, Lui est très riche. Le syndrome de Cendrillon ? Je ne trouve pas. En général, Elle est méritante, intelligente, cultivée malgré le coût des études.
Lui pleure, facilement, souvent. Il est beau et érotisé, mais il n’est pas un objet sexuel.
Il ne l’embrasse pas de force. Il lui demande sa permission, il attend.
Même s’il a très très envie d’Elle car ils sont très très amoureux, il s’assure qu’Elle sait bien ce qu’ils vont faire, qu’Elle est pleinement d’accord.
Comment peut-on séduire si on n’a plus le droit de contraindre l’autre ?
Alors j’ai un secret pour vous : la question est totalement autre.
Comment se fait-il que les modèles occidentaux ne soient plus séduisants du tout après quelques dramas ?

A l’est, Her Private Life.
C’est une « simple » comédie romantique.
Elle travaille dans une galerie d’art, Il devient son chef et ils tombent amoureux et… Le genre de comédie que j’apprécie, mais dont je me doute que ça n’intéresse pas grand monde ici 😉
Sauf que le héros est l’anti-prédateur et que ça fonctionne super bien.
Elle a un secret : sur son temps libre, elle est la fan la plus investie d’une idole qu’elle suit partout, prend en photo… ce qu’elle ne veut surtout pas qu’on découvre, de crainte de casser son image « lisse » de conservatrice.
Lui, sur un malentendu, pense que son secret est qu’elle est lesbienne (en couple avec sa meilleure amie) et il va donc protéger cette vie privée qu’il pense menacée.
Bien sûr, ce malentendu est un prétexte pour démarrer leur histoire de façon humoristique, mais, en fait, au delà du malentendu cocasse, le traitement en est très tendre : pas un instant, tant qu’il la croit lesbienne, il ne la voit en tant que femme et il veut s’assurer de protéger son employée comme minorité menacée par une société conservatrice. Et, quand il découvre qu’elle est hétéro, ils ne se sautent pas dessus.

– Ben, quoi, c’est normal, non ?
– Oui, c’est normal. Mais cette normalité est agréable. Cet homme est complètement un anti-prédateur et c’est juste incroyablement romantique.
– Ouais, ben, moi, je trouve ça juste normal.
– Tu as raison. Mais j’aime les comédies romantiques tendres bourrées de consentements.

A l’ouest, Cinquante Nuances de Grey.
Bon, oui, je sais, je n’ai ni lu le livre ni lu le film. Sorry.
Je suis pleine de préjugés.
De préjugés qui me disent que ça ne parle pas de respect et de consentement.

La Matrice
Quand on a ouvert les yeux, on ne peut plus revenir en arrière.
Je suis de celles qui, longtemps, n’ont pas vu ce qui clochait. Parce qu’il y avait un Modèle et c’était comme ça. Et même s’il n’était pas le mien, c’était celui qui était. Je devais me protéger, moi, perso, mais je n’avais aucune idée du Système. Aucune idée que les fictions peuvent le nourrir ou le rendre obsolète.
Aucune idée que, un jour, je ne pourrais plus du tout mettre les mêmes idées derrière « comédie romantique ».
Est-ce tout simplement pour cela que la pop-culture coréenne séduit autant les jeunes femmes ? En tout cas, si certains vieux mâles occidentaux ne voient pas comment on peut draguer, elles, elles le visualisent très très bien !

Aujourd’hui, je ne renie pas Indiana Jones, je l’ai aimé. Mais j’aurais probablement un petit sourire gêné face à lui et je déclinerais poliment son invitation à dîner.
Et, ça, je ne l’avais vraiment pas vu venir.
Ceux qui n’évoluent pas disparaissent. La masculinité va changer. Elle sera respectueuse et tendre et ceux qui rateront le virage se mangeront un mur.

