15.100 signes – 14 minutes #romance #fantastique
À tous ceux qui, rêvant du grand Amour, ont fini par l’inventer.
Je m’étais toujours imaginé qu’un jour j’écrirais un grand roman. Quand je dis « grand », je veux bien dire « grand » : vous savez, un de ces trucs dont on va parler dans des tas d’émissions télé, où l’auteur est interviewé dans les magazines féminins… puis, quelques années plus tard, vous vous rendez à l’avant-première du film qu’on en a tiré.
Vous, hyper classe dans un costume de Machin acheté dans une belle boutique de Paris. À votre bras, c’est Untelle Grande Célébrité, un mannequin rencontré sur un plateau télé et qui vous a fait trois mômes.
Bref, je me voyais déjà… les soirs où, seul dans mon appartement, je regardais ma vie et n’y voyais rien… parce qu’il n’y avait rien à y voir.
J’avais déjà la première phrase : « Tout a commencé quand… »
Enfin, le début de la première phrase.
Rien, quoi.
Rien comme ma vie que je contemplais des heures durant plutôt que de tenter de la changer… pour quoi au juste ?
Moi.
J’approchais de la trentaine (mon anniversaire aurait lieu deux mois plus tard, grosso modo). 1m83, 75 kg, yeux marron (enfin, plus ou moins, j’avoue que, devant le miroir, je passe plus de temps à me raser qu’à m’interroger sur les nuances de couleur !), cheveux châtains (foncés ?) un peu longs (le coiffeur m’ennuie).
Informaticien dans une administration : sécurité de l’emploi, horaires fixes, collègues tranquilles.
Appartement au centre d’une petite ville de province : loyer un peu excessif, mais proximité des cinémas, d’un peu de vie… que je n’avais pas.
Le temps libre réparti entre des soirées entre potes (quelques bières, ils fument, mes vêtements puent), la compagnie de mon ordinateur (le réparer, le soigner, lui donner à manger) et du net, des jeux vidéos, un mail à mes parents une fois par semaine et… allez, pas mal de films, de livres.
Où en étais-je ?
Bref, quand je ne m’ennuyais pas, je contemplais mon nombril, désespéré du vide de ma propre existence et bien décidé… à ne rien y changer.
Et puis elle est arrivée.