Rendez-vous dans quelques années 🙂
Pour ma part, je ne sais vraiment pas comment j’écrirai l’amour demain, mais je sais que plus rien ne sera jamais comment avant…
/musique de fin

Qu’est-ce qui cloche chez la secrétaire Kim ? (2018)

Alors… avant toute chose, que ce soit clair : je fais partie de ces gens qui regardent les comédies romantiques de Noël. Parce que, oui, c’est bébête, oui, c’est téléphoné… mais ça fait du bien de regarder de temps en temps des trucs 100 % gentils, 100 % innocents… et, clairement, cette série allie le feel good des comédies sentimentales de Noël avec la qualité pro (acteurs, lumières…) de pas mal de dramas coréens.
L’histoire et les persos sont totalement irréalistes, il n’y a pas l’ombre d’un soupçon du moindre méchant ou antagoniste… mais j’ai souvent ri et j’ai vraiment adoré.
Lui (Park Seo-joon), 33 ans, est juste… parfait ? Beau, riche, précoce… il est en fait totalement narcissique. Il admire son reflet dans le miroir, ne sort avec des filles que comme faire-valoir aux réceptions.
Elle (Park Min-young), 29 ans, est sa secrétaire. Elle a commencé à travailler dès sa sortie du lycée pour payer les études de ses sœurs et rembourser les dettes de son père. Si Lui est parfait, Elle est réellement parfaite puisqu’elle n’est même pas narcissique.
Et donc, à 29 ans, en travaillant comme une malade sans jamais prendre de jours de repos, elle a remboursé toutes les dettes familiales et elle décide donc de démissionner pour découvrir ce qu’elle aime réellement faire et avoir le temps d’aller à des rendez-vous galants si elle ne veut pas rester éternellement célibataire.
Sa démission est forcément le déclencheur : jusqu’à présent, Elle lui appartenait totalement puisqu’il l’appelait le soir et le week-end. Si elle démissionne, elle en épousera un autre.
Lui, dont on comprend qu’il a toujours été amoureux d’elle, la demande immédiatement en mariage, mais ça ne passe pas, forcément…
Le héros est affreusement narcissique, mais n’a pas une once de méchanceté ou de perversité (le côté irréaliste des persos qui font de l’ensemble un conte rigolo).
J’ai ri bêtement aux mésaventures de son meilleur ami qui doit subir ses confidences et une secrétaire si maladroite qu’on est à la limite de la tarte à la crème.
Tous les persos sont ridicules et touchants.
Bref, étrangement, je trouve l’ensemble particulièrement réussi.

On mange quoi ce soir ?

– Il faut vraiment qu’on parle, on ne peut pas continuer comme ça…
– OK. Mais, sinon, on mange quoi ce soir ?
– C’est vraiment ce qui te préoccupe ? On n’arrive plus à communiquer, je ne te satisfais pas et je me sens oppressé. On ne s’en sort pas, j’ai vraiment essayé.
– OK. Tu veux qu’on fasse quoi ?
– Je ne sais pas, je ne vois plus d’issue.
– OK.
– Tu réalises ce qui se passe ? Tu n’as rien à me dire ?
– Ben, si on n’arrive pas à communiquer, probablement que non.
– Que va-t-on devenir ?
– Chais pas, tu veux qu’on fasse quoi ?
– Je ne sais pas…
– OK. Mais, sinon, on mange quoi ce soir ?

Et si on parlait d’amour ?

On dirait que les vacances d’été commencent à faire leur effet et que je suis un peu moins fatiguée… et du coup un peu plus bavarde.. Alors, en verve et la soirée avançant, je vais papoter un peu longuement d’un truc qui me trotte dans la tête 😉
J’aime l’Amour.
Oui, oui, celui avec un grand A car plusieurs de mes textes ont eu de très bons retours à cause de cet ingrédient. Ingrédient narratif, littéraire, déclinable de tant de façons…
Je ne pourrais pas dater les choses, mais je sais que, bien avant ma vie de « femme amoureuse », il m’était évident qu’il y avait l’Amour, cet ingrédient artistique tout à fait cool, et l’amour. L’amour irl que personne ne peut te définir et sur lequel tout le monde a une opinion. Et sur lequel, du coup, ben, je n’avais rien à dire : moi, je raconte des histoires pour t’émouvoir.
Le temps a passé, j’ai continué de raconter l’Amour, mais, en parallèle, ben… après la vision enfantine de « un monsieur et une dame s’aiment donc ils baisent ensemble d’une manière exclusive », il y a eu… la vraie vie : c’est pas forcément un monsieur et une dame, ils peuvent s’aimer sans baiser, baiser sans s’aimer, ils peuvent se tromper ou être dans une relation libre, ils peuvent se marier dix fois et ne jamais aimer, etc.
Alors, comme j’aime aussi les histoires irl, j’écoute, j’écoute, j’écoute… et, plus j’écoute, plus l’ingrédient narratif semble finalement pauvre par rapport à la réalité car les humains se font des nœuds dans la tête et c’est tellement plus… riche ? dingue ? étrange ? effrayant ?
Lors d’une conversation, quelqu’un m’a dit : « Je ne me sens pas légitime à m’exprimer car je suis asexuel. »
Ça m’a alors semblé une évidence et je lui ai répondu : « En quoi es-tu moins légitime que les autres ? Il y a quelqu’un qui a eu des relations avec cent individus bien répartis statistiquement et qui a des réponses absolues ? »
Il y a CeluiA qui t’aime très fort, qui te le montre autant qu’il peut, mais qui ne peut pas te le dire parce que le mot est galvaudé et on ne l’a pas défini et…
Il y a CeluiB qui t’aime, qui te le dit, mais, finalement, quand tu termines la relation, il est déjà dans les bras d’un autre.
Il y a Celui qui pense que CeluiA est le vraiment aimant et Celui qui pense que l’amour n’existe pas s’il n’est pas dit donc que CeluiB est plus amoureux…
Il y a Celui qui est amoureux de son conjoint, mais qui ne sait absolument rien de lui, de ses peines ou de ses humeurs et tu cherches en vain de qui il est vraiment amoureux…
Il y a… autant de Celui que d’humains sur Terre.
Comme j’aime raconter les histoires avec un début, des rebondissements et tout, en privé, il m’arrive parfois de me confier sur la vraie vie (si elle existe, un écrivain a-t-il une vraie vie ?). Même s’ils n’ont aucune valeur statistique, la majorité des retours que j’ai eus, sur des histoires qui ne me semblaient pas bien grandioses, était que c’était « beau » ou « plus vrai » ou tout autre qualificatif émouvant et positif.
Alors je me suis dit que c’est juste que je devais mieux raconter l’histoire.
Et j’ai bouclé : la réalité est bien plus dingue que la fiction, mais, en général, elle est beaucoup moins bien racontée 😀
Voilà, voilà…
Je viens de m’étendre parce que j’ai pas mal réfléchi au bouzin ces derniers temps : je suis arrivée à ce moment où tu as trop de données, trop d’émotions, trop de pistes et où tu te dis que, du coup, tu n’écriras plus jamais sur le sujet car tu n’arriveras jamais à rendre tout ce qu’il y aurait à en dire. Et, en même temps, raconter une histoire, ça n’a rien d’exhaustif : le but, c’est d’émouvoir même si tu embellis ou mens ou biaises ou…
Puis, en même temps, on s’en fout un peu de tout ça, le lecteur attend des histoires, pas mes considérations sur les histoires 😉

Conclure

Les quelques mots/les premières images qui commencent une histoire sont importantes : le lecteur/spectateur doit être happé, conquis, pour ne pas détourner l’attention.
La fin est… fondamentale ? Elle laisse le goût en bouche quand nos souvenirs réévoqueront la fiction, l’impression laissée, les sentiments…
Dans une histoire policière, le coupable est démasqué, confondu, puni ou attrapé. Dans une quête épique, l’anneau de Sauron est définitivement détruit !

J’ai un plaisir coupable : je regarde des films sentimentaux quand aucun membre de ma famille ne peut me surprendre… J’en regarde et, parfois même, j’écris des histoires d’amour !
(Et j’ai regardé plus d’une fois la version BBC d’Emma avec Jonny Lee Miller…)
Quelle peut être la fin d’une telle histoire puisque, par définition, quand le mot « fin » s’écrit sur une relation amoureuse, ça n’est pas la fin de la rencontre, de la mise en place, mais la fin de ce qui réjouissait le spectateur, ce qu’on ne veut pas connaître.
Contrairement à une enquête policière, à une quête, à une mission d’exploration réussie… une histoire d’amour ne raconte pas une aventure avec un début et une fin, avec une réussite, une capture, un accomplissement, mais une tranche de vie : deux personnes voient leurs relations changer.
Deux amis s’aperçoivent qu’ils s’aiment « autrement », deux inconnus se croisent et éprouvent l’envie de se connaître, deux ennemis ne s’en veulent plus…

Sur certains de mes textes, on m’a reproché des fins ouvertes : non seulement j’aime les fins ouvertes car elles sont les plus… réalistes ? évidentes ? car mes personnages ne meurent pas quand vous avez terminé de lire ! mais une bonne histoire d’amour peut-elle se terminer autrement que devant un nouveau chapitre que les amants écriront dans l’intimité ?
Quand j’étais plus petite, parce que j’avais été « nourrie » de cette façon, bien évidemment, j’aurais affirmé que l’histoire d’amour se concluait sur la demande en mariage, sur un « ils vécurent heureux et eurent beaucoup d’enfants », mais… qui y adhère encore aujourd’hui ? Ont-ils su garder la passion dans leur mariage ? Et, d’ailleurs, pourquoi se marieraient-ils ? Voulaient-ils tous les deux des enfants ou n’en avaient-ils pas déjà de précédentes unions ou… ?

Ces jours-ci, j’ai vu Un jour (de Lone Scherfig) et Before We Go (de Chris Evans).
A ceux qui détestent les spoilers, attention : comme je parle dans ce billet de fins, je vais spoiler tout mon saoul ces deux films puisque tel est mon propos.

Tout d’abord… les deux mécanismes m’ont intéressée.

Un jour est adapté du roman de David Nicholls.
Emma et Dexter se rencontrent un 15 juillet, lors de la soirée de fin d’études. Ils deviennent amis et l’histoire est racontée de 15 juillet en 15 juillet : rencontres, coups de fil ou lettres, à nous de reconstituer les années jusqu’à ce que l’évidence s’impose enfin. Ils s’aiment. Bon, ils s’aimaient déjà puisqu’ils étaient meilleurs amis, mais ils s’aiment désormais à vouloir tenter la vie d’un couple !
Bref, l’histoire devrait alors s’arrêter pour nous : ils auront des hauts et des bas, des disputes et des trahisons, mais… voulait-on vraiment savoir les difficultés rencontrées par la Princesse Leia et Han Solo ? L’auteur voulait-il se la jouer dans l’originalité forcée ? J’aimais bien sa construction d’année en année, j’avais adhéré.
La fin est grotesque : Emma découvre déjà qu’elle ne peut pas avoir d’enfants (pourquoi ? quel rapport avec leurs difficultés à se trouver ?) puis meurt… écrasée par un camion. Brutal, incompréhensible.
Et encore une année pour nous dire que Dexter s’en remettra.
Pourquoi cette plaisante narration ? Pourquoi cette amitié joliment décrite ? Pourquoi tout ce taf pour gâcher l’histoire avec une fin inappropriée ?
Par curiosité, j’ai commencé à lire le livre, mais j’ignore si j’irai jusqu’au bout…

Si Before We Go semble d’une construction plus banale (deux inconnus se croisent), il m’a beaucoup plu… et pas seulement à cause du séduisant Chris Evans (oui, oui, Captain America !) qui joue le personnage principal.
Nick, musicien, est arrivé à New York pour passer une audition le lendemain, mais, le soir même, il est invité à une fête où devrait se rendre son ex, qu’il n’a pas revue depuis six ans et dont il est toujours amoureux. Effrayé à l’idée de la croiser, de ce qu’il lui dira, qu’elle vient à cette soirée accompagnée, il reste dans la gare et joue, récoltant quelques billets.
Brooke vient de se faire voler son sac à main, son téléphone portable tombe et se casse (ouais, ça n’arrive plus de nos jours) et il ne lui reste plus que son billet de train pour rentrer à la maison, mais elle rate le dernier train, forcément.
La gare va fermer pour les quelques heures de la nuit où les trains ne circulent plus et, quoique Brooke se montre forcément suspicieuse, Nick n’a pas le coeur à la laisser seule pour la nuit, dans l’immense cité.
Au fur et à mesure que le temps passe, chacun découvre la vie de l’autre et, surtout, apprend qu’il n’y a pas un seul grand amour, que la vie réserve d’autres rencontres, d’autres moments…
La fin est ouverte : Brooke rentre chez elle, Nick ira à son audition.
Se reverront-ils ? Nous n’en savons rien et l’histoire se conclut comme elle le doit : tout est possible et, en même temps, pendant qu’ils s’embrassent pour se dire « au revoir » ou « adieu », à ce moment précis, ils s’aiment et c’est ce qui constitue l’histoire.

Bref… je vais continuer à m’interroger sur les bonnes fins et sur les histoires d’amour, mais cela fait un petit moment que la fin ouverte me semble quand même l’idéal pour conclure une rencontre/un changement/un bouleversement dans la vie de deux personnages 😉
Après tout, les histoires d’amour ne durent pas, mais tiennent dans ces baisers amenés avec talent.

Ils vécurent heureux et eurent beaucoup d’enfants (2014)

2.400 signes #romance
Temps de lecture : 2 minutes


Ce n’est qu’une fois arrivé à l’âge adulte que l’on comprend (enfin !) que cette phrase, concluant les histoires d’amour, est une licence poétique : elle est fausse, mais c’est ainsi qu’il convient de terminer. Parce que personne n’a envie d’expliquer à ses enfants que, yep, les histoires d’amour finissent toujours mal, que la vie n’est que larmes et sanglots et que les seuls qui ont vraiment tout compris, ce sont les fabricants de mouchoirs en papier.
Personne n’a envie d’expliquer à ses enfants que, yep, il n’aime plus maman, mais c’est parce que les années ont trop passé et que maman n’était pas la princesse charmante. Et que ça pourrait être… tiens, elle, pourquoi pas ? Ou elle ? Ou bien encore elle ? Ou lui ?
Personne n’a envie de savoir ce qui s’est passé ensuite, quand la flamme s’est éteinte, quand la passion est partie. Personne n’a envie d’écrire sur ce monde devenu gris et terne où la solitude de l’isolé se confond avec la solitude de l’accompagné.
Personne.
Il y a carrément des histoires d’amour qu’on n’a même pas envie d’écrire, même en la finissant par une phrase convenue, parce qu’il ne s’est rien passé : ce n’était pas le bon moment, ils n’étaient pas en phase, ils sont restés sur un malentendu, il n’a pas su qu’elle voulait qu’il l’embrasse, elle ne l’a pas rappelé…
Pourtant, c’est à cause d’une de ces histoires, fades, ennuyeuses, tellement bourrées d’incompréhensions qu’on a envie de prendre les deux amants et de leur cogner la face à coup de pelle, pour leur bêtise, leur maladresse, leur existence même qui insulte Cupidon… qu’elle est devenue ce qu’elle est aujourd’hui.
Grise et terne ? Non. Elle rayonne. Elle est sure d’elle. Parce qu’elle n’attend plus rien. Elle n’espère plus. Elle sait qu’elle est seule comme une évidence, si claire, si tranchante, que ceux qui l’approchent se coupent dessus. Elle a forcément des soupirants, mais elle ne les voit pas.
Elle avance.
Nous nous sommes d’abord croisés à la machine à café. Un « bonjour » poli, souriant, parce qu’elle sourit souvent. Comme elle pleure, le soir, parfois, quand elle est seule chez elle. Et plus elle pleure, plus elle sourit.
Puis je l’ai dépannée. Parce qu’elle avait précisément idée de l’outil dont elle avait besoin dans son travail et que personne n’était assez disponible ou, simplement, ne l’entendait. Elle m’a remercié, je l’ai invitée à prendre un café.
Nous sommes devenus amis.
Et puis j’ai commencé à l’aimer.